Le 17 janvier 2025, Temirlan Ensebek (également appelé Ensebekov), blogueur, créateur de contenus et auteur pour la publication satirique en ligne Qaznews24, qui était l’un des cas présentés dans le cadre de la campagne 2021 Écrire pour les droits d’Amnesty International, a été arrêté par la police près de son domicile à Almaty, au Kazakhstan.
Il a été inculpé au titre de l’article 174 du Code pénal du Kazakhstan d’« incitation à la discorde interethnique » et placé en détention provisoire pendant deux mois. Cette accusation se fonde sur une publication postée en janvier 2024 sur Qaznews24 qui reprenait la chanson kazakhe « Yo, Oryslar » (« Yo, les Russes ») en réponse aux propos tenus par Tina Kandelaki, personnalité médiatique russe, qui a affirmé que la langue russe faisait l’objet de discriminations au Kazakhstan. Cette chanson, dont les auteurs restent inconnus, circule depuis plus de 20 ans et présente des paroles offensantes. Pourtant, elle n’a été interdite qu’après l’arrestation de Temirlan Ensebek.
Des organisations kazakhes, régionales et internationales de défense des droits humains, ainsi que des journalistes et des initiatives de la société civile, ont condamné les poursuites engagées contre Temirlan Ensebek, estimant qu’elles étaient motivées par des considérations politiques et visaient à le sanctionner pour ses critiques soutenues à l’égard des autorités sur Qaznews24.
S’il est déclaré coupable, il encourt une amende de 29 millions de tenge (environ 55 000 euros), assortie de restrictions à sa liberté, ou une peine d’emprisonnement comprise entre deux et sept ans.
Ce n’est pas la première fois qu’il est poursuivi en justice. En 2021, il fut l’un des héros de la campagne d’Amnesty International Écrire pour les droits après avoir été ciblé au titre de l’article 274 du Code pénal du Kazakhstan pour « diffusion délibérée de fausses informations ».
Officiellement, à titre de « témoin ayant le droit de se défendre », il n’était pas restreint dans ses déplacements, mais était légalement tenu de retourner à son lieu de résidence officiel à Almaty s’il était convoqué par la police. En cas d’inculpation, il risquait une amende de 16 000 euros, des peines de travaux d’intérêt général, jusqu’à trois ans de restriction de liberté, ou une peine d’emprisonnement.
Les poursuites engagées contre lui en 2021 étaient également liées à Qaznews24 : dans ses publications, il tournait en dérision les informations officielles, notamment les déclarations du gouvernement et celles de l’Administration spirituelle des musulmans du Kazakhstan, soutenue par l’État. Alors qu’un avertissement indiquait que le contenu de Qaznews24 était satirique, le 15 mai 2021, la police l’a arrêté, a perquisitionné son domicile et saisi son téléphone, son ordinateur et son modem.
L’enquête préliminaire visant Temirlan Ensebek a été officiellement close le 22 juillet 2022, la confirmation des autorités ayant été reçue le 15 septembre de la même année.