Les civils toujours menacés au Darfour

"Nous étions partis chercher des herbes quand cinq Janjawid nous ont attaqués. J’ai essayé de m’enfuir, mais deux d’entre eux m’ont attrapée. Maintenant, je suis enceinte de trois mois. Nous sommes allés voir la police mais ça n’a rien donné." (Une adolescente de quinze ans, déplacée dans le Darfour occidental.)


Les 1,4 millions de personnes qui ont été chassées de chez elles, au Darfour, ne sont toujours pas en sécurité. Les homicides illégaux, les déplacements forcés, les viols, les détentions et les tortures se poursuivent, et le risque de mourir de faim ou de maladie est toujours là. La région reste une zone de conflit et ses habitants sont traumatisés par les pertes du passé, ont peur du présent et doutent de leur avenir.

Une délégation d’Amnesty International s’est récemment rendue au Soudan, où elle a écouté des centaines de personnes déplacées dans des camps et des villes du Darfour mais aussi dans la capitale, Khartoum. Leurs témoignages confirment le fait que le gouvernement soudanais inspire une gigantesque méfiance à ceux et celles qui ont été forcés d’abandonner leur village et qui ont trop peur de quitter leur camp sans une protection internationale. Le gouvernement continue de nier l’étendue des homicides et des viols, et refuse d’assumer la responsabilité de la crise humanitaire qui frappe le Darfour.

Si l’on veut améliorer maintenant la situation des droits humains dans cette région, il faut adopter une approche globale, qui tienne compte de la situation dans tout le Soudan. L’impunité des responsables de graves atteintes aux droits humains, le manque de liberté d’expression ou d’association, la dureté des conditions de détention, l’iniquité des procès, l’état de l’appareil judiciaire, les violations des droits humains dont les femmes sont victimes, le recours aux milices pour tuer et déplacer les civils, la prolifération des armes : tous ces problèmes doivent être traités de toute urgence au Soudan.

« Je suis venu ici, mais je ne m’y sens toujours pas en sécurité ; je n’ai pas quitté le camp plus de quinze minutes. Quand le gouvernement a essayé de nous faire rentrer dans nos villages, j’ai refusé et j’ai été agressé par deux hommes armés. Je me suis plaint à la police, mais ils ont dit qu’ils ne pouvaient pas accepter ma plainte à cause de l’état d’urgence. » Témoignage de M. recueilli par Amnesty International dans le camp de Riyad (Darfour occidental). Il a également raconté que son village avait été attaqué et bombardé en novembre 2003 par des milices et des avions militaires : 160 personnes ont été tuées, dont 29 membres de sa famille.

Entre espoir et désespoir


Le gouvernement soudanais accorde à présent aux organisations humanitaires un accès libre et entier au Darfour. Les observateurs des droits humains envoyés par les Nations unies et la mission d’observation du cessez-le-feu dépêchée par l’Union africaine sont désormais sur le terrain, même si leurs effectifs et leur mandat sont limités. Il a été décidé d’accroître la présence internationale au Darfour afin d’assurer la protection des civils, en particulier celle des personnes déplacées qui se trouvent dans les camps.

La protection de la population reste très problématique. De nombreuses zones du Darfour continuent de subir les conséquences du conflit. Les déplacements de population se poursuivent, car toutes les parties au conflit ont violé l’accord de cessez-le-feu. Aucun véritable effort n’a été fait pour désarmer et démanteler les milices alliées au gouvernement, qui auraient même été intégrées aux forces de sécurité soudanaises, notamment la police, d’après certaines informations.

Amnesty International continue de faire campagne pour améliorer la situation des droits humains au Darfour.

Ce que vous pouvez faire :

Envoyer la lettre ci-dessous aux autorités soudanaises.

Destinataire :
Lieutenant General Omar Hassan Ahmad AL-BASHIR,
President’s palace,PO Box 281,Khartoum, SUDAN

Dear Mister President,

I have read testimonies of Darfurian civilians being killed, raped and abducted, their homes burnt and possessions looted, and hundreds of thousands having to flee their homes. I am writing to urge you to take strong action to put an end to human rights violations in Darfur.

Your government has the responsibility to protect all of its citizens from human rights violations. Therefore I am urging the Sudanese authorities to :
 disarm and disband the Janjawid militias, including those members who have been incorporated into the Popular Defence Forces, the People’s Police and other paramilitary forces which have been involved in attacks on civilians
 make sure that anyone suspected of violations of international human rights or humanitarian law should be removed from a position where they could continue to commit such acts
 properly train in international human rights standards the Sudanese police, and investigate promptly all allegations of human rights abuses
 cooperate fully with the monitoring missions of the African Union and the UN and other international monitors
 allow full and free access for humanitarian and human rights organisations to all parts of Sudan
 abandon the concept of “safe areas”, as defined in the August Plan of Action agreed by the UN and the Sudanese government. There is a risk that “safe areas” will institutionalize the displacement of people, and that government plans to extend existing “safe areas” will lead to additional confrontations with the armed opposition groups.

All human rights supporters expect urgent actions in these matters.

Sincerely,

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