Shani Abeysekara, ancien directeur du Service des enquêtes criminelles de la police du Sri Lanka, a supervisé les enquêtes sur un certain nombre d’affaires emblématiques de violations des droits humains. Il a notamment travaillé sur la disparition forcée du caricaturiste Prageeth Ekneligoda, l’agression du journaliste Upali Tennekoon, l’assassinat du journaliste Lasantha Wickrematunge et l’enlèvement de 11 jeunes (dits les « 11 de la marine »).
Des membres actuels du gouvernement et leurs proches collaborateurs, dont le président Gotabaya Rajapaksa, étaient visés par certaines de ces enquêtes.
Quelques jours après la victoire de Gotabaya Rajapaksa à l’élection présidentielle de novembre 2019, Shani Abeysekara a été rétrogradé par la Commission nationale de la police, qui l’a nommé assistant personnel de l’inspecteur général adjoint de la police de la province du Sud, sans procédure disciplinaire ni enquête préalables. Shani Abeysekara a demandé réparation pour cette mutation en déposant une requête pour violation des droits fondamentaux auprès de la Cour suprême, faisant valoir qu’il avait été démis de ses fonctions après l’élection présidentielle et muté sans raison valable.
Le gouvernement actuel a accusé Shani Abeysekara d’avoir agi à des fins politiques. Le 31 juillet 2020, la Division criminelle de Colombo a arrêté Shani Abeysekara après qu’un sous-inspecteur de police l’eut accusé de dissimulation de preuves dans une affaire d’armes impliquant l’ancien inspecteur général adjoint. Cependant, selon certains médias, ce sous-inspecteur de police a par la suite indiqué devant un tribunal de première instance que des agents de la Division criminelle de Colombo avaient menacé de l’arrêter s’il refusait de faire une fausse déclaration accusant Shani Abeysekara d’être impliqué dans la fabrication de preuves. Sa demande de libération conditionnelle doit être examinée par la haute cour de Gampaha le 7 décembre 2020.
Le 25 novembre, les médias ont indiqué que Shani Abeysekara avait été testé pour le COVID-19 alors qu’il était en détention provisoire dans la prison de Mahara (province de l’Ouest), et qu’il avait été transféré dans un centre de traitement éloigné géré par l’armée, à Gallella (province du Centre-Nord), sans son consentement et sans que sa famille n’ait été informée de son transfert ni de son état de santé.
Auparavant, le tribunal de première instance de Gampaha avait ordonné qu’il soit détenu à l’isolement en prison pour préserver sa vie et sa sécurité, étant donné qu’il avait contribué à des enquêtes et des condamnations dans de nombreuses affaires pénales. La Commission des droits humains du Sri Lanka a écrit à deux reprises au commissaire général des prisons, se disant inquiète pour la santé et la vie de Shani Abeysekara, en insistant sur le caractère indispensable d’une prise en charge hospitalière.
Selon les médias, Shani Abeysekara, qui était à l’isolement dans l’hôpital de la prison de Mahara où il était traité pour son diabète et ses troubles cardiaques, a été placé avec d’autres prisonniers contre sa volonté avant d’être transféré, toujours contre son gré, dans un centre de traitement du COVID-19 géré par l’armée à Gallella, dans le district de Polonnaruwa.
Le 27 novembre, il a été signalé que Shani Abeysekara avait été transféré à l’Hôpital des maladies infectieuses. Avant qu’il ne soit testé pour le COVID-19, son épouse avait écrit à plusieurs hauts responsables, dont le président de la Cour suprême, le procureur général et le chef de la police, pour leur signaler qu’il risquait d’être assassiné en détention provisoire et leur demander des mesures de protection en sa faveur.