Écrire Des centaines de manifestants pacifiques ont été arrêtés.

Début avril, l’Égypte a décidé de céder deux îles inhabitées de la mer Rouge à l’Arabie saoudite. Les forces de sécurité ont arrêté des centaines de personnes, qui étaient descendues dans la rue pour protester contre cette décision. Des dizaines d’autres personnes ont été interpellées à leur domicile ou dans des cafés avant des rassemblements. Beaucoup doivent encore répondre d’infractions pénales.

Le Front de défense des manifestants égyptiens (FDEP) a indiqué à Amnesty International qu’au moins 238 personnes avaient été arrêtées sur l’ensemble du territoire le 25 avril. Le FDEP est un groupe composé de militants locaux, y compris de défenseurs des droits humains, dont l’objectif est de protéger les manifestants pacifiques des violations des droits humains. Le mouvement « Freedom for the Brave », un autre groupe égyptien de surveillance, a dressé une liste de 168 noms le 25 avril et des militants ont continué à identifier les détenus le lendemain. L’Association pour la liberté de pensée et d’expression, une organisation non gouvernementale (ONG) locale, a indiqué qu’elle avait recensé 387 cas de contrôles et d’arrestations qui avaient eu lieu dans tout le pays lors des manifestations du 15 avril.

La cession des îles est dénoncée par plusieurs groupes de la société civile, qui considèrent qu’elle est inconstitutionnelle et manque de transparence. En Égypte, le 25 avril est un jour férié qui commémore le retrait d’Israël du Sinaï, en 1982. Quelques jours avant les manifestations du 15 avril, les pouvoirs publics avaient annoncé qu’ils reconnaissaient la souveraineté de l’Arabie saoudite sur les îles. Selon des groupes et des militants égyptiens défendant les droits humains, plus de 90 personnes ont été arrêtées entre le 19 et le 24 avril. La plupart ont été placées en garde à vue pour de multiples charges, notamment le non-respect de la législation antiterroriste, de la Loi relative aux manifestations et d’autres textes réglementant les rassemblements publics, ainsi que pour des infractions portant atteinte à la « sécurité nationale » aux termes du Code pénal.

Parmi les personnes arrêtées récemment en Égypte figurent plusieurs militants de premier plan qui défendent les droits humains et participent à des mouvements de protestation. Ahmed Abdullah, président du conseil d’administration de la Commission égyptienne pour les droits et les libertés, a été interpellé le 25 avril à son domicile par des agents qui, selon ses représentants, appartenaient aux forces spéciales. Il doit répondre de plusieurs accusations, notamment l’incitation à la violence en vue de renverser le gouvernement, l’appartenance à un groupe « terroriste » et la promotion du « terrorisme ».

Haytham Mohammedein, avocat spécialiste du droit du travail et porte-parole du Mouvement socialiste révolutionnaire, a aussi été arrêté à son domicile le 22 avril à l’aube par des agents de la Sécurité nationale, qui ont refusé de produire un mandat d’arrêt. L’un de ses avocats a indiqué à Amnesty International que son client avait été interrogé les yeux bandés et présenté au procureur plus de 24 heures après son arrestation, ce qui est contraire au droit égyptien. Le procureur a ordonné qu’il soit placé en détention pendant 15 jours pour « appartenance à l’organisation interdite des Frères musulmans », « projet de renversement du régime » et « appel à manifester contre le nouveau tracé des frontières maritimes du pays ». Haytham Mohammedein est détenu dans un camp des forces de sécurité centrales appelé « Kilo 10.5 », qui se situe sur la route ralliant Le Caire à Alexandrie par le désert.

Parmi les autres personnes victimes de la répression figurent le célèbre militant Sanaa Seif, convoqué par le ministère public pour interrogatoire le 27 avril, et l’avocat Malek Adly, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt.
Dès le 25 avril en début de journée, on a signalé une présence importante des forces de sécurité, y compris de policiers armés, et des barrages routiers autour de la zone centrale du Caire, ce qui était le signe que les autorités avaient l’intention de réprimer les manifestations. Le président considérait que les manifestations prévues visaient à déstabiliser l’État et le ministre de l’Intérieur a menacé les personnes qui franchiraient la ligne jaune de sanctions sévères.

La Loi relative aux manifestations interdit d’organiser des rassemblements sans l’autorisation des pouvoirs publics et confère aux forces de sécurité de larges pouvoirs, qui leur permettent de disperser les manifestations « non autorisées ». Dans la pratique, les autorités ont pour habitude d’encourager les manifestations organisées par des sympathisants du président Abdel Fattah al Sissi mais de disperser les rassemblements d’opposants.
Amnesty International a fait part à maintes reprises de ses préoccupations quant aux dispositions draconiennes de la législation antiterroriste. La définition large et floue des « actes terroristes » permet en effet aux autorités de réprimer toute forme de dissidence pacifique. Des manifestations avaient déjà été organisées le 15 avril, après l’annonce de la cession des deux îles inhabitées. L’Égypte n’avait pas connu de rassemblements d’une telle ampleur depuis plus de deux ans.

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