Jiang Tianyong est détenu au secret, sans pouvoir voir sa famille ni consulter les avocats de son choix, depuis son placement en détention le 21 novembre 2016. Il a été autorisé à parler à son père au téléphone après avoir été condamné le 21 novembre. Tout au long de sa détention, le bureau de la Sécurité publique de la ville de Changsha a rejeté toutes les demandes de rencontre faites par les avocats engagés par la famille, invoquant un risque d’« entrave à l’enquête » et de « mise en danger de la Sécurité nationale ».
En janvier 2017, l’avocat spécialiste des droits humains Xie Yang, qui avait été détenu lors de la répression des avocats de juillet 2015, a parlé à son avocat, qui a par la suite raconté en détail la façon dont Xie Yang a été torturé en détention. Les allégations de torture ont été largement relayées par les médias internationaux, et en février, à la suite de ces allégations troublantes, onze pays ont écrit une lettre privée à la Chine pour exprimer leur « inquiétude croissante au sujet d’allégations récentes de torture et d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants dans le cadre d’affaires concernant des avocats spécialistes des droits humains et d’autres défenseurs des droits humains détenus. » Ils ont également demandé à la Chine de mettre fin au recours au placement en « résidence surveillée dans un lieu désigné », une forme de détention au secret dans un lieu non révélé, qui permet à la police de maintenir des personnes hors du système de détention officiel pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois. Les suspects ainsi détenus sont totalement coupés du monde extérieur, sans la possibilité notamment de consulter un avocat de leur choix ni d’entrer en contact avec leur famille, et sont exposés à un risque élevé de torture et d’autres mauvais traitements. Le contenu de cette lettre a par la suite été révélé par la presse internationale. Les médias nationaux chinois ont publié un déluge d’informations visant à reléguer les allégations de tortures au rang de « fausses informations ».
Dans le cadre de la campagne visant à discréditer les allégations de torture, des médias de Chine continentale ont diffusé un enregistrement vidéo d’une interview de Jiang Tianyong qui a eu lieu en février. Dans cette vidéo, Jiang Tianyong affirmait avoir inventé les récits de torture de Xie Yang. Cependant, des analystes ont remarqué que Jiang Tianyong se trouvait en détention au secret au moment où les allégations de torture de Xie Yang ont commencé à faire les gros titres de la presse internationale. De plus, les « aveux forcés » sur les chaînes de télévision de l’État sont devenus monnaie courante en Chine ces dernières années.
Jiang Tianyong a été officiellement arrêté pour « subversion de l’État » le 31 mai 2017. Le 15 juin 2017, le directeur du centre de détention n° 1 de la ville de Changsha a informé verbalement les deux avocats engagés par la famille que Jiang Tianyong avait choisi deux autres avocats pour le représenter. La famille a déclaré publiquement qu’elle n’acceptait pas ces avocats commis d’office et qu’elle condamnait le gouvernement pour les avoir engagés. Le centre de détention n’a fourni aucune preuve que Jiang Tianyong avait autorisé le changement d’avocats et n’a pas autorisé les avocats engagés par la famille à rencontrer celui-ci.
Jiang Tianyong est intervenu dans plusieurs affaires très médiatisées et a soutenu d’autres défenseurs des droits humains, y compris l’avocat spécialiste des droits humains Gao Zhisheng, qui a été emprisonné et constamment harcelé en raison de ses activités en faveur des droits humains, et le militant juridique aveugle Chen Guangcheng, qui a dénoncé des pratiques d’avortement forcé imposé à des villageoises par les autorités de Dongshigu, à Linyi (Shandong).
Avant sa détention actuelle, Jiang Tianyong a été détenu pour la dernière fois en mars 2014, après être allé enquêter avec trois autres avocats dans une « prison noire » – lieu de détention officieux – de Jiansanjiang (Heilongjiang), où se trouvaient, semble-t-il, des adeptes du Fa Lun Gong. Battu en détention, il a eu huit côtes fracturées.
En mai 2012, il avait déjà été détenu par des agents de la sécurité publique alors qu’il s’apprêtait à rendre visite à Chen Guangcheng à l’hôpital de Chaoyang (district de Haidian, Pékin). Détenu pendant neuf heures, il avait été passé à tabac si violemment qu’il avait eu le tympan gauche perforé et une baisse d’audition temporaire à l’oreille droite.
Près de 250 avocats et militants ont été pris pour cible depuis la répression sans précédent visant les militants des droits humains, qui a débuté dans le pays en juillet 2015. L’avocat Wang Quanzhang a été détenu au secret pendant plus de deux ans et il est le dernier des personnes ciblées à toujours attendre son procès.