Homicides, viols, déplacements forcés de population
La province du Darfour, à l’ouest du Soudan, est au centre de conflits sanglants depuis 3 ans. Depuis février 2003, plus de 30.000 civils ont été tués par des milices arabes soutenues par le gouvernement et connues sous le nom de Janjawid. Lors de raids, des milliers de femmes et jeunes filles ont été violées ou enlevées et réduites à l’esclavage sexuel. Entre un et deux millions de civils ont été chassés de leurs villages.
Un témoignage parmi des milliers d’autres est celui d’une habitante de la ville de Tawile, dans l’Etat du Darfour Septentrional, qui a déclaré a Amnesty International : « Je vivais avec ma famille à Tawile et j’allais à l’école lorsque les Janjawid ont attaqué. Nous avons voulu fuir mais nous avons entendu des explosions dans la ville et le chaos s’est installé (...) J’ai été violée par quatre hommes à l’intérieur de l’école. » Cela s’est passé le 27 février 2004. La jeune fille a entre-temps donné naissance à un bébé, conçu lors du viol...
Des transferts d’armes alimentent le conflit
Dans un rapport de décembre 2004, Amnesty International relevait que de nombreux pays - y compris des Etats membres de l’Union Européenne - alimentaient la guerre au Soudan par leurs approvisionnements en armes. « C’est une bombe à retardement. Au vu des renforts acheminés et du volume astronomique d’armes en circulation, il ne s’agit pas de savoir si elle explosera, mais quand ! » déclarait le major général Festu Okonkwo, chef du Groupe de Surveillance de l’Union Africaine en décembre 2004.
Les livraisons d’armes à des troupes non gouvernementales soudanaises sont frappées d’interdiction par l’embargo décrété par l’ONU en juillet 2004. En 1994 déjà, l’ONU imposait un embargo sur les armes destinées à toutes les parties au conflit, lequel a été prolongé en 2004. Pourtant, en septembre 2005, le Commissaire européen Chris Patten révélait que la Commission Européenne était incapable d’assurer le respect de l’embargo européen.
Un pistolet Glock dans les mains des rebelles
Un journaliste américain s’est rendu au Darfour en février 2005 pour y réaliser un reportage photos. A l’extérieur de la ville de El Geneina, dans le Darfour Occidental, il a rencontré des membres du Front Uni pour le Changement Démocratique (FUC), le principal groupe rebelle tchadien. Le chef était armé d’un pistolet flambant neuf, dont le journaliste a pris note du numéro de série : marque GLOCK, HAP 850, probablement fabriqué en 2005.
Amnesty International demande l’ouverture d’une enquête tant par la société Glock que par le Ministère autrichien du Commerce et de l’Industrie afin de déterminer comment un pistolet Glock HAP 850 est parvenu dans le camp des rebelles, malgré les contrôles à l’exportation et l’embargo. Il est primordial de connaître la provenance et l’itinéraire suivi par cette arme car d’autres armes font peut être l’objet d’exportation dans la région en dépit des embargos. Pour éviter que le commerce des armes n’alimente des catastrophes semblables à celles du Darfour, Amnesty International fait campagne pour que tous les États instaurent des contrôles beaucoup plus rigoureux sur les armes conventionnelles, avec notamment la mise en place d’un traité sur le commerce des armes, qui interdirait les exportations d’armes susceptibles de semer la terreur et la désolation.
PASSEZ A L’ACTION
Envoyez la lettre ci-dessous au Ministère Autrichien de l’Economie :
Minister Dr Martin Bartenstein
Ministry for Economy and Labour
Stubenring 1
1011 Vienna
AUSTRIA
Tel. : +43-(0)1-71100-0
Envoyer un courrielminister@bmwa.gv.at
Internet : www.bmwa.gv.at
Dear Minister,
I was astounded to hear that a pistol produced by the Austrian arms company Glock has reached the hands of a rebel leader in Darfur, Sudan. The pistol, serial number HAP 850, was sighted in the possession of a leading representative of the United Front for Democratic Change (FUC) by a US journalist outside El Geneina in western Darfur.
In the Sudanese province Darfur more than 30,000 people have died in recent years. 1,8 million people have been displaced. In spite of the civil war which has been continuing since years in the region, and in spite of existing UN and EU arms embargos, the conflicting parties are still being armed and supplied with weapons from all over the world.
Therefore an urgent inquiry is necessary, how the Glock pistol, serial number HAP 850, could get into the hands of rebels operating in Darfur ; all the more since the origin and the trade route of this one weapon could be representative for other weapons.
I therefore urgently request you to clarify :
– when and where this weapon was produced
– which arms delivery it was part of, including the time of export, the delivery company and the transport route
– if an export license was issued, and if yes, under which conditions
– when, for which destination country and for what use the license was granted
– if an end-user certificate was issued, and if yes, when and by whom it was issued
I further urgently request the Austrian EU-Council Presidency to ensure that the European Union collectively and actively advocates a treaty for the control of the international arms trade, which stops irresponsible weapons deliveries. I further urgently request you to plead for the European Union to finally commit to a legally binding EU Code of Conduct on Arms Exports, so that the arming of human rights violators from within the EU can be effectively prevented.
Yours sincerely,