Yehia Hussein Abdelhady est un opposant déclaré au gouvernement égyptien. Il est le cofondateur et ancien porte-parole du Mouvement démocratique civil, une alliance politique d’opposition. Ces dernières années, il a régulièrement publié des contenus sur les réseaux sociaux et des articles critiquant le gouvernement du président Abdel Fattah al Sissi.
L’arrestation de Yehia Hussein Abdelhady a eu lieu quelques jours seulement avant que le recours à la détention provisoire ne soit discuté lors du « dialogue national », une initiative présidentielle lancée l’année dernière qui sert d’espace de dialogue entre l’opposition et le gouvernement sur des questions urgentes. Ce dernier mois, les autorités égyptiennes ont intensifié leur répression contre les opposant·e·s et les journalistes.
En juillet, les autorités ont arrêté de manière arbitraire un journaliste et un caricaturiste uniquement pour leur travail dans les médias et les ont soumis à des disparitions forcées pendant des périodes allant de deux à cinq jours. Depuis le début du mois de juillet, les forces égyptiennes de sécurité ont arrêté arbitrairement 119 personnes, en relation avec des appels en ligne à des manifestations antigouvernementales qui n’ont finalement pas eu lieu.
Les autorités égyptiennes prennent régulièrement Yehia Hussein Abdelhady pour cible en raison de son opposition politique. Le 11 novembre 2018, le parquet a enquêté sur lui pour outrage au président, troubles à l’ordre public et publication de « fausses nouvelles » après qu’il a publié un message sur Facebook critiquant la déclaration du président Abdel Fattah al Sissi sur la « Révolution du 25 janvier » de 2011. Le parquet a ordonné sa libération sous caution, selon des groupes locaux de défense des droits.
Le 29 janvier 2019, les autorités ont arrêté Yehia Hussein Abdelhady quelques heures après que le Mouvement démocratique civil a appelé à la libération de ses membres arrêtés à la suite de la commémoration de l’anniversaire de la Révolution du 25 janvier. Le service du procureur général de la sûreté de l’État a ouvert des enquêtes pénales contre lui dans l’affaire n° 277 de 2019 sur la base d’accusations d’adhésion à un groupe établi en violation de la loi, de planification et préparation d’actes de violence, d’utilisation de l’anniversaire de la Révolution du 25 janvier pour provoquer le chaos dans le pays, et de publication de « fausses nouvelles », selon des groupes locaux de défense des droits. Les procureurs ont ordonné sa détention provisoire pour 15 jours dans l’attente des enquêtes.
En juin 2021, alors qu’il se trouvait toujours en détention provisoire dans le cadre de l’affaire n° 277 de 2019, il a été renvoyé devant le tribunal en relation avec l’affaire de 2018. Un tribunal d’urgence l’a condamné à quatre ans d’emprisonnement en mai 2022. Les procédures devant les tribunaux d’exception en Égypte sont intrinsèquement injustes. Les personnes condamnées se voient privées du droit de faire appel de leur déclaration de culpabilité et de leur condamnation devant une juridiction supérieure. Le même mois, le président Abdel Fattah al Sisi l’a gracié. Il a été libéré le 1er juin 2022, après trois ans et demi d’emprisonnement.
Le 18 janvier 2024, dans une affaire distincte, un tribunal a condamné Yehia Hussein Abdelhady à un an de prison avec sursis pour publication de « fausses nouvelles », en relation avec des contenu sur les réseaux sociaux dans lesquels il critiquait le gouvernement. Il a été traduit en justice sans être interrogé, selon le Front égyptien pour les droits de l’homme, un groupe local de défense des droits humains.
En vertu du droit international et des normes internationales, le droit à la liberté d’expression s’applique aux informations et aux idées de toutes sortes, y compris celles qui peuvent être considérées comme profondément offensantes, perturbantes ou choquantes. Si les États ont l’obligation d’interdire l’appel à la haine, les normes internationales indiquent clairement que cela doit aller au-delà de la simple expression d’idées ou d’opinions haineuses envers les membres d’un groupe particulier et exigent une démonstration claire de l’intention d’inciter autrui à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence contre un groupe protégé.
Depuis 2013, les autorités égyptiennes ont renforcé leur emprise sur les réseaux sociaux et intensifié leur répression contre les personnes publiant des contenus critiques à l’égard du gouvernement. Depuis lors, les autorités ont soumis des milliers de personnes les ayant critiquées à des arrestations arbitraires et à une détention provisoire prolongée sur la base de fausses accusations liées au terrorisme ou pour avoir publié de « fausses nouvelles », en violation du droit à la liberté d’expression, d’association ou de réunion pacifique.