Le 1er novembre 2018, les forces de sécurité ont fait irruption chez Hoda Abdelmoniem, au Caire, à 1 h 30 du matin, ont mis son domicile à sac, puis ont emmené cette femme, les yeux bandés, chez sa mère. Pendant que les forces de sécurité fouillaient le domicile de sa mère, Hoda Abdelmoniem est restée, les yeux toujours bandés, dans un véhicule de police. Elle a ensuite été emmenée de force dans un lieu inconnu. Sa fille a assisté à son arrestation. Les agents ont confirmé à la fille de Hoda Abdelmoniem leur appartenance aux forces de sécurité de l’État, mais ils n’ont pas présenté de mandat d’arrêt, ni précisé le motif de l’arrestation ou l’endroit où ils emmenaient sa mère. Hoda Abdelmoniem n’a pu emporter aucun médicament ni effet personnel. Elle a un caillot de sang dans la jambe et souffre d’hypertension, ce qui fait qu’elle a fréquemment des problèmes d’équilibre. Les avocats de Hoda Abdelmoniem se sont rendus dans divers postes de police pour s’enquérir de son sort, mais ils n’ont pas réussi à déterminer où elle était détenue. Les autorités ont nié le fait que Hoda Abdelmoniem avait été arrêtée et ont affirmé qu’elles ne savaient pas où elle se trouvait. Amnesty International pense qu’elle a été victime d’une disparition forcée.
Hoda Abdelmoniem, 60 ans, est une avocate spécialisée dans la défense des droits humains qui travaille bénévolement comme consultante pour la Coordination égyptienne pour les droits et les libertés (ECRF), une organisation de défense des droits humains de premier plan. Ces cinq dernières années, Hoda Abdelmoniem a recueilli des informations sur les violations des droits humains, notamment sur des cas de disparitions forcées. Elle est également avocate à la Cour de cassation et à la Cour suprême constitutionnelle égyptiennes, et a été membre du Conseil national des droits humains et du Barreau égyptien. Amnesty International pense que Hoda Abdelmoniem a été appréhendée en raison de ses activités militantes et parce qu’elle a fait partie de la défense dans le cadre de plusieurs affaires relatives aux droits humains. L’arrestation de Hoda Abdelmoniem a eu lieu dans le contexte d’une nouvelle série d’arrestations. Celles-ci ont débuté le 1er novembre 2018 et visent d’éminents militants des droits humains et avocats spécialistes de ces droits, comme Mohamed Abu Horaira, ancien porte-parole de l’ECRF.
Hoda Abdelmoniem fait l’objet d’une interdiction de se rendre à l’étranger depuis fin 2013. Elle n’a été inculpée d’aucune infraction.
Le 1er novembre 2018, le jour où elle a été appréhendée, les autorités égyptiennes ont lancé une série de descentes, arrêtant au moins 31 militant.e.s des droits humains et avocat.e.s spécialistes de ces droits (10 femmes et 21 hommes).
L’ECRF, qui réunit des informations sur les disparitions forcées et le recours accru à la peine de mort et apporte une assistance juridique aux victimes de violations, a été particulièrement visée par cette répression, car nombre de ses membres ont été arrêtés. Dans une déclaration publiée le 1er novembre et annonçant la suspension de ses activités en faveur des droits humains, l’ECRF a indiqué que la situation actuelle en Égypte était incompatible avec la défense des droits humains et a réclamé l’intervention du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.