Enfin une commission d’enquête sur le Darfour

Depuis plusieurs mois déjà, le Darfour, fait les gros titres dans les différents médias. Et pour cause ! Le conflit dans cette région à l’est du Soudan, aussi grande que la France et déchirée par la guerre civile depuis 20 mois, constitue la pire crise humanitaire de toute la planète. Face aux dénégations des autorités soudanaises et à leur refus de protéger leurs propres concitoyens, la communauté internationale a dû intensifier ses efforts pour venir au secours du 1.2 million de déplacés internes menacés par la famine et des plus de 130.000 civils réfugiés au Tchad.

La politique de la « carotte et du bâton » menée par les Etats Unis, l’Union Européenne, l’Union Africaine et les ONG, a permis la signature d’un fragile accord de cessez-le-feu en avril 2004, l’accès plus sûr de l’aide humanitaire et l’envoi d’une mission d’observation du cessez-le-feu.

Le Darfour est également le théâtre d’une crise des droits humains. En 2003 et 2004 , les forces gouvernementales ont bombardé aveuglément des villages de civils soupçonnés d’être des sympathisants des rebels (1). Quant aux milices Janjawid, alliées au pouvoir, elles ont détruit des villages, violant et tuant sans merci, et agi en toute impunité (2). Le 19 juillet 2004, Amnesty International publiait un rapport intitulé "Darfour (Soudan). Le viol : une arme de guerre", qui révélait que les viols étaient très répandus et présentaient un caractère systématique. Les Janjawid et certains soldats du gouvernement ont eu recours au viol pour humilier, terroriser et contrôler les femmes, mais aussi pour les forcer à quitter leurs terres et détruire le tissu social de leurs communautés (3).

Amnesty International se félicite de la toute récente création, par l’ONU, d’une commission internationale d’enquête sur toutes les violations présumées du droit international humanitaire et relatif aux droits humains au Darfour, recommandation que notre organisation fait de longue date. La commission, composée de cinq membres, experts légaux et des droits humains, sera chargée de déterminer si des actes de génocide ont été commis dans le Darfour et émettre des recommandations sur les meilleurs moyens de déférer à la justice les auteurs présumés de ces actes en conformité avec les normes internationales.

Le gouvernement soudanais et les autres parties se sont à maintes reprises engagés à mettre un terme aux attaques contre les civils et aux violations des droits humains. Il est temps qu’elles commencent à tenir leurs promesses ! La communauté internationale est à bout de patience et la population à bout de force ...

Programme d’Action Pays :

« Si la notion de droits humains pour tous n’est pas partie intégrante de l’accord de paix (...) crucial pour l’avenir du Soudan, on ne pourra parler de paix durable », déclarait A. I. dans un rapport sur le Soudan rendu public en juillet 2003(4). Depuis lors, le mouvement a adopté le mécanisme de « Réaction à la crise » afin de réagir rapidement et massivement, d’attirer l’attention de l’opinion publique et des décideurs. Les principales priorités retenues correspondent chacune à un objectif mondial (GIG) :
 Protection des civils et élimination des facteurs qui alimentent les exactions pendant les
conflits ;
 Violence contre les femmes dans le cadre du conflit armé et au sein de la famille et de la
communauté ;
 Protection des droits des réfugiés et des migrants ;
 Protection des défenseurs des droits humains ;
 Renforcement de la justice ;
 Actions sur des cas individuels ;

Conformément à la logique de la Mission et du Plan stratégique, le passage du « travail sur le pays » au « travail sur les thèmes » s’opère progressivement. Les actions devront intégrer toute la gamme d’outils, militants ou autres, permettant d’exercer une influence, depuis l’envoi de courrier par les militants au lobbying auprès des gouvernements, en passant par le travail auprès des médias et la collaboration avec les coordinations thématiques du mouvement et d’autres ONG.

1.L’Armée de libération du Soudan (ALS) et le Mouvement pour la Justice et l’Egalité (MJE)

2.lirearticles :http://www.amnestyinternational.be/doc/article4074.html et http://www.amnestyinternational.be/doc/article3490.html

3.Lire article :http://www.amnestyinternational.be/doc/article4205.html

4.En mars 2003 déjà, Amnesty International demandait instamment au gouvernement soudanais de créer une commission d’enquête indépendante sur la situation du Darfour pour « éviter que la situation dégénère en autre guerre soudanaise » (Réf. : AFR 54/004/2003).

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