Écrire La vie d’un chef mapuche emprisonné est en danger

Le machi (chef spirituel mapuche) Celestino Córdova Tránsito observe une grève de la faim depuis plus de 100 jours pour demander à rejoindre sa communauté pendant une retraite spirituelle obligatoire.

Il a été déclaré coupable d’homicide causé par un incendie volontaire et placé en détention dans la ville de Temuco en 2014.

Les autorités n’ont pas dialogué avec lui et une juridiction locale a autorisé la possibilité de l’alimenter de force. Le 10 août, il a exprimé son intention d’entamer une grève sèche, en cessant également de consommer des liquides.

Amnesty International appelle les autorités à initier de toute urgence un dialogue avec Celestino Córdova et à ne pas l’alimenter contre son gré.

Le machi Celestino Córdova Tránsito a entamé une grève de la faim à Temuco (sud du Chili) le 4 mai 2020, en même temps que huit autres prisonniers mapuches dans la ville d’Angol.

Il demande le respect de ses droits en tant que chef spirituel du peuple mapuche, fonction qui l’oblige à être proche physiquement de sa terre et d’un site sacré qui représente le lien entre le monde terrestre et le monde spirituel. Le fait de rester aussi longtemps loin de ce lieu a des répercussions négatives sur sa santé, en plus des conséquences de la grève de la faim. En outre, les risques supplémentaires que pose la pandémie de COVID-19 doivent être pris en considération.

Tous les prisonniers en grève de la faim demandent que soit appliquée la Convention 169 de l’OIT, afin qu’ils puissent purger leur peine ou passer leur détention provisoire sur leurs terres et non dans une prison. Le 6 juillet, 11 autres prisonniers mapuches ont débuté une grève de la faim à Lebu, et le 20 juillet, sept autres les ont imités à Temuco, tous en signe de soutien aux neuf premiers. Parmi les 27 prisonniers mapuches actuellement en grève de la faim, 19 sont en détention provisoire et n’ont pas encore été jugés.

Le machi Celestino Córdova a été condamné pour homicide causé par un incendie volontaire et doit encore purger 10 années d’emprisonnement.
Une décision de la cour d’appel de Temuco a autorisé son alimentation forcée même contre sa volonté et celle de sa famille. Pour l’heure, cette décision n’a pas encore été suivie d’effet. Celestino Córdova a indiqué clairement qu’il ne veut pas être nourri et il refuse tout traitement. Il risque donc en outre d’être nourri contre son gré.

Ses avocats ont déposé un recours auprès de la cour d’appel de Temuco pour demander qu’il puisse purger sa peine sur sa terre pendant six mois, mais cette requête a été refusée. Ils ont fait appel de ce rejet devant la Cour suprême, dont la décision est en attente.

Le gouvernement chilien a évité sa responsabilité, en affirmant que leurs demandes ne pouvaient pas être satisfaites au regard de la législation actuelle, et il a fallu beaucoup de temps pour qu’il réagisse publiquement à cette situation. Les récentes déclarations du ministre de l’Intérieur indiquent que sa principale préoccupation est de sauver la vie de Celestino Córdova et semblent ouvrir une possibilité de dialogue, mais elles laissent d’autant plus craindre qu’il ne soit nourri de force.

Des médecins indépendants de l’Association médicale du Chili ont rendu visite à Celestino Córdova le 10 août 2020. Ils ont estimé qu’il était dans un état critique et que sa mort pourrait être imminente. Le machi a envoyé un message audio à son porte-parole, dans lequel il prononce ce qu’il considère comme son discours d’adieu.

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