Les peuples autochtones d’Amazonie équatorienne sont confrontés à un risque accru face à la pandémie en raison du manque d’accès à l’eau potable, aux sources de nourriture, aux fournitures médicales, aux services de santé et aux tests de détection du COVID-19, lié à des conditions prolongées d’inégalité, d’exclusion et de discrimination.
En août, le gouvernement a publié le Protocole à vocation interculturelle pour la prévention et la prise en charge du COVID-19 parmi les populations et nationalités indigènes, afro-équatoriennes et montubios de l’Équateur, qui vise à « établir une coordination interinstitutionnelle, intersectorielle et entre les acteurs sociaux présents dans les territoires des peuples et nationalités [du pays], afin d’apporter une réponse coordonnée et pertinente d’un point de vue interculturel à l’urgence sanitaire du COVID-19 ».
D’après les indications qui y figurent, ce document a été préparé par divers représentants des autorités avec le soutien de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) et « validé » par des membres de la Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur (CONAIE) et de la Confédération des peuples de la nation kichwa d’Équateur (ECUARUNARI). Son « émission avec contributions et recommandations des délégués des communautés, peuples et nationalités » est datée du 24 juillet 2020.
Plusieurs organisations de défense des droits des peuples autochtones et des droits humains en Amazonie ont déclaré que ce protocole n’avait pas fait l’objet d’une consultation en bonne et due forme des communautés indigènes de la région, ne correspondait pas à leurs demandes et qu’elles avaient été exclues des comités chargés de son application.
Face à la réponse insuffisante des autorités, des organisations comme la Confédération des nationalités indigènes de l’Amazonie équatorienne (CONFENIAE), Amazon Watch, Amazon Frontlines, la Fondation ALDEA et l’université San Francisco de Quito ont pris des initiatives visant à prévenir, identifier et traiter les cas de COVID-19 parmi les peuples autochtones de l’Amazonie équatorienne en fournissant des tests, des informations adaptées à leur culture, du matériel de protection, des produits d’hygiène, des médicaments de base et en créant un site Web pour suivre l’évolution de la pandémie et repérer les foyers de contagion.
Le 19 août, ces organisations ont signalé 3 303 contaminations (2 301 cas confirmés et 1 002 suspectés) et 80 décès (35 cas confirmés et 45 suspectés) liés au COVID-19 au sein de la population indigène de l’Amazonie équatorienne, qui s’élève à 290 000 habitants. Selon elles, toutes les nationalités (ethnies) autochtones de la région comptent des cas de COVID-19. En raison de la pénurie de tests, il est fort probable que les chiffres réels soient bien plus élevés.
Le 18 juin, la justice a accordé des mesures conservatoires aux Huaoranis dans le contexte de la pandémie de COVID-19, en ordonnant notamment que les cas suspects soient testés, que du personnel de santé et du matériel médical soient mis à disposition, qu’une aide humanitaire soit fournie et que les activités des entreprises à proximité de leur territoire soit limitées.
Néanmoins, des organisations de défense des droits des peuples autochtones et des droits humains ont indiqué à Amnesty International que les autorités n’avaient pas pleinement appliqué ces mesures.
En plus de la pandémie, le 7 avril, un déversement de pétrole en Amazonie a pollué le Coca et le Napo. Cette catastrophe écologique a eu des conséquences pour l’environnement, l’eau, la nourriture et les moyens de subsistance d’environ 120 000 habitants, dont 27 000 membres de peuples autochtones appartenant principalement aux nationalités kichwa et shuar.
Le 29 avril, un groupe d’organisations de défense des droits des peuples autochtones et des droits humains a engagé une procédure de protection constitutionnelle et demandé des mesures conservatoires au nom des quelque 120 000 personnes touchées par le déversement de pétrole.
Cette procédure vise le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles et non renouvelables, le ministère de l’Environnement, celui de la Santé, la compagnie pétrolière nationale Petroecuador et l’entreprise privée OCP. Les requérants ont signalé que le juge chargé de l’affaire avait mis en péril les garanties prévues par la loi en commettant des irrégularités.