Population civile dans la Bande de Gaza

Dans la bande de Gaza, l’escalade des violences politiques a atteint des niveaux sans précédent ces derniers jours, et la population civile est de plus en plus exposée au danger. Environ 130 Palestiniens ont été tués et plusieurs centaines d’autres blessés au cours du seul mois qui vient de s’écouler, lors d’affrontements qui ont opposé les forces de sécurité et leurs milices alliées fidèles au Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, aux forces partisanes du Hamas, le parti du Premier ministre Ismaïl Haniyeh.

Si la plupart des victimes sont des hommes armés, de très nombreux civils sans armes, dont plusieurs enfants, qui se trouvaient là par hasard, ont été tués ou blessés par des hommes du Fatah et du Hamas, qui échangent des tirs dans les rues et depuis les toits d’immeubles de quartiers résidentiels de Gaza, ainsi que dans d’autres endroits de la bande de Gaza.

D’un côté comme de l’autre, les combattants font preuve d’un mépris flagrant à l’égard des principes fondamentaux des droits humains. Le 13 juin, des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur des manifestants sans armes, qui appelaient à la fin des affrontements armés à Gaza et à Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza, faisant plusieurs blessés parmi les protestataires. Le même jour, deux employés palestiniens de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), principal organisme humanitaire opérant dans la bande de Gaza, ont été tués et deux autres blessés lors d’un échange de tirs entre le Hamas et le Fatah.

Des groupes armés des deux camps se sont rendus coupables d’homicides illégaux, exécutant littéralement les ennemis qu’ils avaient capturés, et ont enlevé et retenu en otages de très nombreux membres de groupes rivaux, afin de les utiliser comme monnaie d’échange pour leurs amis et proches détenus par leurs adversaires.

Depuis le 11 juin, des hommes armés mènent des attaques dans des hôpitaux, ou à proximité de ceux-ci, les prenant directement pour cibles ou lançant des attaques depuis leurs bâtiments. Le 12, l’hôpital Shifa à Gaza, principal centre hospitalier de la bande de Gaza, a été la cible d’une attaque à l’arme lourde, notamment à la grenade autopropulsée et au mortier, qui a mis en danger patients et membres du personnel, empêché le travail des professionnels de la santé et bloqué l’accès aux soins médicaux pour ceux qui en avaient besoin. Les organismes des Nations unies se sont déclarés préoccupés par le fait que ces combats empêchent l’ONU de prodiguer des services d’urgence, notamment en ce qui concerne la nourriture et les soins de santé, et que des hommes armés se sont battus à l’intérieur même de deux locaux de l’UNRWA. Ces attaques constituent des violations flagrantes du droit international, qui interdit de prendre des civils pour cibles et de mener des attaques aveugles, et accorde une protection spéciale aux installations médicales et humanitaires, qui ne doivent jamais être prises pour cibles ni utilisées aux fins d’attaques ou de toute autre activité compromettant leur neutralité.

Des établissements scolaires ont également été endommagés lors de fusillades irréfléchies et d’attaques aveugles, et la flambée de violence a empêché de nombreux lycéens d’aller passer leurs examens de fin d’année. Dans la bande de Gaza, la vie, sous tous ses aspects, est quasiment paralysée, et les habitants terrifiés sont bloqués chez eux sans même pouvoir s’y sentir en sécurité.

Parallèlement, le 10 juin, des combattants des branches armées du Fatah et du Djihad islamique ont attaqué un poste de l’armée israélienne situé à la frontière entre la bande de Gaza et Israël, à l’aide d’un véhicule blindé maquillé grâce à l’inscription « TV ». De tels actes accroissent le risque que les forces israéliennes s’en prennent à des journalistes travaillant dans les Territoires palestiniens occupés, en les confondant avec des hommes armés déguisés.

INFORMATIONS GÉNÉRALES

Les tensions entre le Fatah et le Hamas n’ont cessé de s’exacerber depuis janvier 2006, après que le Hamas a remporté une majorité de sièges aux élections législatives, battant le Fatah, parti au pouvoir depuis la création de l’Autorité palestinienne, il y a plus de dix ans. Les affrontements armés entre des branches rivales des forces de sécurité et leurs milices alliées se sont multipliés, dans un contexte marqué par l’échec de plusieurs tentatives en vue de constituer un gouvernement d’union nationale. Les tensions politiques ont été aggravées par la pauvreté et le désespoir grandissants des 1,5 million d’habitants de Gaza, des suites des sanctions économiques imposées sur le gouvernement du Hamas par Israël et la communauté internationale. Après une vive flambée de violence début 2007, le Fatah et le Hamas ont formé en mars un gouvernement d’union nationale avec d’autres partis et des personnalités indépendantes. Les rivalités et luttes pour le pouvoir entre Fatah et Hamas ont cependant débordé, une fois de plus, et se sont traduites par des confrontations armées depuis mi-mai. Les cessez-le-feu négociés par des personnalités politiques palestiniennes et des pays arabes ont été rompus à maintes reprises, dans les jours, voire les heures, qui ont suivi leur instauration. Non contentes de n’avoir rien fait pour arrêter et prévenir les attaques et autres atteintes aux droits humains, les forces de sécurité se sont elles-mêmes rendues directement responsables d’homicides, d’attaques et d’autres violations des droits fondamentaux.

Le 14 juin, le Hamas a pris le contrôle des installations des forces de sécurité du Fatah dans la bande de Gaza et a refusé la décision du Président Abbas de dissoudre la coalition gouvernementale et d’imposer l’état d’urgence dans les territoires occupés .

Dans le même temps, il est à craindre que les combats entre les factions ne se développent également en Cisjordanie : au cours de ces derniers jours, des forces armées du Fatah ont enlevé des membres du Hamas et les gardent en otages , et ont également saccagé des bureaux du Hamas à Naplouse, Ramallah et ailleurs. Il est à craindre que l’escalade de violence n’entraîne de nouveaux abus ;

Recommandations à l’adresse du président Habbas et Isma’il Haniyeh qui n’est plus premier Ministre mais en tant que leader du Hamas :

 prendre des mesures immédiates pour s’assurer que leurs forces et groupes armés cessent de mettre en danger la population civile et de violer le droit international en faisant un usage téméraire, disporportionné et sans discrimination de la force dans la bande de Gaza et veiller à prévenir semblables abus en Cisjordanie
 garder le contrôle des forces de sécurité et s’assurer qu’elles respectent la loi et les droits humains, notamment en ce qui concerne l’utilisation de la force et le traitement des prisonniers et s’assurer que soient demandés des comptes aux membres de leurs forces de sécurité qui ne respectent pas ces prescrits.
 Mettre fin à l’impunité en établissant des mécanismes efficaces pour traduire en justice les responsables de violations de droits humains, quelle que soit leur affiliation politique
 Donner instructions à leurs forces de sécurité d’appréhender et traduire en justice les groupes armés et les auteurs de violations de droits humains, quelle que soit leur affiliation politique, conformément à la législation internationale relative aux droits humains et aux standards internationaux en ces matières
 Mettre en place un mécanisme qui assure une supervision indépendante, impartiale et non-partisane des forces de sécurité et s’assurer que tous les meurtres, enlèvements et autres attaques contre des populations civiles fassent l’objet d’enquêtes et que ceux qui sont tenus pour responsables soient traduits en justice
 Signaler que le même appel est adressé aux deux parties et qu’Amnesty International ne prend pas position en faveur de l’une ou l’autre partie.

Appel à adresser à :
Il est indiqué dans l’action d’utiliser l’adresse suivante pour Isma’il Haniyeh

Isma’il Abd al Salam Ahmad Haniyeh _

Hamas leader _

Fax : +970 8 282 2159 _

vous pouvez également utiliser les n° de fax suivants :

+ 970 8 284 5040

+ 970 8 286 8971

L’adresse mail n’est pas disponible pour l’instant, nous communiquerons une adresse fiable dès que nous pourrons

Salutation : Dear Mister Haniyeh

L’adresse du président Abbas est la suivante :

His Excellency Mahmoud Abbas (Fatah)

President

Office of the President

Ramallah

Palestinian Authority, via Israel

Fax : +2 298 9992

+2 296 3170

+2 298 1370/2/5

+8 282 2365/6

Web : http://www.p-p-o.com

Copie à la :

Délégation Générale Palestinienne,

Rue Franklin, 111

1000 Bruxelles

tél : 02/735.16.39

Fax : 02/735.24.78


Texte de l’appel :

 en anglais :

Your Excellency or
Dear Mr Haniyeh

I write to ask to you to

 to take immediate action to ensure that your forces and armed groups which serve as your proxy militias cease endangering civilians and violating international law through their reckless, disproportionate and indiscriminate use of force in Gaza, and to prevent further abuses in the West Bank - notably.
 to assert control over the security forces and ensure that they uphold the law and respect human rights, including international standards relating to the use of force and treatment of prisoners, and ensure that members of your security forces who abuse human rights or fails to carry out their duty are held to account ;
 to end impunity, by establishing effective mechanisms to bring to justice those responsible for human rights abuses, irrespective of their political affiliation ;
 to instruct your security forces that the armed groups and commit human rights abuses or crimes must be apprehended and brought to justice, irrespective of their political affiliations, in accordance with international human rights law and standards ;
 to put in place a mechanism to ensure independent, impartial and non-partisan oversight of the security forces and ensure ensure that all killings, abductions and other attacks on civilians are investigated and that those responsible are brought to justice.

I make the same appeals to the (President Habbas – or - Mr Haniyeh) and I would like to emphasise that Amnesty International does not side with either party.

Yours faithfully.


en français :

Votre Excellence, ou
Monsieur Haniyeh

Je vous écris afin de vous demander de
 prendre des mesures immédiates pour vous assurer que vos forces et groupes armés cessent de mettre en danger la population civile et de violer le droit international en faisant un usage téméraire, disporportionné et sans discrimination de la force dans la bande de Gaza et veiller à prévenir semblables abus en Cisjordanie
 garder le contrôle des forces de sécurité et vous assurer qu’elles respectent la loi et les droits humains, notamment en ce qui concerne l’utilisation de la force et le traitement des prisonniers et vous assurer que soient demandés des comptes aux membres de vos forces de sécurité qui ne respectent pas ces prescrits.
 Mettre fin à l’impunité en établissant des mécanismes efficaces pour traduire en justice les responsables de violations de droits humains, quelle que soit leur affiliation politique
 Donner instructions à vos forces de sécurité d’appréhender et traduire en justice les groupes armés et les auteurs de violations de droits humains, quelle que soit leur affiliation politique, conformément à la législation internationale relative aux droits humains et aux standards internationaux en ces matières
 Mettre en place un mécanisme qui assure une supervision indépendante, impartiale et non-partisane des forces de sécurité et s’assurer que tous les meurtres, enlèvements et autres attaques contre des populations civiles fassent l’objet d’enquêtes et que ceux qui sont tenus pour responsables soient traduits en justice

J’adresse le même appel à (Président Habbas – ou - M. Haniyeh) et je voudrais insister sur le fait qu’Amnesty International ne prend pas parti pour l’une ou l’autre partie.

Veuillez agréer, …

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