Luis Manuel Otero Alcántara est devenu une voix majeure du mouvement San Isidro, un groupe très divers d’artistes, de journalistes, d’universitaires et de militant·e·s indépendants qui défendent la liberté d’expression à Cuba. Ce mouvement a été créé à l’origine pour protester contre le décret 349, un texte dystopique qui sert à censurer les artistes.
Luis Manuel Otero Alcántara a été embarqué par des agents des services de sécurité le 2 mai 2021 à son domicile, le siège du mouvement San Isidro, où il observait une grève de la faim pour protester, selon les informations recueillies, contre la saisie de plusieurs de ses œuvres qui se trouvaient chez lui. Selon des informations émanant de l’ONG Cubalex et des médias d’État, il a été emmené au service des urgences de l’hôpital universitaire General Calixto García, à La Havane.
À la connaissance d’Amnesty International, Luis Manuel Otero Alcántara se trouve actuellement à l’hôpital, sous la surveillance ou le contrôle d’agents des services de sécurité de l’État, et serait soumis à un régime de visites très restrictif, limité à sa famille proche. Il ne peut apparemment pas se servir de son téléphone ni avoir accès au monde extérieur. Dans l’attente de sa libération, Luis Manuel Otero Alcántara doit bénéficier des soins médicaux de son choix, être autorisé à recevoir régulièrement des visites de sa famille et de ses amis et pouvoir consulter les avocats de son choix ; il ne doit pas subir d’actes de torture ni de mauvais traitements.
D’après Cubalex et les documents dont dispose Amnesty International, les services cubains de sécurité de l’État ont placé à plusieurs reprises Luis Manuel Otero Alcántara sous surveillance durant des mois ; il risquait d’être arrêté par la police s’il tentait de sortir de chez lui, ce qui revient de fait à un placement en résidence surveillée. La dernière détention en date de Luis Manuel Otero Alcántara intervient alors que des informations font état d’actes de harcèlement et d’intimidation à l’encontre d’autres membres du mouvement San Isidro, et témoigne de la répression exercée dans le pays contre les droits humains, notamment contre le droit à la liberté d’expression.
Amnesty International avait déjà adopté Luis Manuel comme prisonnier d’opinion à deux reprises, dans les deux cas parce qu’il était détenu uniquement pour avoir exercé sans violence son droit à la liberté d’expression. Luis Manuel Otero Alcántara et les membres du mouvement San Isidro, ainsi que leurs sympathisant·e·s et des journalistes, font l’objet d’une surveillance constante et préoccupante, sur laquelle le Service de vérification numérique et des chercheurs d’Amnesty International ont enquêté en décembre 2020.