Le 17 juillet 2025, les autorités tunisiennes ont libéré Rached Tamboura, artiste et étudiant de 29 ans, de la prison de Mornaguia après qu’il eut purgé sa peine de deux ans de prison. Les forces de police l’ont arrêté dans la nuit du 17 au 18 juillet 2023, à Monastir, après que les autorités locales ont porté plainte au sujet d’une série de graffitis qu’il avait réalisés et qui critiquaient le président Kaïs Saïed en raison de ses propos racistes visant les migrant·e·s subsahariens.
Les propos du président en février 2023 avaient déclenché une vague de racisme à l’égard des personnes noires, d’expulsions massives et d’attaques contre des migrant·e·s et des Tunisien·ne·s noirs.
Selon son avocat, des policiers ont interrogé Rached Tamboura tout de suite après son arrestation, sans qu’il bénéficie d’une assistance juridique, et le parquet de Monastir a ordonné son maintien en garde à vue pendant 48 heures. Le 20 juillet, un juge d’instruction du tribunal de première instance de Monastir a inculpé Rached Tamboura au titre de l’article 67 du Code pénal d’« outrage au président » et de l’article 24 du décret-loi n° 54 pour avoir « produit et promu de fausses nouvelles dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou porter préjudice à la sûreté publique ou à la défense nationale ou de semer la terreur parmi la population ». Le juge a ordonné son placement en détention provisoire.
Le 26 juillet 2023, l’enquête a été conclue et le dossier transmis au tribunal. Le 4 décembre 2023, le tribunal de première instance de Monastir a condamné Rached Tamboura à deux ans d’emprisonnement. Le 31 janvier 2024, la cour d’appel a confirmé le jugement.
Tout au long de cette affaire, Amnesty International a fait part de ses vives préoccupations quant à la détention arbitraire et aux poursuites intentées contre Rached Tamboura, soulignant que son expression artistique pacifique ne devrait pas être érigée en infraction. Elle a demandé aux autorités tunisiennes d’abandonner toutes les charges pesant sur Rached Tamboura, de le libérer et d’abroger les lois répressives, notamment le décret-loi n° 54, fréquemment invoquées pour étouffer la dissidence pacifique et faire taire les détracteurs.
Alors que Rached Tamboura a désormais recouvré la liberté, son cas souligne la répression croissante des droits humains, notamment les droits à la liberté d’expression et d’association et l’état de droit en Tunisie, particulièrement sous la présidence de Kaïs Saïed.