Claudia González Orellana, 55 ans, est une ancienne membre de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), une agence des Nations unies qui a été active dans le pays jusqu’en 2019. En 2019, le gouvernement a refusé de renouveler le mandat de cette institution et, depuis lors, ses anciens responsables – notamment ceux qui travaillent pour la FECI, le Bureau du procureur spécial contre la corruption et l’impunité, qui a collaboré étroitement avec la CICIG - ont fait l’objet de graves persécutions et de poursuites en représailles contre leur travail. Sous l’égide de la CICIG, de nombreux scandales de corruption ont été révélés et des cas très médiatisés de violations des droits humains et de crimes au regard du droit international ont donné lieu à des poursuites.
Outre le fait d’être une ancienne responsable de la CICIG, Claudia González Orellana représente également plusieurs anciens membres de la CICIG et de la FECI qui sont visés par des accusations criminelles injustes, en représailles contre leur travail. Elle représente notamment l’ancienne cadre de la FECI Virginia Laparra, qui purge actuellement une peine de prison pour avoir porté plainte contre un juge dans le cadre de ses fonctions, et Juan Francisco Sandoval, ancien chef de la FECI, actuellement en exil hors du Guatemala. En mai 2023, Claudia González Orellana a reçu le prix Lawyers for Lawyers, qui récompense des juristes confrontés à des risques élevés dans le cadre de leur travail.
La procédure pénale engagée contre elle constitue une tentative claire de la punir à la fois pour son travail au sein de la CICIG et pour ses tentatives d’obtenir justice pour ses collègues injustement poursuivis. Les personnes qu’elle représente, telles que Virginia Laparra et Juan Francisco Sandoval, ne sont en outre pas protégées dans le cadre des procédures judiciaires engagées contre elles, et cela constitue un message lourd de menaces pour celles et ceux qui s’expriment en faveur de la justice et des droits humains au Guatemala.
Depuis 2019, plus de 50 défenseur·e·s des droits humains, procureurs, anciens employés de la CICIG, juges et journalistes ont été contraints de fuir le pays en raison de poursuites pénales infondées engagées par le ministère public du pays contre eux et du manque total d’impartialité et de garanties protégeant leurs droits au Guatemala à l’heure actuelle.
La détention de Claudia González Orellana s’inscrit dans ce contexte. Des experts internationaux des droits humains ont exprimé à plusieurs reprises leur inquiétude concernant les poursuites visant des personnes impliquées dans la lutte contre la corruption et l’impunité au Guatemala.
Avant son arrestation, Claudia González Orellana s’est rendue à plusieurs reprises au bureau du procureur pour obtenir des informations sur l’ouverture d’éventuelles poursuites contre elle, mais ces informations lui ont été refusées. Le 28 août 2023, des fonctionnaires du ministère public ont exécuté plusieurs mandats de perquisition contre d’anciens employés de la CICIG et de la FECI, notamment au domicile de Claudia González Orellana. Cette dernière a ensuite été placée en détention. Elle a été arrêtée pour « abus de pouvoir », bien qu’elle n’ait jamais occupé de fonction au sein du gouvernement guatémaltèque. Ces accusations soulèvent donc de graves questions quant à l’impartialité et à la motivation des poursuites engagées contre elle. Le jour de son arrestation, le juge a dans un premier temps refusé qu’une audience ait lieu.
Lorsque l’audience s’est finalement tenue, le parquet ne s’est pas présenté et Claudia González n’a donc pas été correctement informée des charges retenues contre elle, ce qui est contraire à ses droits. Malgré cela, elle a été placée en détention provisoire jusqu’à sa prochaine audience, et serait détenue à l’isolement. La prochaine audience est prévue pour le 6 septembre 2023, alors que le droit guatémaltèque prévoit qu’elle ait lieu dans les 24 heures suivant sa mise en détention.
Les derniers cas recensés par Amnesty International montrent que les autorités guatémaltèques ne garantissent pas le droit à un procès équitable, ni d’autres droits fondamentaux des personnes faisant l’objet de poursuites pénales infondées.
Amnesty International exhorte les autorités guatémaltèques à réexaminer de manière immédiate et impartiale les charges retenues contre Claudia González et de garantir le respect de ses droits fondamentaux.