Écrire Des détracteurs libérés, d’autres toujours détenus

Quelque 79 membres de partis d’opposition et défenseurs des droits humains arrêtés et placés en détention arbitrairement en janvier et février ont été libérés. Au moins 61 autres sont toujours détenus par le Service national de la sûreté et du renseignement (NISS), bien que leur libération ait été annoncée officiellement. Toutes ces personnes ont été arrêtées à la suite de manifestations contre la hausse du coût de la nourriture et des médicaments au Soudan.
Entre le 18 et le 23 février, quelque 79 membres de partis d’opposition et défenseurs des droits humains ont été libérés après que l’État a annoncé, le 18 février, que « tous les prisonniers politiques » seraient libérés. Cependant, au moins 61 détracteurs, dont des membres de partis d’opposition et des défenseurs des droits humains, sont toujours détenus par le NISS. Parmi eux figurent Omer Yousef El Digair, président du Parti du Congrès soudanais (SCP), Almahi Suliman, président du SCP dans l’État de Sannar, Mohamed Mukhtar al Khatib, secrétaire politique du Parti communiste soudanais, Mohamed Farouk Salman, un membre dirigeant des Forces de l’alliance nationale soudanaise, Mohieldeen Eljalad et Sidgi Kaballo, membres du Comité central du Parti communiste soudanais, Ismail Adam Hamid, un militant politique, Amjed Farid, médecin et défenseur des droits humains, Omer Ushari, un défenseur des droits humains, Salih Mahmoud Osman, défenseur des droits humains et vice-président du Barreau du Darfour, et Khalid Omer Yousif, président par intérim du SCP nommé après l’arrestation d’Omer Yousef El Digair.
Ils ont tous été arrêtés par le NISS entre janvier et février à la suite de manifestations organisées à partir de début janvier par des militants de l’opposition qui dénonçaient la hausse du coût de la nourriture et des médicaments. Les autorités n’ont pas révélé immédiatement où ils se trouvaient.
Le 20 février, le directeur général du NISS a indiqué à la presse que les autres détenus ne seraient pas libérés, à moins que leurs partis « améliorent leur conduite, cessent les manifestations et le sabotage [...] et renoncent à leur volonté de renverser le régime par la force. »

Les 7 et 8 janvier, trois dirigeants du Parti du Congrès soudanais (SCP) ont été arrêtés et placés en détention arbitrairement, notamment Omer Yousef El Digair, le président du SCP, et Almahi Suliman, le président du SCP dans l’État de Sannar. D’autres dirigeants de partis de l’opposition ont été arrêtés entre le 16 janvier et le 1er février, entre autres Mohamed Mukhtar al Khatib, secrétaire politique du Parti communiste soudanais, Mohamed Farouk Salman, un membre dirigeant des Forces de l’alliance nationale soudanaise, et deux membres du comité central du Parti communiste soudanais, Mohieldeen Eljalad et Sidgi Kaballo. Trois défenseurs des droits humains ont également été arrêtés : Amjed Farid, un médecin, le 18 janvier, Omer Ushari le 16 janvier et Salih Mahmoud Osman, vice-président du Barreau du Darfour et lauréat de nombreux prix en rapport avec les droits humains, notamment le prix Sakharov remis chaque année par le Parlement européen, le 1er février. Ismail Adam Hamid, un militant politique, a été arrêté le 16 janvier. Khalid Omer Yousif, le président par intérim du SCP, a été arrêté le 23 février.
Amel Habani, journaliste et lauréate du prix Ginetta Sagan d’Amnesty International en 2015, Nahid Jabrallah, directrice du Centre Sima pour la formation et la protection des droits des femmes et des enfants, Egbal Mohamed Ali et Hanan Hassan Hussein, membres du Parti du Congrès soudanais, et Sarah Nugdallah, secrétaire générale de l’Oumma (Parti de l’indépendance), ont été libérés le 18 février. Mohamed Abdalla Aldoma, président adjoint de l’Oumma, a été libéré le 19 février.
À la fin de l’année 2017, le gouvernement soudanais a approuvé un nouveau budget national pour 2018, qui inclut plus de mesures d’austérité économiques et de réductions des dépenses de santé et d’éducation, tout en augmentant les dépenses destinées au secteur de la sécurité. Ces nouvelles mesures économiques ont entraîné une hausse importante du coût de la nourriture et des médicaments. Le prix d’une miche de pain est passé de 50 centimes à un livre soudanaise, l’équivalent de 0,055 dollars des États-Unis (taux officiel). Cette augmentation du coût de la vie a été à l’origine de nombreuses manifestations publiques dans plusieurs villes. Depuis que les manifestations ont commencé, début janvier, plus de 319 personnes ont été arrêtées au Soudan. Au moins 61 sont toujours détenues.
Après l’annonce du nouveau budget pour 2018, la valeur de la livre soudanaise a continué à baisser. Le taux de change du dollar des États-Unis est passé de 24 à 34 livres soudanaises sur le marché parallèle depuis le début du mois de mars.
Le NISS détient toujours des pouvoirs étendus en matière d’arrestation et de détention en vertu de la Loi de 2010 relative à la sécurité nationale, qui lui permet de maintenir des personnes en détention jusqu’à quatre mois et demi sans contrôle judiciaire, et ses membres usent de leur autorité pour procéder à des arrestations arbitraires et placer en détention des personnes, dont beaucoup se voient infliger des actes de torture ou d’autres mauvais traitements. La même loi les protège de toute poursuite pour les actes commis dans l’exercice de leurs fonctions, d’où une culture généralisée de l’impunité. La modification en date du 5 janvier 2015 de l’article 151 de la Constitution a étendu le mandat du NISS, ce qui n’a fait qu’aggraver la situation. Cette modification a transformé le NISS : autrefois service de renseignement spécialisé dans la collecte et l’analyse d’informations et le conseil, il est devenu une agence de sécurité à part entière, dotée d’un vaste mandat lui permettant d’exercer toute une palette de fonctions qui sont habituellement celles de l’armée ou des organes chargés du maintien de l’ordre public. Le nouveau texte a accordé au NISS un pouvoir discrétionnaire illimité pour déterminer ce qui constitue une menace politique, économique ou sociale et comment y faire face. Ni la Loi relative à la sécurité nationale ni l’article 151 tel que modifié n’exigent, explicitement ou implicitement, que les agents du NISS respectent le droit international, régional et national applicable dans l’exercice de leurs fonctions.
Noms : Amel Habani, Nahid Jabrallah, Egbal Mohamed Ali, Hanan Hassan Hussein, Sarah Nugdallah, Mohamed Abdalla Aldoma, Omer Yousif El Digair, Almahi Suliman, Mohamed Mukhtar al Khatib, Mohamed Farouq Salman, Omer Ushari, Mohieldeen Eljalad, Sidgi Kaballo, Ismail Adam Hamid, Amjed Farid, Salih Mahmoud Osman, Khalid Omer Yousef et d’autres
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