Le 4 août 2023, des agents du ministère du Renseignement ont arrêté arbitrairement Pakhshan Azizi au domicile de sa famille à Téhéran, ainsi que plusieurs de ses proches, dont Aziz Azizi, son père, et Pashang Azizi, sa sœur, et ils les ont transférés dans la prison d’Evin. Les proches de Pakhshan Azizi ont été libérés sous caution environ deux semaines plus tard. Ils ont par la suite été jugés dans la même affaire que Pakhshan Azizi devant la 26e chambre du tribunal révolutionnaire, et condamnés à des peines allant d’un an à deux ans d’emprisonnement pour des motifs de sécurité nationale et d’autres chefs d’accusation, notamment pour avoir « aidé un criminel à échapper à un procès et à une condamnation », en référence apparente à Pakhshan Azizi. Leurs peines ont été confirmées en appel à la fin du mois de septembre 2024.
Dans une interview accordée aux médias iraniens le 24 juillet 2024 après le prononcé du verdict contre Pakhshan Azizi, l’un de ses avocats a réitéré que « non seulement Madame [Pakhshan] Azizi n’a jamais pris part à des opérations armées, mais […] à partir de 1394 [2015/2016 selon le calendrier grégorien] en effet, en raison des crimes commis par Daesh [autre nom du groupe armé État islamique (EI)], elle s’est rendue dans la région du Rojava [dans le nord-est] en Syrie et, en tant que travailleuse sociale, elle a aidé des personnes réfugiées et victimes [d’EI] ».
Dans cette même interview, son avocat a également déclaré que « même dans le verdict lui-même, il n’y a en outre aucune référence à de quelconques opérations armées ou affrontements armés impliquant Madame [Pakhshan] Azizi en lien avec une quelconque entité gouvernementale ou non gouvernementale iranienne ».
Depuis son placement en détention arbitraire, Pakhshan Azizi a entamé plusieurs grèves de la faim, dont une en mai 2024, pour protester contre le transfert par les autorités de la militante kurde Verisheh (Wrisha) Moradi du quartier des femmes de la prison d’Evin dans la section 209. Elle a mis fin à sa grève de la faim lorsque Verisheh (Wrisha) Moradi a été réintégrée dans le quartier des femmes. En représailles aux activités militantes que Pakhshan Azizi a continué de mener en faveur des droits humains depuis la prison, les autorités ont engagé deux nouvelles procédures contre elle et l’ont privée de contacts avec sa famille.
Mi-août 2024, selon une source bien informée, les autorités ont engagé une procédure contre Pakhshan Azizi pour « émeute en prison » en lien avec ses activités militantes concernant l’élection présidentielle en Iran, qui s’est déroulée sur deux tours fin juin et début juillet 2024. Du 6 juillet à la mi-septembre 2024, les autorités ont interdit à Pakhshan Azizi tout contact avec sa famille ; elle n’a toujours pas le droit de recevoir des visites en personne de sa famille.
Les autorités ont ouvert la deuxième procédure au début du mois de septembre 2024 en lien avec une manifestation organisée par Pakhshan Azizi et plusieurs autres femmes, dont la défenseure des droits humains incarcérée arbitrairement Narges Mohammadi, dans le quartier des femmes de la prison d’Evin contre le recours accru à la peine de mort par les autorités iraniennes.
À la suite du soulèvement « Femme. Vie. Liberté. », les autorités iraniennes ont intensifié leur recours à la peine capitale dans le but de répandre la peur au sein de la population et de resserrer leur emprise sur le pouvoir. Cette escalade inclut le recours à la peine de mort contre des minorités ethniques opprimées, notamment des Baloutches et des Kurdes.
Le 29 janvier 2024, les autorités iraniennes ont exécuté arbitrairement les dissidents kurdes Pejman Fatehi, Vafa Azarbar, Mohammad (Hazhir) Faramarzi et Mohsen Mazloum, qui avaient été condamnés à mort à l’issue d’un procès inique fin 2023. Les autorités avaient soumis les quatre hommes à une disparition forcée après leur arrestation le 20 juillet 2022, et harcelé et intimidé leurs familles. Les autorités ont également intensifié le recours à la peine de mort contre des femmes détenues pour des motifs politiques.
En juin 2024, un tribunal révolutionnaire de la province du Gilan a déclaré la défenseure des droits humains Sharifeh Mohammadi coupable de « rébellion armée contre l’État » (baghi) et l’a condamnée à mort uniquement en raison de son militantisme pacifique en faveur des droits humains.
Une autre femme au moins, Verisheh (Wrisha) Moradi, a également été jugée pour « rébellion armée contre l’État » (baghi) dans une autre affaire. En 2023, les autorités ont procédé à au moins 853 exécutions, et la minorité ethnique baloutche persécutée d’Iran a été touchée de façon disproportionnée : elle représente environ 5 % de la population iranienne, mais compte pour 20 % de toutes les exécutions recensées en 2023. En 2024, les autorités iraniennes ont continué d’exécuter des condamné·e·s, notamment des membres de minorités ethniques et des dissident·e·s.
Les minorités ethniques en Iran, notamment les Kurdes, font l’objet d’une discrimination généralisée qui restreint leur accès à l’éducation, à l’emploi, à un logement convenable et aux fonctions politiques. Le manque d’investissement persistant dans les régions peuplées par des minorités ethniques exacerbe la pauvreté et la marginalisation. En 2023, les forces de sécurité ont illégalement tué en toute impunité des dizaines de transporteurs de marchandises kurdes (kulbars) non armés circulant entre les régions kurdes d’Iran et d’Irak.
Amnesty International a également réuni des informations à maintes reprises sur la manière dont les autorités iraniennes ciblent des personnes appartenant à la minorité ethnique kurde d’Iran en les arrêtant ou en les plaçant en détention de façon arbitraire en raison de leur soutien ou participation réels ou présumés à des partis kurdes, et en ne fournissant pas de preuves suffisantes de leur implication directe ou indirecte dans des infractions dûment reconnues par le droit international.