Crise au Darfour : le silence nous rend complice

Au cours des vingt dernières années, la guerre civile dans le sud du Soudan et la sécheresse ont causé la mort de quelque deux millions de personnes et chassé quatre millions d’autres de leur foyer. Depuis le début de 2003, un nouveau conflit fait rage dans la région du Darfour, dans l’ouest du pays. La crise humanitaire qui frappe cette région, dont la superficie est proche à celle de la France, a été provoquée par un conflit qui met aux prises le gouvernement du Soudan, ainsi que ses milices à deux groupes rebelles qui représentent divers groupes ethniques et politiques. Les milices arabes appelées « Janjaweed » (hommes armés à cheval) bénéficient du soutien du gouvernement et ont chassé les villageois, volé le bétail, détruit les puits et incendié les villages.


Selon les Nations Unies, au Darfour, plus d’un million de personnes ont été déplacées à cause du conflit. En outre, plus de 110 000 civils se sont déplacés depuis février 2003 vers le Tchad, au nord-est du Soudan, afin de fuir la violence croissante des combats entre les troupes gouvernementales et les factions rebelles.

L’accès aux réfugiés soudanais, ainsi que leur protection, constituent un problème épineux pour les Nations Unies et les organisations humanitaires actives au Darfour. L’accord de cessez-le-feu intervenu en avril 2004 à Khartoum entre le gouvernement et les rebelles du Darfour a facilité l’accès aux populations vulnérables, mais l’escalade de la violence s’est poursuivie, ce qui a rendu plus difficile l’acheminement de l’aide humanitaire.

Alors que l’époque des semailles de cette année est sur le point de s’achever, de nombreux champs n’ont été ni labourés ni plantés au Darfour. Comble de malheur, l’arrivée imminente de la saison des pluies empêchera l’acheminement de l’aide humanitaire par la route aux populations touchées.

L’ONU a demandé au gouvernement soudanais "d’accélérer ses efforts pour contrôler les milices armées, d’assurer la sécurité et la protection des personnes déplacées, et de faciliter l’accès pour les agences humanitaires".

Alors que le protocole d’un accord de paix entre les belligérants du nord arabo musulman et du sud africo animiste/chrétien vient d’être signé,des centaines de milliers de civils risquent de mourir de malnutrition dans les prochaines semaines.

Agissez et exprimez dans votre lettre :
 votre inquiétude suite aux pillages de villages, viols, destructions de cheptel,et autres exactions par les milices Janjaweed ;
 la responsabilité du gouvernement soudanais d’assurer la protection des populations civiles ;
 le désarmement des milices pro-gouvernementales
 le libre accès pour les ONG et observateurs internationaux.

Modèle de lettre :

Lieutenant General Omar Hassan Ahmad AL-BASHIR,
President’s palace,
PO Box 281,
Khartoum,
SUDAN

Your Excellency,

I am writing to urge you to take strong action to put an end to human rights violations being committed by the Janjawid in Darfur.

I have read testimony of civilians being killed, raped and abducted, their homes burnt and possessions looted, and hundreds of thousands having to flee their homes.

Your government has the responsibility to protect all of its citizens from human rights violations. I would urge you to ensure that Janjawid militia members are disarmed and that those individuals responsible for human rights violations are brought to justice. As an immediate step, I urge you to stand by your promise to facilitate rapid access to Darfur for humanitarian agencies trying to judge and respond to the needs of the displaced. Human rights monitors should also be allowed into Darfur as soon as possible.

Yours sincerely,

(signature)

Contexte : extraits de rapport 2004

Le conflit s’est intensifié dans le Darfour à partir du mois de février, lorsque l’Armée de libération du Soudan (ALS) et le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) ont attaqué les forces gouvernementales et les milices. En réaction, les Janjawid, une milice recrutant dans les groupes arabes nomades, alliée au gouvernement et apparemment financée par lui, ont attaqué la population sédentaire. Des civils ont été tués, plusieurs centaines de villages ont été détruits et des centaines de milliers de personnes ont perdu leur logement.
Les combats se sont poursuivis en dépit d’un cessez-le-feu entre le gouvernement et l’ALS conclu en septembre à Abéché (Tchad) et prorogé en octobre. L’aviation gouvernementale a bombardé des habitations dans le Darfour, tuant de très nombreux civils. La milice Janjawid a, pour sa part, attaqué des villages, tuant délibérément des civils. Les habitations ont été incendiées et le bétail et d’autres biens pillés par les assaillants. Des centaines de milliers de personnes ont dû trouver refuge dans les villes de la région ou au Tchad.

Les autorités ont répondu à la crise en perpétrant de multiples violations des droits humains. De nombreuses personnes ont été arrêtées et maintenues en détention prolongée au secret par les services de la sécurité nationale, des renseignements de l’armée et de la police. Dans les centres des services de renseignements de l’armée du Darfour, la torture, notamment les passages à tabac et les décharges électriques, était pratiquée de manière systématique. Les personnes inculpées de vol, de meurtre ou d’actes de banditisme étaient jugées lors de procès sommaires et iniques. Des centaines de prisonniers ont été libérés par le gouvernement et par l’ALS à la suite du cessez-le-feu qui a été conclu au mois de septembre 2003, mais les forces de sécurité ont continué d’arrêter et de placer en détention des personnes soupçonnées de liens avec des groupes armés d’opposition. Les Janjawid ont également enlevé des villageois, dont des femmes et des enfants, au cours de raids. Si certains ont réussi à s’échapper, souvent après avoir été torturés, on restait sans nouvelles des autres.

Dans le Darfour septentrional, l’aviation gouvernementale a bombardé, entre juin et septembre 2003, les villes d’Al Tina, de Kornoy et de Kutum, ainsi que les villages environnants. L’hôpital et la prison de Kutum ont été détruits lors du bombardement de la ville au début du mois d’août, trois jours après le retrait de l’opposition armée : 42 personnes, parmi lesquelles figuraient des malades, des gardiens de prison et des détenus, auraient trouvé la mort. Des bombardements aveugles ont par ailleurs été signalés après la proclamation du cessez-le-feu.

L’ALS et le MJE ont mis des civils en danger en déployant leurs combattants dans des zones habitées. Des informations ont également fait état de pillages et d’actes de torture imputables à des membres du MJE.

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