Écrire Un avocat aurait été torturé en détention

Maintenu au secret pendant plus de 18 mois, Yu Wensheng, avocat défenseur des droits humains, a finalement été autorisé à rencontrer son avocat le 14 août. Selon son avocat, Yu Wensheng a été torturé en détention et son état de santé s’est fortement détérioré.

Inculpé pour « incitation à la subversion de l’État », Yu Wensheng a été condamné le 17 juin 2020 à une peine de quatre ans d’emprisonnement assortie d’une privation de ses droits politiques pendant trois ans.

Cet homme est un prisonnier d’opinion, détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement ses droits à la liberté d’expression. Il doit donc être libéré immédiatement et sans condition.

Yu Wensheng est un éminent avocat de Pékin spécialisé dans la défense des droits humains. Il a plaidé dans plusieurs affaires très médiatisées liées aux droits humains. Il a notamment défendu des pratiquants du Fa Lun Gong, ainsi que son collègue avocat défenseur des droits humains Wang Quanzhang, détenu et inculpé de « subversion de l’État » dans le cadre de la vague de répression massive qui s’est abattue à partir de juillet 2015 sur les avocats et les militants.

Yu Wensheng a été condamné le 17 juin 2020 à quatre ans d’emprisonnement et à trois ans de privation de ses droits politiques. Ses avocats n’ont reçu aucune notification officielle concernant cette condamnation ni sur les documents officiels relevant de son dossier. La famille et les amis de Yu Wensheng pensent que sa condamnation est liée à une lettre ouverte dans laquelle il a critiqué le président Xi Jinping en affirmant qu’il n’était pas apte à diriger la Chine en raison de sa mainmise « totalitaire » sur le pays. Il attend désormais son procès en appel. Il a formé un recours contre sa condamnation en juin, alors qu’il n’avait toujours pas le droit de s’entretenir avec son avocat.

Soupçonné d’« incitation à la subversion de l’État » et d’« entrave à agent dans l’exercice de ses fonctions », Yu Wensheng a été officiellement arrêté par le bureau de la Sécurité publique de Xuzhou, dans la province de Jiangsu, le 19 avril 2018. Il a ensuite été placé en « résidence surveillée dans un lieu désigné », une mesure qui permet, dans certaines circonstances, aux enquêteurs de maintenir des personnes hors du système de détention officiel pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois, et qui s’apparente à une forme de détention au secret.

Les suspect·e·s placés dans cette forme de « résidence surveillée » n’ont pas la possibilité de consulter un avocat de leur choix ni d’entrer en contact avec quiconque, y compris leur famille, et sont exposés à un risque de torture et d’autres mauvais traitements. Cette forme de détention a été utilisée pour entraver les activités de défenseur·e·s des droits humains, dont des avocat·e·s, des militant·e·s et des pratiquant·e·s de certaines religions.

Le 15 janvier 2018, quatre jours avant d’être emmené par la police, Yu Wensheng a reçu une lettre du Bureau de la Justice de la municipalité de Pékin lui annonçant que son autorisation d’exercer en tant qu’avocat avait été suspendue car cela faisait plus de six mois qu’il n’avait pas été employé par un cabinet d’avocats officiellement enregistré. Il a également reçu une lettre de ce même Bureau, datée du 12 janvier 2018, l’informant que sa demande d’ouverture d’un nouveau cabinet d’avocats avait été rejetée car il avait fait à plusieurs reprises des commentaires critiquant l’autorité du Parti communiste et le régime de « l’état de droit socialiste » en vigueur dans le pays.

Xu Yan, l’épouse de Yu Wensheng, se bat inlassablement depuis deux ans pour obtenir la libération de son mari. Xu Yan a essayé à de nombreuses reprises de rendre visite à son époux, qui était détenu au secret à 800 km de leur domicile à Pékin. Ses 60 tentatives afin de rencontrer des représentants des autorités et ses 25 demandes de visites à son mari sont restées lettre morte.

Depuis janvier 2018, Xu Yan a déposé environ 300 requêtes auprès de différentes administrations en relation avec la détention de son époux. Elle n’a pas reçu une seule réponse. Xu Yan fait l’objet d’une surveillance et d’un harcèlement constants de la part des autorités depuis qu’elle a commencé à prendre la défense de son époux. Elle a été convoquée par les autorités, arrêtée et privée du droit de se déplacer librement.

Les militant·e·s et les défenseur·e·s des droits humains en Chine continuent d’être systématiquement soumis à une surveillance, à des manœuvres de harcèlement et d’intimidation, à des placements en détention et à des arrestations.

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