Écrire Une blogueuse détenue dans un hôpital psychiatrique

Aïgoul Outepova, blogueuse et journaliste, a été internée contre son gré dans un hôpital psychiatrique à Noursoultan, capitale du Kazakhstan, le 23 novembre.

Depuis le 17 septembre, elle était assignée à résidence et inculpée de « participation à une organisation extrémiste » pour avoir mis en ligne des vidéos sur YouTube et des publications sur les réseaux sociaux dans lesquelles elle critiquait le gouvernement. Le 19 novembre, un tribunal a approuvé une demande de la personne chargée de l’enquête, qui avait sollicité son placement dans un établissement psychiatrique fermé « aux fins d’observation ».

Aïgoul Outepova est une prisonnière d’opinion, prise pour cible uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Elle doit donc être libérée immédiatement et sans condition.

Aïgoul Outepova est une célèbre blogueuse et militante. Sa page Facebook compte 8 000 abonnés et sa chaîne YouTube est également très suivie. En 2015, elle a tenté de se présenter à l’élection présidentielle mais elle a par la suite retiré sa candidature. Elle est accusée d’être une sympathisante du Choix démocratique du Kazakhstan, un parti d’opposition. Le 13 mars 2018, ce parti a été déclaré arbitrairement organisation « extrémiste » pour « incitation à la discorde nationale », au titre de dispositions législatives anti-extrémisme formulées en des termes vagues.

Aïgoul Outepova était assignée à résidence à Noursoultan, capitale du Kazakhstan, depuis le 17 septembre, et le 19 novembre, un tribunal a approuvé une requête de la personne chargée de l’enquête à son sujet, qui avait demandé qu’un juge ordonne son placement forcé dans une institution psychiatrique « aux fins d’observation ».

L’avocat d’Aïgoul Outepova craint qu’elle ne fasse l’objet d’un diagnostic arbitraire de maladie mentale, qu’un traitement ne lui soit administré contre son gré et qu’elle ne soit internée dans cet établissement psychiatrique pendant une période prolongée. Lorsqu’il s’est présenté à l’hôpital avec un membre de la famille d’Aïgoul Outepova le 23 novembre, on leur a dit qu’Aïgoul Outepova n’avait droit à aucun contact avec le monde extérieur.

Il n’est pas rare que des personnes qui critiquent le gouvernement ou qui se mettent en travers d’intérêts particuliers soient soumises à de longues périodes d’observation et d’évaluation psychiatriques. Ainsi, en 2019, le Comité des droits de l’homme des Nations unies a estimé que Zinaïda Moukhortova, qui avait à cinq reprises été internée et soumise à des traitements contre son gré dans des établissements psychiatriques, avait été victime de détention arbitraire ainsi que d’actes de torture et d’autres mauvais traitements.

Aïgoul Outepova n’aurait jamais dû faire l’objet de poursuites, ni d’une assignation à résidence, mesure contraire au droit kazakh, qui dispose que l’assignation à résidence ne doit être utilisée que dans les affaires où la peine maximale encourue est supérieure ou égale à cinq ans, et uniquement s’il existe de solides raisons de penser que des mesures moins restrictives ne peuvent être appliquées.

Les poursuites à l’encontre d’Aïgoul Outepova et son assignation à résidence sont une forme de représailles pour les critiques qu’elle a ouvertement formulées à l’égard du gouvernement.
Voir la déclaration publique (en anglais) suivante : https://www.amnesty.org/en/documents/eur57/3357/2020/en/

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