Le 31 janvier 2016, Kiryl Kazachok aurait étranglé sa fille, âgée de neuf ans, et son fils, âgé de 17 ans, à leur domicile. Puis, il s’est rendu à l’appartement de son épouse dont il était séparé, où elle vit avec leur fils aîné, et lui a raconté ce qu’il avait fait. Il s’est ensuite jeté depuis le balcon du quatrième étage, mais a survécu et a été conduit à l’hôpital. Des tests ont révélé qu’il avait un taux d’alcoolémie élevé au moment des faits. Après avoir été soigné pour ses blessures, il a été transféré dans un centre de détention en mars 2016.
Le Bélarus a condamné à mort quatre personnes en 2016 et exécuté au moins quatre hommes, dont deux avaient été condamnés en 2015. Kiryl Kazachok fut la dernière personne condamnée à la peine capitale en 2016. On a constaté une forte hausse du nombre d’exécutions cette année-là, alors qu’aucune exécution n’avait eu lieu en 2015. Cette interruption en 2015 avait amené nombre de personnes, à la fois au Bélarus et au sein de la communauté internationale, à espérer qu’un moratoire avait été instauré.
Tout en courtisant la communauté internationale en organisant deux conférences sur la question de la peine de mort à Minsk en mars et décembre 2016, le Bélarus a continué de traiter avec mépris la tendance régionale et mondiale en faveur de l’abolition. Siarhei Ivanou, condamné à mort en mars 2015, fut la première personne à être exécutée en 2016, au mois de mai. On a ensuite appris avec consternation fin novembre l’exécution de trois autres hommes, qui auraient tous été exécutés d’une balle dans la nuque le 5 novembre. Les familles d’Ivan Kulesh, de Siarhei Khmialeusk et de Hyanadz Yakavitski n’ont su que leur proche avait été exécuté que plusieurs semaines après. Amnesty International demeure préoccupée par le fait que Siarhei Vostrykau risque d’être exécuté à tout moment. Condamné à mort en mai 2016, il était le dernier condamné à mort dont Amnesty International avait appris la sentence avant que Kiryl Kazachok ne soit condamné.
Au Bélarus, les condamnations à mort sont souvent prononcées à l’issue de procès iniques qui s’appuient sur des « aveux » obtenus sous la contrainte. Les exécutions se déroulent dans le plus grand secret, sans que les personnes condamnées, leurs familles ou leurs avocats n’en soient informés dans un délai raisonnable, et les autorités refusent de remettre les corps des personnes exécutées à leurs proches ou même de leur dire où elles ont été inhumées. Le Bélarus continue de procéder à des mises à mort bien que le Comité des droits de l’homme des Nations unies l’ait plusieurs fois appelé à s’en abstenir tant qu’il n’aurait pas examiné ces affaires. En novembre 2012, le Comité a conclu que l’application de la peine capitale dans ce pays bafouait les droits fondamentaux des personnes condamnées et de leurs familles.
En omettant de rendre publiques toutes les informations sur cette pratique – notamment des statistiques exhaustives sur le nombre de condamnations à mort prononcées et d’exécutions effectives – les autorités empêchent un débat public éclairé sur cette question et font obstacle au mouvement en faveur de l’abolition.