Défenseur nahua des droits humains, Arnulfo Cerón Soriano s’est battu pendant plusieurs décennies pour les droits de la population indigène, au sein de diverses organisations et mouvements sociaux de la région montagneuse de l’État de Guerrero. En 1995, il a travaillé pendant deux ans pour le Centre des droits humains du Tlachinollan. Par la suite, il a travaillé en tant qu’avocat privé pour soutenir la population indigène de la région. En 2000, l’ACAT, association internationale contre la torture, avait dénoncé le fait qu’Arnulfo Cerón Soriano avait été arrêté arbitrairement et torturé par la police judiciaire de l’État de Guerrero. Il a été libéré après avoir passé un an et demi en prison. Arnulfo Cerón Soriano a été extrêmement actif dans le mouvement pour demander justice en faveur des 43 étudiants d’Ayotzinapa disparus.
Selon des informations recueillies par le Centre des droits humains de Tlachinollan, le vendredi 11 octobre 2019, vers 20 heures, Arnulfo Cerón Soriano a quitté son domicile pour faire un discours dans un centre des Alcooliques anonymes (AA) situé à Caltitlán, un quartier de la ville de Tlapa de Comonfort (État de Guerrero). Il n’est jamais arrivé sur les lieux et on est ensuite resté sans nouvelles de lui. Le samedi 12 octobre, vers midi, la camionnette qu’il conduisait a été retrouvée, apparemment abandonnée, dans une autre partie de la ville, les clés sur le contact. La famille n’a pas reçu de demande de rançon.
Dans un premier temps, les autorités de l’État de Guerrero ont montré peu d’empressement à lancer les recherches et à ouvrir une enquête sur la disparition d’Arnulfo Cerón Soriano, mais elles ont finalement appréhendé deux suspects, l’un le 23 octobre et l’autre le 6 novembre. Après cette arrestation, des membres de la famille d’Arnulfo Cerón Soriano ont reçu des messages de menaces, des membres du MOLPEG ont signalé la présence d’inconnus devant leur domicile et le Centre des droits humains de Tlachinollan a constaté que des inconnus surveillaient ses bureaux.
Les autorités fédérales de la Commission nationale de recherche ont participé aux recherches à partir du 12 novembre. Le 20 novembre, après la découverte du corps d’Arnulfo Cerón Soriano, les autorités de l’État de Guerrero ont annoncé qu’elles avaient ouvert une enquête pour homicide et qu’elles poursuivraient les investigations engagées sur la disparition d’Arnulfo Cerón Soriano.
L’État de Guerrero est tristement célèbre pour la faiblesse de ses institutions et la collusion bien établie entre le crime organisé et les forces de sécurité, tant au niveau de l’État que des municipalités. Les « disparitions » et les meurtres de défenseurs des droits humains se produisent dans un contexte d’impunité quasi totale.