Abzas Media a notamment relayé des informations faisant état d’accords corrompus conclus par des entreprises ayant des relations avec des responsables gouvernementaux. Ce média a également publié des enquêtes sur des sujets environnementaux, tels que la pollution toxique et les risques sanitaires liés à la mine d’or de Gedabek, située près du village de Söyüdlü, dans le district de Gadabay (ouest du pays). Selon certaines sources, Abzas Media prévoyait une nouvelle enquête sur la pollution liée à la mine et d’autres violations des droits humains avant ces arrestations.
Les six membres de ce média d’investigation qui ont été arrêtés ne sont pas les seuls journalistes poursuivis et détenus pour de fausses accusations en représailles de leur travail. Le journaliste indépendant Imran Aliyev, accusé de coopération avec Abzas Media, a également été arrêté et se trouve actuellement en détention provisoire. En novembre et décembre 2023, un tribunal de Bakou a ordonné le placement en détention d’Aziz Orujov, directeur de Kanal 13, et de son présentateur Shamo Eminov, pour des accusations de trafic de subventions.
Au moins trois autres journalistes traitant des sujets ayant trait à la corruption et aux droits humains en Azerbaïdjan ont été arrêtés sur la base d’accusations douteuses. Parmi eux figure Teymur Karimov, journaliste et directeur de la chaîne d’information en ligne Kanal-11. Le 6 mars 2024, des policiers ont fait irruption dans les locaux de la chaîne Toplum TV et arrêté plusieurs journalistes et militants, dont le fondateur de ce média indépendant, Alasgar Mammadli, le journaliste Mushfig Jabbar, Ruslan Izzatli, membre du conseil d’administration de la Troisième plateforme républicaine, Akif Gurbanov, fondateur de l’Institut des initiatives démocratiques (IDI), et deux membres de cette organisation, Ramil Babayev et Ali Zeynalov.
Le 24 juillet 20204, Ulvi Hasanli a indiqué avoir été menacé par l’administration après avoir publié une lettre depuis le centre de détention, dans laquelle il affirmait que « des prisonniers [étaient] crucifiés, frappés et suspendus à des barres dans les couloirs » et soumis à d’autres formes de torture et de mauvais traitements. Cette publication a eu lieu peu après que le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) du Conseil de l’Europe a publié, le 3 juillet 2024, une déclaration publique exceptionnelle relative à l’Azerbaïdjan, dans laquelle il s’est déclaré « extrêmement préoccupé » par le recours à la torture et aux autres mauvais traitements par la police.
En 2022, l’Azerbaïdjan a adopté une nouvelle loi sur la presse imposant des obstacles arbitraires aux médias pour s’enregistrer et obtenir des financements. De nombreux médias critiques envers les autorités se sont vu refuser arbitrairement leur enregistrement. Des médias indépendants ont été contraints à cesser leurs activités. D’autres risquent des poursuites sur la base d’accusations fallacieuses s’ils acceptent un soutien financier, notamment des subventions provenant de l’étranger, pour pouvoir continuer leur travail.
Depuis qu’il a été annoncé que l’Azerbaïdjan allait accueillir la COP29, les autorités ont intensifié encore leur répression contre les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Plusieurs détracteurs bien connus du gouvernement ont été incarcérés pour des motifs politiques ou contraints à l’exil. Cette situation fait écho de manière troublante aux précédentes répressions qu’a dénoncées Amnesty International lors d’autres grands événements internationaux organisés par l’Azerbaïdjan.