Pendant les deux mois et demi qui ont suivi son arrestation, survenue le 31 août 2024, la famille d’Ahmed al Doush s’est vu refuser toute communication avec lui. Elle n’a pas non plus été informée de sa situation ni des raisons de son arrestation. Sa femme et ses enfants n’ont pas été informés de son état général ni de ses conditions de détention, et n’ont pas su non plus s’il pouvait être autorisé à rentrer chez lui et à quel moment. Il s’est également vu refuser l’accès consulaire aux représentants du gouvernement britannique pendant cette période, ce qui a gravement entravé la capacité du gouvernement britannique et de sa famille à recueillir des informations sur lui, sur sa détention et sur les mesures qu’ils pourraient prendre pour faciliter sa libération.
Ce n’est que le 17 novembre 2024 qu’Ahmed al Doush a été autorisé à appeler sa femme. Il a ensuite été autorisé à communiquer par téléphone avec sa famille de façon hebdomadaire. Cependant, en janvier, les appels réguliers ont été interrompus et sont devenus sporadiques. Il a par la suite expliqué à sa famille que les autorités avaient restreint ses communications avec elle pour le punir d’avoir demandé à sa femme, au cours d’un appel, ce qui s’était passé récemment en Arabie saoudite.
Ahmed al Doush a été soumis à un interrogatoire poussé en l’absence d’un avocat et avant d’être informé des charges retenues contre lui. Pendant les interrogatoires, on lui aurait dit que s’il n’avait pas été actif sur les réseaux sociaux, il serait chez lui avec sa famille. Il est à noter que son compte X n’a que 37 abonnés et un total de quatre messages.
Depuis son arrestation, Ahmed al Doush a été autorisé à recevoir trois visites consulaires de l’ambassade du Royaume-Uni à Riyad, la première ayant eu lieu le 21 novembre 2025, près de trois mois après son arrestation. En amont de cette visite, le gouvernement britannique n’avait communiqué à sa famille aucun renseignement sur sa détention, son statut ou son bien-être, invoquant pour justifier cela la protection des informations.
Amnesty International a recueilli des informations sur la répression croissante par les autorités saoudiennes de la liberté d’expression, qui cible à la fois des Saoudien·ne·s et des étrangers·ères, dont beaucoup ont été condamnés à de longues peines d’emprisonnement uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Cela comprend des cas de personnes ayant critiqué le gouvernement et sa politique.
La procédure suivie dans ces affaires est loin d’être conforme aux normes internationales d’équité des procès. Les personnes sont souvent détenues au secret sans inculpation, placées à l’isolement et privées d’accès à un avocat ou à un tribunal pour contester la légalité de leur détention.
Depuis 2013, Amnesty International a recueilli des informations sur les cas de 86 personnes poursuivies uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, notamment des défenseur·e·s des droits humains, des militant·e·s politiques pacifiques, des journalistes, des poètes et des dignitaires religieux. Parmi elles, 40 ont été poursuivies parce qu’elles avaient exprimé pacifiquement leurs opinions sur les médias sociaux. Amnesty International est consciente du fait que le nombre réel d’affaires de ce type est probablement beaucoup plus élevé.