INFO-BULLETIN N°12

Argentine - Uruguay / Impunité

Après avoir condamné en avril 2005 l’ex militaire argentin Adolfo Scilingo à 640 ans de prison pour crimes contre l’humanité, détentions illégales et tortures, la justice espagnole fait un pas de plus dans la lutte contre l’impunité.
La Cour du Tribunal suprême espagnol a annulé un arbitrage de 2003 du gouvernement Aznar (1996-2004) qui avait rejeté une demande d’extradition du juge espagnol Baltasar Garzón visant quarante militaires argentins pour violation des droits de l’homme. La haute juridiction espagnole a estimé que la prise de position du gouvernement ‘ n’était pas conforme au droit’.
L’actuel gouvernement de Zapatero doit donc transmettre ces demandes d’extradition par voie diplomatique au gouvernement argentin.

La Cour suprême d’Argentine ayant de son côté déclaré inconstitutionnelles les lois d’impunité qui protégeaient les responsables des crimes commis sous la dictature en juin 2005, la plupart des militaires réclamés par la justice espagnole attendent désormais d’être entendus par la justice argentine. L’État sud-américain pourrait de ce fait refuser leur extradition.

En Uruguay, le président Tabaré Vásquez montre la volonté politique de mettre fin à l’impunité pour les militaires de la dictature (1973-1985) en nommant à la tête du ministère de la Défense Azucena Berruti, une avocate de 75 ans très engagée dans la lutte contre la dictature et qui a défendu plusieurs familles de victimes et de disparus.

Après les déclarations d’un militaire uruguayen à la retraire qui veut garder l’anonymat, Maria Claudia García, l’une des victimes disparues les plus célèbres de la dictature militaire argentine (1976-1983) et belle-fille du poète Juan Gelman, dont la dépouille n’a pas encore été retrouvée serait ensevelie dans une installation militaire uruguayenne.
La disparition de Maria Claudia est l’un des cas les plus emblématiques de l’Opération Condor, un plan concerté des dictatures sud-américaines durant les années 1970/1980 afin d’éliminer leurs opposants.
Son mari Mariano a été séquestré à Buenos Aires et assassiné par les forces du régime militaire de Vileda en 1976. Maria Claudia, alors âgée de 19 ans et enceinte de 6 mois, a été transférée clandestinement à Montevideo. Après l’accouchement, elle a été tuée et son bébé donné à la famille d’un policier uruguayen.

Cette affaire Maria Claudia García provoque un débat en Ururguay, où elle entraîne la remise en question de la loi interdisant l’État de juger les militaires accusés de violations des droits de l’homme. Cette loi a été adoptée par le Parlement et ratifiée par référendum en 1986, sous le premier gouvernement de l’après-dictature.

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