En 2017, dans l’arrêt T-236, la Cour constitutionnelle colombienne a statué que des éléments permettaient d’affirmer, à titre provisoire, que le glyphosate était une substance toxique qui, à certains degrés d’exposition, pouvait provoquer le cancer ou avoir d’autres conséquences sur la santé. L’arrêt définissait également des conditions à respecter avant de recourir à la pulvérisation aérienne pour détruire des cultures de plantes illicites.
En 2019, la Cour constitutionnelle a publié la résolution 387, dans laquelle elle statuait que le gouvernement avait pour obligation de faire primer la substitution volontaire sur les méthodes violentes d’éradication forcée. La Cour a aussi établi que la pulvérisation aérienne de glyphosate ne devait être utilisée qu’en dernier recours, en cas d’échec de la substitution volontaire et de l’éradication manuelle. Elle a également décidé que le gouvernement colombien devait formuler une décision sur la reprise de la pulvérisation aérienne dans le cadre du point 4 (« Solution au problème des stupéfiants ») des Accords de paix, signés par le gouvernement colombien et les FARC-EP en 2016.
Le 17 décembre 2020, 10 experts indépendants des Nations unies ont envoyé une lettre au président colombien, demandant au gouvernement de ne pas reprendre la pulvérisation aérienne de glyphosate sur les cultures illicites, car cela présenterait « d’énormes risques » pour les droits humains et l’environnement, irait à l’encontre de l’Accord de paix et pourrait être contraire aux obligations de la Colombie en vertu du droit international relatif aux droits humains.
En 2020, le gouvernement n’a pas mis en œuvre de manière notable les programmes de substitution volontaire des cultures, un élément clé de l’Accord de paix. Au contraire, le gouvernement s’est fixé comme objectif d’éradiquer de force la production de coca sur plus de 130 000 hectares à l’aide de l’armée. En juillet 2020, Amnesty International a publié un communiqué de presse appelant le gouvernement à mettre fin aux opérations d’épandage au sol dans les plantations de coca, qui risquaient d’entraîner des violations des droits fondamentaux des communautés paysannes qui dépendent de la coca pour leur subsistance. De plus, Amnesty International a fait valoir que le lancement d’un processus d’éradication forcée des cultures envenimerait la situation de conflit dans le pays et mettrait les communautés rurales et les dirigeants de la société civile dans une situation plus dangereuse encore.
Malgré l’état d’urgence sanitaire déclaré en raison du COVID-19 et les ordonnances gouvernementales relatives à l’isolement obligatoire, ainsi que les nombreuses demandes déposées par plusieurs organisations de la société civile en vue de la suspension de l’éradication forcée des cultures de coca pendant l’état d’urgence sanitaire, les autorités ont procédé à de telles opérations d’éradication dans au moins sept départements du pays.