Toujours pas de répit pour les civils au Darfour !


La paix tant attendue et finalement signée le 9 janvier 2005 entre le gouvernement soudanais et les mouvements rebelles du sud, certains se sont mis à rêver que cette dynamique allait se déplacer à l’ouest du Soudan et mettre un terme aux hostilités dans le Darfour. Qu’en est-il aujourd’hui ? Si le calme est désormais revenu après plus de deux décennies de guerre fratricide entre le nord et le sud, force est de constater que l’insécurité règne toujours au Darfour. Pire encore, la situation humanitaire et des droits humains se détériore et la violence y est quasi omniprésente.

Le gouvernement d’Union Nationale, formé en septembre, qui scelle le subtile partage du pouvoir entre le parti gouvernemental et les partis d’opposition du Sud, a la responsabilité de résoudre la crise car il n’existe de solution autre que politique. Actuellement, les pourparlers de paix qui se déroulent sous les auspices de l’Union Africaine s’embourbent et des dissensions sont apparues au sein des rebelles.

Bref rappel historique. Le conflit éclate en 2003. C’est une réponse à la marginalisation économique, politique et sociale dont est victime cette région de la même superficie que la France, située à l’ouest du Soudan. Le gouvernement soudanais optait pour la solution militaire. Aujourd’hui encore, l’armée continue de prendre pour cibles les civils appartenant au même groupe ethnique que celui des insurgés rebelles. D’après l’ONU, plus de 200 000 civils sont morts et plus de deux millions ont été violemment spoliés et ont vu leur cheptel volé, leurs maisons et leurs villages incendiés. Les attaques coordonnées du gouvernement et des milices sont la cause première du déplacement massif des populations et des crimes commis.

Si l’intensité des combats a quelque peu diminué plus tôt dans l’année, la violence contre les civils s’est de nouveau intensifiée au cours des deux derniers mois. Les milices Janjaweed soutenues par le gouvernement continuent d’opérer en toute impunité, sans risque d’être poursuivies en dépit des demandes répétées du Conseil de Sécurité des Nations Unies et du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine en faveur d’un désarmement de ces groupes par le gouvernement soudanais. Conséquence : plus de deux millions de civils continuent de souffrir, sans protection, sans justice et sans espoir de compensation.

Par conséquent, Amnesty International exhorte le gouvernement soudanais et toutes les factions rebelles à :
 cesser immédiatement les attaques contre les civils, les travailleurs de l’aide humanitaire et les forces de l’AMIS (Unité Africaine) ;
 coopérer à toutes les enquêtes indépendantes relatives aux attaques ;
 secourir les déplacés du Darfour : ils sont aujourd’hui plus de deux millions ;
 mettre un terme aux viols des femmes et des fillettes : ils poursuivent jusque dans les camps ;

Il faut pour cela :
 en finir avec l’impunité des autorités soudanaises et celle de son bras armé : les milices Janjaweed ;
 obtenir un véritable Mandat de Protection des Civils : l’ONU doit donner aux forces de l’Union Africaine un Mandat de Protection des Civils et les moyens de l’exercer.

Demandez avec nous que les choses changent ! Envoyez le modèle de lettre ci-dessous au Président de la République.

Adresse : President Al Bashir, President’s Palace, POB 281, Khartoum, Sudan

Dear Mr. President,

I am writing to express my sincere concern about the continuing threats to the lives and safety of the forcibly displaced people in Darfur.

The vital delivery of relief supplies is being hampered by the continuing outbreaks of violence. Displaced people continue to live in the close vicinity of the very people who have caused their predicament. Janjawid militiamen continue to attack people outside the IDP camps and harass people inside. Despite this, women continue to go out to fetch water even though they are likely to be raped. Rapes and other forms of violence reportedly also occur within the IDP camps.

The Sudanese government has ignored outstanding AU Peace and Security Council and UN Security Council resolutions to control these Janjawid militias with the result that over two million civilians continue to suffer without protection, justice or any hope of redress.

Your government has failed to follow through on repeated pledges to prosecute those responsible for attacks. Despite several initiatives, including a national inquiry into the crimes, numerous committees established to investigate rape and other crimes, and a national tribunal to try the perpetrators of crimes in Darfur, not a single mid- or
high-level civilian official, military commander or militia leader has been suspended from duty, investigated or prosecuted.

Amnesty International urges all parties to cooperate with the ICC in accordance with UN Security Council Resolution 1593 and also urges all sides to rein in their fighters, to respect international law and to abide by the N’Djamena Ceasefire Agreement and the Abuja Protocols.

Therefore, I urge your government to :
 Disarm and disband the Janjawid militia
 Suspend any member of the Sudanese armed forces suspected of having committed or ordered human rights violations, pending investigation
 Prevent any member or former member of the Janjawid militia from joining police, military, or security forces and prevent any member or former member of the Janjawid militia from operating inside or on the peripheries of displaced persons camps
 Provide full and unimpeded access to humanitarian agencies and human rights monitors to all areas and groups in Darfur
 Guarantee that displaced persons will not be forced back to any place where their lives, health, or safety would be at risk.

Thank you for your attention, I look forward to your response.

Sincerely,

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