Écrire Un défenseur indigène des droits environnementaux assassiné

Julián Carrillo a été tué par balle le 24 octobre, après avoir été menacé de mort à plusieurs reprises en raison des activités qu’il menait pour défendre le territoire de sa communauté indigène au Mexique. Il s’agit de la dernière victime en date d’une série d’assassinats qui a notamment touché plusieurs membres de sa famille et plusieurs représentants des autorités indigènes. La communauté craint que d’autres attaques ne soient perpétrées.
Julián Carrillo, défenseur indigène de l’environnement, des terres et du territoire, a été abattu par un inconnu dans l’État de Chihuahua (nord du Mexique) dans la soirée du 24 octobre. Selon le témoignage de ses proches, ceux-ci ont entendu des coups de feu dans les montagnes et, quelques heures plus tard, le corps sans vie de Julián Carrillo a été retrouvé, défiguré par des munitions tirées par des armes de gros calibre. Depuis le 23 octobre, Julián Carrillo se cachait dans la Sierra Tarahumara, une chaîne de montagnes, parce qu’il était suivi par des membres présumés d’un groupe criminel organisé dans sa communauté de Coloradas de la Virgen.
En août, Julián Carrillo avait dit à Amnesty International que, à la suite du meurtre de son gendre en juillet, il avait commencé à recevoir des menaces de mort. Plusieurs membres de sa communauté l’avaient averti que ceux qui avaient tué son gendre étaient à sa recherche et voulaient l’assassiner. Craignant pour sa vie, Julián Carrillo avait décidé de quitter Coloradas de la Virgen pour plusieurs semaines. Pendant son absence, un membre de la communauté avait dit à la belle-fille de Julián Carrillo que des gens le cherchaient pour « lui taillader la bouche et le faire taire » parce qu’il était un « fauteur de troubles » et qu’ils « ne comprenaient pas pourquoi ni comment Julián dénonçait les meurtriers agissant dans la communauté ». Les agresseurs savaient aussi qu’il communiquait des informations aux autorités. Julián était ensuite revenu dans sa communauté car sa fille était morte des suites de complications d’un accouchement. Cinq membres de la famille de Julián Carrillo ont été assassinés depuis 2016. Dans un cas seulement, l’auteur présumé a été identifié et la police municipale ne l’a pas arrêté.

En 2014, Julián Carrillo et trois autres membres de la communauté, ainsi que deux membres de l’organisation Alianza Sierra Madre AC (ASMAC), ont bénéficié de mesures de protection octroyées par le mécanisme de protection des défenseurs des droits humains, qui dépend du gouvernement mexicain. En 2017, le mécanisme de protection devait réévaluer les risques auxquels ils étaient exposés, afin de prendre des mesures adaptées. Amnesty International a toutefois appris que la dernière évaluation des risques les concernant avait eu lieu en 2016.

Les Rarámuris de Coloradas de la Virgen défendent leur territoire ancestral, situé dans la Sierra Tarahumara, dans l’État de Chihuahua (nord du Mexique). Ils ont perdu leurs titres fonciers dans les années 1990. Depuis lors, des étrangers utilisent leur territoire, exploitent leurs forêts et font pousser des cultures illégales. L’assassinat de Julián Carrillo est intervenu alors que des membres de sa communauté, quelques semaines auparavant, avaient dénoncé auprès de différentes instances gouvernementales l’existence d’une concession minière octroyée à trois personnes pour exploiter les ressources naturelles du territoire. Selon la communauté, cette concession a été accordée sans consultation préalable, libre et éclairée des personnes concernées.

Les dirigeants indigènes de la communauté de Coloradas de la Virgen, ainsi que l’organisation non gouvernementale Alianza Sierra Madre A. C. (ASMAC) qui les accompagne, ont fait l’objet de menaces, d’attaques, de procès iniques et d’assassinats pour avoir dénoncé ces problèmes. En février 2017, Isidro Baldenegro, lauréat du Prix Goldman pour l’environnement en 2005 et ancien prisonnier d’opinion reconnu par Amnesty International, a été tué. Entre 2015 et 2018, au moins huit autres dirigeants communautaires ont été assassinés.

En 2014, compte tenu de cette situation, Julián Carrillo et d’autres dirigeants et membres du personnel de l’ASMAC ont fait l’objet de mesures de la part du mécanisme de protection des défenseurs des droits humains. Cependant, ces mesures ne sont pas adaptées à la situation de leur communauté, aux conditions d’isolement dans lesquelles elle vit, ni au caractère collectif de leur combat. De même, la protection fournie par l’État ne s’attaque pas aux causes profondes de ces violences telles que le conflit agraire, la présence du crime organisé ou la discrimination que les Rarámuris subissent de longue date.

Comme Julián Carrillo, beaucoup d’autres membres de la communauté ont été contraints de s’installer dans d’autres parties de l’État de Chihuahua, en raison du niveau élevé de violence lié aux activités du crime organisé dans la région. Ce mois-ci, Amnesty International a interrogé des membres déplacés de Coloradas, qui ont expliqué que des groupes criminels organisés avaient pris le contrôle de leur territoire et tué des représentants des autorités indigènes qui défendaient activement leurs droits.

Selon le mécanisme de protection des défenseurs des droits humains et des journalistes, entre janvier et octobre 2018, 16 défenseurs des droits humains ont été assassinés au Mexique.

Nom : Julián Carrillo
Homme

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