Chang Weiping est un avocat et défenseur des droits humains qui vit à Baoji, dans la province du Shanxi. Il est connu pour son travail en faveur des droits des personnes victimes de discrimination en raison de leur état de santé, de leur sexe, de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle. En raison de son franc-parler et du caractère sensible de son travail, le Bureau des affaires judiciaires de la municipalité de Baoji a suspendu son autorisation d’exercer sa profession en octobre 2018.
La pression et l’ingérence exercées en permanence par les autorités ont empêché Chang Weiping de se faire embaucher dans d’autres cabinets d’avocats en 2019. Finalement, en janvier 2020, les autorités ont officiellement annulé son autorisation d’exercer.
Chang Weiping a été arrêté le 22 octobre 2020. Comme il habite seul, personne n’était au courant de son arrestation jusqu’à ce que les autorités en informent son épouse par téléphone le soir même. Elles n’ont encore fourni aucun document décrivant les circonstances de son arrestation.
Le 26 octobre, le père de Chang Weiping et des avocats engagés par sa famille se sont rendus ensemble auprès de la sous-direction du bureau de la Sécurité publique de Baoji pour le district de Gaoxin afin de tenter d’obtenir des informations sur son arrestation. Toutes leurs demandes – de documents juridiques, de contacts avec Chang Weiping et de libération sous caution – ont été rejetées.
Ce n’est pas la première fois cette année que Chang Weiping est placé en « résidence surveillée dans un lieu désigné ». Il a été détenu à ce titre pendant 10 jours en janvier 2020 après avoir participé à une réunion privée à Xiamen en décembre 2019, au cours de laquelle des militant·e·s des droits humains avaient débattu de sujets d’actualité et de la situation de la société civile en Chine. Un autre avocat spécialiste des droits humains ayant assisté à cette réunion, Ding Jiaxi, demeure détenu depuis qu’il a été arrêté par des policiers le 26 décembre 2019.
Chang Weiping a été arrêté six jours après avoir publié une vidéo sur YouTube, dans laquelle il raconte avoir été soumis à la torture pendant sa détention en janvier 2020. Il affirme que des policiers l’attachaient 24 heures sur 24 à une chaise d’immobilisation appelée « chaise du tigre » et qu’il a été interrogé à 16 reprises. Il dit également avoir été placé sous surveillance renforcée après sa libération.
La « résidence surveillée dans un lieu désigné » est une mesure qui, dans certaines circonstances, permet aux enquêteurs de maintenir des personnes hors du système de détention officiel pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois, et s’apparente à une forme de détention au secret. N’ayant pas la possibilité de consulter un avocat de leur choix ni d’entrer en contact avec quiconque, y compris leur famille, les suspects placés sous ce régime de « résidence surveillée » risquent de subir des actes de torture et d’autres mauvais traitements.
Cette forme de détention est utilisée pour entraver les activités de défenseurs des droits humains, dont des avocats, de militants et de pratiquants de certaines religions. Les militants et les défenseurs des droits humains continuent d’être systématiquement soumis à une surveillance, à des manœuvres de harcèlement et d’intimidation, à des arrestations et à des placements en détention.