Ahmed al Doush est actuellement détenu à la prison d’al Hair, à Riyadh, la capitale saoudienne.
Amnesty International recueille des informations sur la répression croissante de la liberté d’expression en Arabie saoudite, qui cible des personnes de nationalité saoudienne comme étrangère, dont beaucoup sont condamnées à de lourdes peines de prison pour avoir simplement exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression.
Ahmed al Doush s’est vu attribuer un avocat commis d’office lors de sa première audience le 27 janvier 2025, mais n’est pas autorisé à communiquer régulièrement avec lui. Avant l’audience, aucun avocat ne l’accompagnait et il a déclaré qu’il n’avait réalisé qu’il allait être présenté à un juge que lorsqu’il était arrivé. Il a comparu lors d’une deuxième audience le 4 mars 2025, une nouvelle fois sans en avoir été préalablement informé, puis de nouveau le 13 avril. Pendant cette audience, un juge l’a informé qu’une décision serait rendue sur son affaire fin avril, ce qui laisse craindre qu’il soit bientôt condamné.
En raison des restrictions que les autorités pénitentiaires imposent à ce qu’il est autorisé à dire à son épouse lors de leurs appels téléphoniques, dont il lui a fait part en avril 2025, elle n’a pas reçu d’informations détaillées sur ses procédures judiciaires, notamment sur les accusations et éléments de preuve retenus contre lui ou les sanctions qu’il encourt, ni sur ses conditions de détention ou sa santé.
Lors d’un appel avec son épouse en avril, il a déclaré que les autorités pénitentiaires lui avaient ordonné de seulement prendre des nouvelles d’elle et de ses enfants lors des appels et lui avaient dit que s’il évoquait quoi que ce soit d’autre, notamment ses conditions de détention, sa santé, ses procédures judiciaires ou les charges retenues contre lui, l’appel serait coupé et il se serait sanctionné.
Les proches d’Ahmed al Doush ont été privés de communication avec lui pendant deux mois et demi après son arrestation le 31 août 2024. Ils n’ont par ailleurs reçu aucune information sur sa situation ou la raison de son arrestation. Son épouse et ses enfants n’ont pas reçu la moindre information sur son bien-être, ses conditions de détention ou la possibilité qu’il rentre chez lui et le délai dans lequel il pourrait rentrer.
Il a également été privé de services consulaires de représentant·e·s du gouvernement britannique pendant cette période, ce qui a gravement entravé la capacité du gouvernement britannique et de sa famille à obtenir des informations à propos de lui, de sa détention et des mesures qu’ils pourraient prendre pour faciliter sa libération.
Ce n’est que le 17 novembre 2024 qu’Ahmed al Doush a été autorisé à téléphoner à son épouse. Il a ensuite été autorisé à téléphoner chaque semaine à sa famille. Cependant, en janvier, ces appels ont été interrompus et sont devenus sporadiques. Il a plus tard déclaré à ses proches que ses communications avec eux étaient restreintes par les autorités à titre de sanction pour avoir demandé à son épouse des informations sur des personnes ayant récemment été libérées en Arabie saoudite.
Ahmed al Doush a été soumis à de longs interrogatoires, en l’absence de son avocat et avant d’avoir été informé des accusations dont il faisait l’objet. Pendant les interrogatoires, il aurait été informé que sans son activité sur les réseaux sociaux, il serait chez lui avec sa famille. Pourtant, son compte X ne compte que 37 abonné·e·s et quatre publications au total.
Depuis son arrestation, Ahmed al Doush a été autorisé à recevoir trois visites consulaires de l’ambassade britannique à Riyadh, la première ayant eu lieu le 21 novembre 2024, près de trois mois après son arrestation. Avant la visite, le gouvernement britannique n’a partagé aucune information quant à sa détention, son statut ou son bien-être avec sa famille, au motif de la protection des données.
Les procédures judiciaires dans ces affaires sont bien loin d’être conformes aux normes internationales d’équité des procès. Les accusé·e·s sont souvent détenus au secret sans inculpation, à l’isolement, et privés de la possibilité de consulter un avocat ou de contester la légalité de leur détention devant un tribunal.
Depuis 2013, Amnesty International a rassemblé des informations sur les cas d’au moins 86 personnes poursuivies pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, parmi lesquelles des défenseur·e·s des droits humains, des militant·e·s politiques pacifiques, des journalistes, des poètes et des dignitaires religieux. Parmi ces personnes, 40 ont été poursuivies pour l’exercice légitime de leur droit à la liberté d’expression sur les réseaux sociaux. Le nombre réel des procédures engagées à ce titre est probablement beaucoup plus élevé.