Écrire Ahmed Mansoor condamné à 10 ans d’emprisonnement

Le 29 mai, la Chambre de sûreté de l’État de la Cour d’appel fédérale des Émirats arabes unis a condamné l’Émirien Ahmed Mansoor, éminent défenseur des droits humains, à 10 ans de prison et à une amende d’un million de dirhams émiriens, notamment pour « outrage aux Émirats arabes unis et à leurs symboles ». Cet homme est un prisonnier d’opinion.

Le 29 mai, la Chambre de sûreté de l’État de la Cour d’appel fédérale d’Abou Dhabi, capitale des Émirats arabes unis, a condamné le défenseur des droits humains Ahmed Mansoor à 10 ans d’emprisonnement et à une amende d’un million de dirhams émiriens (environ 270 000 dollars des États-Unis). La Chambre a également ordonné son placement sous surveillance pendant trois ans après sa libération. Ahmed Mansoor a été jugé et condamné pour diverses infractions, notamment pour « atteinte au statut et au prestige des Émirats arabes unis et de leurs symboles », « publication de fausses informations dans le but de nuire à la réputation des Émirats arabes unis à l’étranger » et « présentation des Émirats arabes unis comme une terre sans loi ». Il a été acquitté du chef d’accusation de « coopération avec une organisation terroriste agissant en dehors du pays ».

Selon les informations recueillies par Amnesty International, le procès d’Ahmed Mansoor s’est ouvert en mars et la deuxième audience s’est déroulée le 11 avril devant un tribunal d’Abou Dhabi, capitale des Émirats arabes unis. Une troisième audience pourrait avoir eu lieu le 9 mai, mais cette information n’a pas été confirmée. Le 29 mai, la Chambre de sûreté de l’État de la Cour d’appel fédérale d’Abou Dhabi a prononcé la déclaration de culpabilité et la peine. Ahmed Mansoor peut se pourvoir devant la Chambre de sûreté de l’État de la Cour suprême fédérale. On ignore toujours où il est détenu.

Selon les informations dont dispose Amnesty International, Ahmed Mansoor fait l’objet d’un maintien à l’isolement prolongé, assimilable à une forme de torture ou autres mauvais traitements.

Ahmed Mansoor est marié et a quatre jeunes garçons. Il est membre du Comité consultatif de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch, et membre de la Commission consultative du Centre du Golfe pour les droits de l’homme. Depuis 2006, il rassemble des informations sur la situation des droits humains aux Émirats arabes unis, et s’exprime publiquement, à travers son blog, les réseaux sociaux et des entretiens dans les médias internationaux, en faveur des normes internationales relatives aux droits humains.

Ahmed Mansoor a été arrêté le 20 mars 2017 à son domicile dans l’émirat d’Ajman, aux Émirats arabes unis. Plusieurs heures après son arrestation, Emirates News Agency, le site internet d’informations officiel géré par l’État, a annoncé qu’il avait été arrêté sur l’ordre du parquet responsable de la cybercriminalité et qu’il était détenu dans l’attente d’un complément d’enquête. D’après cette déclaration, il était accusé d’« utilisation des réseaux sociaux [notamment Twitter et Facebook] pour publier des informations fausses et trompeuses qui nuisent à l’unité nationale, à l’harmonie sociale et à la réputation du pays » et de « promotion de pensées incitant à la haine et à l’intolérance religieuse ».

Le 28 mars 2017, un groupe d’experts des droits humains des Nations unies a appelé le gouvernement du pays à remettre immédiatement Ahmed Mansoor en liberté, considérant son arrestation comme « une attaque visant directement le travail légitime des défenseurs des droits humains aux Émirats arabes unis ». Ils craignaient que son arrestation « ne constitue un acte de représailles en raison de son engagement auprès des mécanismes de protection des droits humains des Nations unies et des opinions qu’il a exprimées sur les réseaux sociaux, notamment Twitter ». Voir aussi : http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=21449&LangID=E&_sm_au_=iVV5L7PTt6N6VHk6 (en anglais).

Le 29 mars 2017, les autorités ont déclaré qu’Ahmed Mansoor était détenu dans la prison centrale (Al Wathba) d’Abou Dhabi, qu’il avait eu « la liberté d’engager un avocat » et que sa famille était autorisée à lui rendre visite. Malgré ces affirmations, le lieu de détention d’Ahmed Mansoor n’a pas pu être vérifié. Selon les informations dont dispose Amnesty International, il n’a pas pu consulter d’avocat et il fait l’objet d’un maintien à l’isolement prolongé, ce qui s’apparente à une forme de torture et autres mauvais traitements. Depuis son arrestation, il n’a reçu que deux visites de sa famille, sous surveillance, le 3 avril et le 17 septembre 2017. À chaque fois, il a été emmené dans les locaux du ministère public à Abou Dhabi, où il a vu brièvement ses proches.

À la fin du mois de février 2018, un groupe d’organisations internationales de défense des droits humains a commissionné deux avocats irlandais pour qu’ils se rendent à Abou Dhabi afin de tenter de rencontrer Ahmed Mansoor. Les autorités émiriennes ont donné aux deux avocats des informations contradictoires sur le lieu où il se trouvait. Le ministère de l’Intérieur, organe officiel responsable des prisons et des prisonniers, a affirmé ne pas savoir où il était détenu et les a renvoyés à la police, qui leur a également dit qu’elle ne disposait d’aucune information à ce sujet. Les avocats se sont aussi rendus à la prison d’Al Wathba, à Abou Dhabi. La direction a affirmé qu’Ahmed Mansoor ne s’y trouvait pas. Voir également : Déclaration publique conjointe. Émirats arabes unis. Un an plus tard, on ne sait toujours pas où se trouve Ahmed Mansoor, défenseur des droits humains primé pour son action (MDE 25/8101/2018, 20 mars 2018, https://www.amnesty.org/fr/documents/mde25/8101/2018/fr/).

À cause de son travail de défense des droits humains, Ahmed Mansoor a fait plusieurs fois l’objet d’actes d’intimidation, de harcèlement, d’agressions et de menaces de mort de la part des autorités émiriennes ou de leurs sympathisants. Depuis 2011 au moins, les autorités l’avaient placé sous surveillance physique et électronique. Son ordinateur et ses messageries électroniques ont été piratés et il a déjoué une tentative de piratage de son iPhone en 2016, ce qui a poussé Apple à mettre à jour les paramètres de sécurité du smartphone en août 2016.

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