Écrire Six personnes arrêtées pour avoir couvert des manifestations liées au G20

Six journalistes citoyennes de 64 Tianwang (www.64tianwang.com), un site Internet basé au Sichuan, ont été arrêtées pour avoir couvert des manifestations liées au sommet du G20. Trois ont depuis été libérées, mais on est toujours sans nouvelles de l’une des journalistes et deux autres sont en détention sans possibilité de contacter un avocat et risquent d’être victimes d’actes de torture et d’autres mauvais traitements.

Qin Chao, originaire de la ville de Wugang, dans la province du Henan, avait prévu de couvrir, en tant que journaliste citoyenne non professionnelle, le sommet du G20 qui a eu lieu les 4 et 5 septembre 2016 à Hangzhou, dans la province du Zhejiang. Elle a été arrêtée le 30 août. Qin Chao a été maintenue en détention administrative pendant 10 jours avant d’être officiellement placée en détention le 8 septembre, soupçonnée d’avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public » dans le centre de détention du district de Baofeng, dans la ville de Pingdingshan (province du Henan). Le bureau local de la Sécurité publique n’a informé sa famille de l’endroit où elle se trouvait que le 9 septembre.

Le 6 septembre, Yuan Ying a été placée en détention administrative pour 15 jours au bureau de la Sécurité publique du district de Wenjiang, dans la ville de Chengdu, pour avoir couvert une manifestation ayant regroupé environ 2000 « pétitionnaires » le 2 septembre, juste avant le G20, devant la Commission d’inspection disciplinaire du Parti communiste, à Pékin.

Lin Xiurong, qui avait signalé que le stade de Hangzhou avait été transformé en centre de détention pour les « pétitionnaires », a disparu le 3 septembre.
Trois autres journalistes citoyennes de 64 Tianwang ont été brièvement placées en détention : Jiang Chengfen et Yang Xiuqiong, qui avaient été arrêtées le 1er et le 2 septembre respectivement, ont été libérées le 6 septembre, et He Yazhen, arrêtée le 4 septembre, a été libérée 11 jours plus tard, le 15 septembre.

Les journalistes citoyens jouent un rôle majeur en Chine car ils recueillent des informations sur les atteintes aux droits humains et couvrent des manifestations de « pétitionnaires » et de militants associatifs qui, en raison de la censure, ne sont souvent pas évoquées dans la presse nationale.

Créé en 1998 par un militant du Sichuan, Huang Qi, et sa femme, Zeng Li, 64 Tianwang est l’un des rares sites Internet de Chine continentale qui recueille des informations sur les manifestations de « pétitionnaires » en Chine. La majorité des personnes qui contribuent au site étaient « pétitionnaires » avant de devenir journalistes citoyens et de couvrir les manifestations et les arrestations d’autres « pétitionnaires ».

Depuis la création du site Internet, Huang Qi et d’autres personnes travaillant avec 64 Tianwang ont été arrêtés ou harcelés par les autorités chinoises à plusieurs reprises. Huang Qi a été emprisonné deux fois. Il a d’abord été placé en détention en juin 2000, à l’occasion du 11e anniversaire de la répression de Tiananmen, avant d’être condamné à cinq ans d’emprisonnement en mai 2003 pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État ». Il a été de nouveau détenu puis emprisonné pendant trois ans après avoir dénoncé le scandale de la construction médiocre des bâtiments à la suite du séisme qui a secoué le district de Wenchuan, au Sichuan, en 2008.

D’après 64 Tianwang, il est arrivé plus de 100 fois que leurs journalistes soient interrogés ou placés brièvement en détention depuis que le président Xi Jinping a pris ses fonctions en 2012, et au moins 30 personnes ont été officiellement placées en détention. Huit des journalistes de 64 Tianwang sont actuellement en prison : Wang Jing, Zhang Jixin, Li Min, Sun Enwei, Li Chunhua, Wei Wenyuan, Xiao Jianfang et Yang Dongying.

La Chine a durci les dispositions en matière de sécurité et d’environnement à l’approche du sommet du G20, et ce jusque dans des villes situées à 300 kilomètres de Hangzhou. Tous les habitants de Hangzhou se sont vu accorder une semaine de congé et des tarifs préférentiels pour des lieux touristiques en dehors de Hangzhou, afin de les encourager à quitter la ville. L’accès à certaines zones résidentielles a été interdit aux personnes ne possédant pas les documents d’identité nécessaires pendant le sommet.

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