Nguyễn Ngọc Nh˝ Quỳnh a souvent participé à des événements de promotion des droits humains et a été arrêtée arbitrairement et rouée de coups par la police de sécurité à plusieurs reprises. En mai 2013, des militants ont organisé des pique-niques dans la capitale vietnamienne, Ha Noi, à Ho Chi Minh-Ville et à Nha Trang pour parler des droits inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) et apprendre plus sur ces droits.
Nguyễn Ngọc Nh˝ Quỳnh a essayé de se rendre à l’endroit où ces pique-niques devaient avoir lieu à Nha Trang, mais en a été empêchée par la police de sécurité. Des participants ont signalé qu’ils avaient été victimes de violences. En mars 2014, elle faisait partie d’un groupe de blogueurs qui a organisé un café débat sur les droits humains à Ho Chi Minh-Ville à propos du droit de circuler librement. Plusieurs de ces blogueurs, notamment Nguyễn Ngọc Nh˝ Quỳnh, avaient déjà fait l’objet d’interdictions de quitter le Viêt-Nam et/ou s’étaient fait confisquer leur passeport. Un troisième café débat sur les droits humains devait avoir lieu à Nha Trang en avril 2014 à propos de la Convention contre la torture et du problème des personnes mourant dans les postes de police, mais il a dû être annulé car Nguyễn Ngọc Nh˝ Quỳnh et deux autres personnes avaient été arrêtées et détenues arbitrairement avant que le café débat ne commence.
Les pancartes confisquées à son domicile appelaient les autorités à « traduire Formosa en justice », une entreprise taïwanaise responsable d’une grave catastrophe écologique qui a entraîné la mort de plusieurs millions de poissons sur la côte de quatre provinces en avril 2016. Cette catastrophe a mis des milliers de personnes qui ont perdu leurs moyens de subsistance dans une situation très difficile. Bien que Formosa ait finalement avoué être responsable de cette catastrophe, des milliers de personnes ont participé à des manifestations de masse sans précédent contre l’entreprise, exigeant une indemnisation adéquate pour leur permettre de faire face aux difficultés auxquelles ils sont confrontés.
Le Viêt-Nam est partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit le droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Pourtant, ce droit fait l’objet d’une forte restriction en droit et en pratique dans ce pays. Des articles du Code pénal de 1999 portant sur la sécurité nationale et formulés en termes vagues sont fréquemment utilisés pour ériger en infraction des opinions ou activités pacifiques dissidentes. Les personnes qui prônent un changement politique pacifique, critiquent les politiques gouvernementales ou appellent au respect des droits humains sont souvent prises pour cible. L’article 88 (diffusion de propagande contre la République socialiste du Viêt-Nam), est souvent employé pour arrêter, poursuivre et emprisonner des dissidents en raison de leur militantisme pacifique, notamment les blogueurs, les militants luttant pour les droits du travail, les droits fonciers ou la justice sociale, les militants politiques, les adeptes de certaines religions, les défenseurs des droits humains, et même certains paroliers.
Au Viêt-Nam, les conditions de détention sont très dures ; la nourriture et les soins médicaux sont insuffisants et ne respectent pas les obligations minimales prévues par l’Ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus (règles Mandela) et par d’autres normes internationales. Des prisonniers d’opinion ont été maintenus en détention à l’isolement pendant des périodes prolongées afin de les sanctionner et certains ont été également victimes de mauvais traitements, notamment des passages à tabac par des gardiens ou par des codétenus sans que les gardiens n’interviennent. Certains sont fréquemment transférés d’un centre de détention à un autre, bien souvent sans que leurs familles n’en soient informées.
Plusieurs prisonniers d’opinion ont entamé des grèves de la faim pour protester contre les mauvais traitements dont ils ont été victimes et contre les mauvaises conditions de détention. Bien que le Viêt-Nam ait ratifié la Convention contre la torture, qui est entrée en vigueur en février 2015, le pays n’a pas pris de mesures suffisantes pour se mettre en conformité avec ses dispositions. Pour plus d’informations, voir le rapport Viêt-Nam. Des prisons à l’intérieur des prisons : La torture et les mauvais traitements des prisonniers d’opinion au Viêt-Nam, (https://www.amnesty.org/fr/documents/asa41/4186/2016/fr/).
Des représentants diplomatiques au Viêt-Nam, notamment ceux de l’Union européenne, du Royaume-Uni et des États-Unis, ont publié des déclarations condamnant l’arrestation de Nguyễn Ngọc Nh˝ Quỳnh et demandant sa libération immédiate.