Écrire Un accusé libéré, les trois autres condamnés à de lourdes peines

Kuwa Shumal A. Zumam a été libéré sur décision du tribunal le 2 janvier, l’accusation n’ayant pas fourni de preuves suffisantes pour étayer les charges pesant contre lui. Le 29 janvier, Petr Jezek a été condamné à la détention à perpétuité, tandis qu’Hassan A. Kodi et Abdulmonem Abdumawla ont été condamnés à 12 ans de prison.

Le 2 janvier, un juge a classé l’affaire concernant Kuwa Shamal A. Zumam, en raison des preuves insuffisantes présentées par l’accusation.
Le 29 janvier, un tribunal de Khartoum a prononcé de lourdes peines d’emprisonnement contre Petr Jezek, Hassan A. Kodi et Abdulmonem Abdumawla. Petr Jezek a été condamné à la détention à perpétuité et à une amende de 100 000 Livres soudanaises (environ 15 000 euros). Il a été déclaré coupable d’« espionnage » au titre de l’article 53 du Code pénal de 1991. Hassan A. Kodi et Abdulmonem Abdumawla ont tous deux été condamnés à 12 ans de prison pour avoir apporté leur aide à la commission d’une infraction, en vertu de l’article 26 du Code pénal de 1991. La défense va interjeter appel de cette décision.

Du 19 décembre 2016 au 9 janvier 2017, les quatre accusés ont assisté à cinq audiences au centre de Khartoum. Lors de l’audience du 28 décembre 2016, Petr Jezek s’est plaint que le traducteur n’avait pas traduit correctement certaines de ses déclarations d’anglais en arabe. Il a affirmé que les traductions mentionnaient certaines informations qu’il n’avait pas données et en omettaient d’autres ; toutefois, le tribunal a ignoré sa plainte.
Le Service national de la sûreté et du renseignement (NISS) a interpellé Hassan A. Kodi, Kuwa Shamal A. Zumam et Petr Jezek en décembre 2015 et les a inculpés le 18 mai 2016. Abdulmonem Abdumawla a également été arrêté en décembre 2015, mais n’a été inculpé que le 5 août 2016.

Amnesty International estime que Petr Jezek, Hassan A. Kodi et Abdulmonem Abdumawla ont été emprisonnés uniquement du fait qu’ils ont exercé, pourtant pacifiquement, leurs droits et les considère comme des prisonniers d’opinion.

Hassan A. Kodi, Kuwa Shamal A. Zumam, Petr Jezek et Abdulmonem Abdumawla ont financé les soins médicaux d’Ali Omar Mousa Hassaba Allah, un étudiant darfourien blessé par un cocktail Molotov lors de violents affrontements qui s’étaient déroulés en décembre 2013 dans une université de Khartoum. Ayant eu le visage, le cou, le torse et les mains grièvement brûlés, ce jeune homme avait besoin d’une prise en charge médicale sur le long terme. Il a lui aussi été arrêté le 18 décembre 2015 et interrogé à plusieurs reprises sur la provenance des fonds ayant servi à payer ses soins. Il a été libéré sans inculpation le 28 mai 2016, après avoir passé six mois en détention.

Hassan A. Kodi et Kuwa Shamal A. Zumam sont des pasteurs de l’Église soudanaise du Christ. Ils ont été arrêtés le 18 décembre 2015 et tous deux ont été inculpés le 18 mai 2016. En octobre 2015, Hassan A. Kodi avait organisé une conférence à l’intention des chrétiens du Soudan et du Soudan du Sud à Addis-Abeba, en Éthiopie. Les charges retenues contre lui sont liées à un document qu’il a présenté à cette occasion et qui concernait l’oppression dont sont victimes les chrétiens au Soudan. Kuwa Shamal A. Zumam était également présent à la conférence.

Petr Jezek est un journaliste et missionnaire de nationalité tchèque. Il a été arrêté le 12 décembre 2015 par le Service national de la sûreté et du renseignement (NISS) pour avoir interviewé Ali Omar Mousa Hassaba Allah. Il a aussi participé à la conférence organisée en octobre 2015 à Addis-Abeba par Hassan A. Kodi. Il a été inculpé le 18 mai 2016, en vertu du Code pénal de 1991, de « guerre contre l’État », d’« espionnage contre le pays », d’« incitation à la haine entre ou contre des groupes spirituels », de « publication de fausses informations » et d’« entrée sur des sites militaires et prise de photographies de sites ou d’activités militaires ».

Il doit aussi répondre d’« organisation d’activités pour le compte d’une organisation caritative dépourvue d’autorisation » en vertu de la Loi relative à l’organisation d’activités bénévoles et humanitaires, ainsi que d’« entrée illégale » en vertu de la Loi de 1994 relative à l’immigration et aux passeports. L’accusation a présenté des photographies de Petr Jezek prises en 2012 lors d’un séjour sur le territoire contrôlé par l’opposition armée dans les monts Nouba (Kordofan du Sud).

Le meilleur ami d’Ali Omar Mousa Hassaba Allah, Abdulmonem Abdumawla, étudiant de troisième cycle en ingénierie à l’université de Khartoum et défenseur des droits humains, a été arrêté le 18 décembre 2015 par le NISS. Il a aidé Ali lorsqu’il recevait des soins médicaux à Khartoum. Il a été inculpé de « collusion dans le cadre d’une association de malfaiteurs » en vertu du Code pénal de 1991.

Amnesty International a relevé plusieurs cas de personnes persécutées en raison de leur appartenance religieuse au Soudan. Le Code pénal de 1991 contient des dispositions qui portent atteinte à certains droits fondamentaux, notamment des restrictions des droits et des libertés des non-musulmans. Depuis 1989, une interprétation particulière de l’islam domine les lois, les institutions et les politiques du pays. En conséquence, des milliers de non-musulmans, de prêtres et de responsables de l’Église sont persécutés et punis en vertu de la charia (loi islamique).

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