Écrire Une communauté bédouine risque d’être expulsée d’un moment à l’autre

L’armée israélienne a ordonné l’expulsion de 58 familles bédouines palestiniennes à Jabal al Baba, à l’est de Jérusalem. Cet ordre d’expulsion doit être annulé immédiatement.
Le 16 novembre, l’armée israélienne a émis une ordonnance militaire qui chasserait toute la communauté bédouine de Jabal al Baba, qui fait partie de la tribu des Jahalins, de son lieu de résidence actuel situé dans la zone C de la Cisjordanie, à l’est de Jérusalem. Jabal al Baba figure parmi 46 villages bédouins risquant d’être évacués de force. Cette communauté est composée de 58 familles comptant environ 290 personnes au total, dont 151 enfants.
L’ordonnance militaire, émise le 1er novembre, somme tous les habitants du village de quitter leur domicile et d’emporter leurs effets personnels sous huit jours. Ces derniers n’en ont été informés que le 16 novembre, alors que le délai qui leur a été donné pour évacuer les lieux expirait le 23 novembre. L’ordonnance d’expulsion a été émise pour « absence de titre de propriété » et « construction et occupation des sols illégales ». L’avocat des habitants a déposé un recours le 22 novembre, mais celui-ci a été rejeté le 6 décembre. Bien que l’armée israélienne n’ait pas encore mis son ordonnance à exécution, cette mesure déracinerait l’une des communautés les plus pauvres de Cisjordanie et constituerait un transfert forcé de population, qui est un crime de guerre.
L’administration civile israélienne, instance militaire qui gouverne la Cisjordanie occupée, envisage de déplacer le village sur un terrain situé à environ 300 m de l’ancienne décharge municipale de Jérusalem, près de la ville palestinienne d’Abu Dis. Les habitants ont déclaré à Amnesty International que depuis que l’avis d’expulsion a été émis, ils vivent dans un état de peur et d’anxiété permanent, surtout les enfants. La destruction répétée des logements et des sources de revenus de la communauté, qui vise à faire pression sur celle-ci pour qu’elle se déplace, constitue une violation du droit international humanitaire et relatif aux droits humains.

Dans les années 1950, la tribu bédouine des Jahalins a été chassée de force par les autorités israéliennes de la région de Tel Arad, dans le Néguev, vers la Cisjordanie. À la suite de l’occupation de la Cisjordanie par Israël en 1967, l’armée israélienne a limité l’accès des Jahalins à de vastes étendues de pâturages qu’elle a déclarées terrains militaires ou réserves naturelles, en confisquant des terres pour y implanter des colonies et en interdisant aux Bédouins de les utiliser. Dès lors, les déplacements saisonniers et le mode de vie traditionnel des Jahalins sont devenus impossibles, et ces derniers ont été contraints de s’établir dans des petits campements permanents autour de Jérusalem-Est.
La communauté bédouine de Jabal al Baba s’est installée sur des terres appartenant à l’État et sur des terrains privés détenus par des habitants de la ville d’Al Ezariya, à l’est de Jérusalem, avec l’accord des propriétaires. Son village est situé dans un secteur classé dans la zone C aux termes des accords d’Oslo, signés en 1993 entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Dans cette zone, qui couvre plus de 60 % de la Cisjordanie occupée, l’armée israélienne garde un contrôle total sur la sécurité, tandis que l’administration civile israélienne, une instance militaire, supervise l’aménagement du territoire. Les autorités israéliennes n’ont pas autorisé les Palestiniens à valoriser leurs terres situées dans la zone C, ni à y implanter des constructions. La région de Jabal al Baba est encerclée par le mur/barrière, qui limite fortement la liberté de mouvement des habitants et leur accès aux pâturages. Par conséquent, les familles ont dû réduire la taille de leurs troupeaux et la communauté bédouine de Jabal al Baba devient de plus en plus dépendante de l’aide humanitaire.
Depuis des décennies, les Jahalins se battent pour rester chez eux face aux expropriations de terres, aux démolitions de maisons et aux expulsions forcées perpétrées par les Israéliens. Des habitants de Jabal al Baba ont indiqué à Amnesty International que l’administration civile israélienne vient régulièrement sur place pour vérifier si de nouvelles structures ont été installées et surveille la région à l’aide de drones. Selon le ministère de l’Administration locale de l’Autorité palestinienne, l’armée israélienne a démoli 50 bâtiments dont 34 maisons et une école maternelle entre 2009 et 2017. Vingt-cinq de ces structures avaient été financées par des donateurs internationaux et la dernière démolition en date a eu lieu en novembre. Dans le village de Jabal al Baba, 126 maisons supplémentaires risquent d’être démolies. Depuis le début de l’année 2017, l’armée israélienne a démoli 220 bâtiments palestiniens dans la zone C de la Cisjordanie et déplacé 298 personnes selon les données collectées par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies.
Les habitants de Jabal al Baba ont expliqué à Amnesty International que ces démolitions avaient un énorme impact émotionnel sur eux, en particulier sur les enfants. Une femme interrogée par l’organisation a déclaré que son fils de six ans faisait des cauchemars depuis que l’ordonnance d’expulsion avait été émise, lors desquels il lui demandait dans son sommeil : « Est-ce que l’armée est là, est-ce qu’ils sont arrivés ? »
L’armée israélienne a récemment annoncé ses nouveaux projets de démolition des villages d’Aïn el Héloué et Umm Jamal (situés dans la vallée du Jourdain), de Khan al Ahmar (à l’est de Jérusalem) et d’un cinquième des bâtiments du village palestinien de Susiya (dans les collines du sud d’Hébron). L’avocat qui représente les communautés bédouines de Jabal al Baba, d’Aïn el Héloué et d’Umm Jamal a déposé un recours en justice contre les ordonnances d’expulsion, mais celui-ci a été rejeté le 6 décembre.
Le transfert illégal de populations palestiniennes par Israël dans les territoires palestiniens occupés et la destruction massive et injustifiée et l’appropriation de biens palestiniens constituent de graves violations de la quatrième Convention de Genève, et donc des crimes de guerre. Ces actions des autorités israéliennes violent également le droit international relatif aux droits humains, et notamment le droit à un logement convenable.
Nom : la communauté bédouine de Jabal al Baba
Hommes et femmes

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