Abdulrahman al Sadhan est Saoudien et il est né le 28 mai 1983. Il est titulaire d’un diplôme universitaire d’administration des affaires et occupe un poste d’assistant du responsable de la Société saoudienne du Croissant-Rouge, à Riyad. Il est actuellement incarcéré à la prison d’Al Hair, à Riyad, où il purge une peine de 20 ans d’emprisonnement prononcée par le Tribunal pénal spécial à Riyad le 5 avril 2021.
Lors de la première audience de son procès, le 3 mars 2020, Abdulrahman al Sadhan a notamment été accusé de « financement du terrorisme », de « soutien à une entité terroriste (EIIL) et promotion en sa faveur », de « préparation, stockage et envoi de ce qui peut porter préjudice à l’ordre public et aux valeurs religieuses », d’« adoption d’une approche extrémiste appelant à exclure les femmes et à les priver de leurs droits garantis par la loi » et d’« outrage aux institutions et représentants de l’État et diffusion de fausses rumeurs à leur sujet ».
Le 11 mars, une deuxième audience a eu lieu à laquelle ont assisté le père d’Abdulrahman al Sadhan et un avocat désigné par le tribunal qui n’a été autorisé à s’entretenir avec Abdulrahman al Sadhan que pendant 40 minutes avant l’audience. Pendant une heure seulement, son père et son avocat ont été autorisés à examiner une liste de « preuves » retenues contre lui, consistant en plus de 200 pages de tweets provenant de comptes Twitter satiriques et d’un document de deux pages contenant les « aveux » d’Abdulrahman al-Sadhan qui, selon sa famille, lui ont été extorqués sous la contrainte. Il avait été contraint de signer et d’estampiller les documents considérés comme des « preuves », documents dont ni son père ni son avocat n’ont reçu une copie.
Le 17 mars, une troisième audience a eu lieu durant laquelle l’avocat d’Abdulrahman al Sadhan a présenté les arguments de la défense et son père a soumis une demande de libération temporaire de son fils, restée sans suite. La quatrième audience a eu lieu le 22 mars en l’absence du père et de l’avocat d’Abdulrahman al Sadhan, qui n’ont pas été avertis à temps par les autorités. Le 5 avril, le Tribunal pénal spécial a condamné Abdulrahman al Sadhan à 20 ans d’emprisonnement suivis de 20 ans d’interdiction de voyager. Il a l’intention de faire appel de ce verdict.
Les recherches menées par Amnesty International montrent que devant le Tribunal pénal spécial, initialement créé en tant que juridiction antiterroriste, des militant·e·s pacifiques, des dignitaires religieux et des membres de la minorité chiite sont souvent soumis à des procès d’une flagrante iniquité et condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement, voire à la peine de mort, sur la base d’« aveux » extorqués au moyen de la torture. Plusieurs personnes ont déjà été exécutées. Ce tribunal est l’un des plus puissants instruments utilisés par l’État saoudien pour étouffer les voix critiques en Arabie saoudite.
Amnesty International demande aux autorités saoudiennes de libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues uniquement parce qu’elles ont pacifiquement appelé à des réformes ou défendu les droits fondamentaux. Figurent au nombre des personnes actuellement emprisonnées Mohammed al Bajadi, membre fondateur de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA), qui a été dissoute, et éminent défenseur des droits humains ; et Salman al Awda, un dignitaire religieux réformiste qui encourt la peine de mort.