Militant palestinien et étudiant de troisième cycle à l’université Columbia, Mahmoud Khalil a participé activement au campement de solidarité avec Gaza installé sur le campus de cet établissement, où il a assuré des fonctions de négociation avec la direction et de communication avec la presse. Il a le statut légal de résident permanent aux États-Unis et il est marié avec une citoyenne américaine, qui attend leur premier enfant pour le mois d’avril.
Le 8 mars 2025, des agents du département de la Sécurité intérieure (DHS) ont arrêté Mahmoud dans sa résidence universitaire en menaçant d’arrêter son épouse enceinte. Ils ont annoncé que le Département d’État des États-Unis avait révoqué le visa étudiant de Mahmoud. Lorsque sa femme leur a présenté la preuve qu’il avait le statut légal de résident permanent (aussi désigné sous le nom de « carte verte ») et n’était donc pas inscrit avec un visa étudiant, ils ont répondu que sa résidence permanente avec également été révoquée. Mahmoud a d’abord été placé brièvement dans un centre de détention des services de l’immigration dans le New Jersey, puis transféré dans un autre situé en Louisiane, sans que ses avocats ni son épouse ne soient prévenus et malgré le fait que sa requête en habeas corpus était en instance à New York. Sa famille et ses avocats ne savaient pas où il se trouvait pendant 24 heures.
Normalement, les titulaires du statut légal de résident permanent ne peuvent pas voir celui-ci révoqué sans audience judiciaire ayant débouché sur un verdict les reconnaissant coupables de deux infractions relevant de la « turpitude morale » ou d’un « crime grave ». Mahmoud Khalil n’a jamais été condamné pour la moindre infraction et n’avait même pas été arrêté lors des manifestations qui ont eu lieu à l’université Columbia au printemps 2024. Néanmoins, le gouvernement américain s’appuie sur une disposition obscure et rarement utilisée du Code des États-Unis pour révoquer son statut et tenter de l’expulser. Cet article, le paragraphe 1251-a-4-C-i du Titre 8, autorise le secrétaire d’État à expulser toute personne n’ayant pas la nationalité américaine dont il a des motifs raisonnables de penser que « [sa] présence ou [ses] activités [...] auraient des conséquences potentiellement graves pour la politique étrangère des États-Unis ».
Le 12 mars, un juge de la cour fédérale du district sud de New York a examiné une requête en habeas corpus déposée par les avocats de Mahmoud Khalil. Ces derniers ont alors souligné qu’ils n’avaient eu aucun entretien en tête à tête avec leur client depuis son arrestation. Ils demandent que le tribunal déclare illégales les actions des services de l’immigration et que Mahmoud soient ramené dans la région de New York et libéré immédiatement. Mahmoud a par ailleurs une audience initiale devant les services de l’immigration en Louisiane qui est prévue le 25 mars. Il est actuellement enfermé dans le centre de détention central de Louisiane du Service de contrôle de l’immigration et des douanes (ICE), également appelé centre de détention LaSalle, à Jena, en Louisiane. Cet établissement est connu depuis longtemps pour ses conditions de détention cruelles, des cas de violences physiques et sexuelles et une insuffisance de soins médicaux.
Mahmoud a été pris pour cible en raison de son rôle dans les manifestations étudiantes à l’université Columbia l’an dernier et son arrestation fait suite à l’annonce par le Département d’État de son intention de révoquer les visas ou cartes vertes des étudiant·e·s liés aux manifestations en faveur de la Palestine en vue de les expulser. Le DHS a indiqué que sa détention et son expulsion découlaient des décrets présidentiels de Donald Trump relatifs à l’antisémitisme. Amnesty International a précédemment condamné ces décrets qui constituent une atteinte au droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique des étudiant·e·s.
Les autorités américaines doivent libérer Mahmoud Khalil immédiatement. Les universités et les autres établissements d’enseignement supérieur doivent en outre prendre des mesures pour protéger leurs étudiant·e·s, professeur·e·s et membres du personnel d’origine étrangère des mesures illégales et arbitraires de l’ICE, et veiller à ce que le droit fondamental de tous leurs étudiant·e·s et professeur·e·s de manifester en faveur des droits des Palestinien·ne·s et pour d’autres causes soit respecté et protégé.
En octobre 2024, Amnesty International États-Unis, l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) et Human Rights Watch ont publié une lettre ouverte à toutes les universités et tous les établissements d’enseignement supérieur concernant la protection des droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique pour tous les étudiant·e·s, le personnel et le corps enseignant.