Écrire Craintes de torture pour le fondateur d’un site web qui a « disparu »

Huang Qi, fondateur du site Internet 64 Tianwang (www.64tianwang.com), basé dans le Sichuan, a été appréhendé à son domicile à Chengdu, dans la province du Sichuan, par 15 agents de la Sécurité publique le 28 novembre. Il est détenu dans un lieu inconnu et risque d’être victime de torture et d’autres mauvais traitements.

Huang Qi, 53 ans, a été appréhendé à son domicile à Chengdu, dans la province du Sichuan, il y a plus de deux semaines, le 28 novembre, et sa famille n’a encore reçu aucune information ni aucune notification écrite du bureau de la Sécurité publique concernant le lieu où il se trouve et les accusations portées à son encontre. Quinze agents de la Sécurité publique, de trois villes de la province du Sichuan – Mianyang, Neijing et Chengdu – ont participé à l’arrestation de Huang Qi et effectué une descente à son domicile.

Lorsqu’ils ont été interrogés, des bénévoles de 64 Tianwang ont été informés par les agents que Huang Qi avait été interpellé dans le cadre d’une affaire pénale, mais n’ont fourni aucun détail sur sa situation. Pu Fei, bénévole du site, a été emmené par des agents de la Sécurité publique le 28 novembre après avoir posté un tweet sur la disparition de Huang Qi, tweet qui a plus tard été supprimé. Il a été remis en liberté le 4 décembre.

Les dernières nouvelles concernant la mère de Huang Qi, âgée de 83 ans, Pu Wenqing, datent du 30 novembre, lorsqu’elle a été conduite dans un hôpital du Sichuan. On ignore où elle se trouve actuellement et quel est son état de santé. La disparition de Huang Qi intervient à un moment où les défenseurs des droits humains sont soumis à des mesures de répression en Chine ; les craintes qu’il ne soit soumis à la torture et aux mauvais traitements augmentent au fur et à mesure que les jours passent sans que personne n’ait de nouvelles sur sa situation.

En outre, ces inquiétudes sont avivées par le fait que Huang Qi souffre d’une néphrite aigüe (un trouble du rein) et a besoin de soins quotidiens. Selon le Code de procédure pénale chinois, si Huang Qi est détenu pour une infraction pénale, le bureau de la Sécurité publique a 37 jours pour décider de l’arrêter officiellement ou de le libérer.

Créé en 1998 par un militant du Sichuan, Huang Qi, et sa femme, Zeng Li, 64 Tianwang est l’un des rares sites Internet de Chine continentale qui recueille des informations sur les manifestations de « pétitionnaires » dans ce pays. La majorité des personnes qui contribuent au site étaient « pétitionnaires » avant de devenir journalistes citoyens et de couvrir les manifestations et les arrestations d’autres « pétitionnaires ». Reporters sans frontières a annoncé le 7 novembre que 64 Tianwang avait remporté le Prix de la liberté de la presse 2016, tout comme les blogueurs chinois détenus Lu Yuyu et Li Tingting, et le reporter syrien Hadi Abdullah.
C’est la troisième fois cette année que Huang Qi est placé en détention. Il a tout d’abord été emmené dans le cadre d’un « voyage forcé » – une pratique courante qui consiste pour les agents de la police chargée de la Sûreté de l’État (guobao) à faire quitter la ville aux militants et aux pétitionnaires lors de périodes sensibles – à la suite de manifestations par des victimes d’expulsions les 22 et 24 juillet lors de la rencontre des ministres des Finances du G20 et des gouverneurs de la Banque centrale à Chengdu. La deuxième fois, le 24 octobre, Huang Qi a été interrogé par des agents de la Sécurité publique de Chengdu, alors que se déroulait du 24 au 27 octobre le sixième plénum du 18e comité central du Parti communiste chinois à Pékin. Il a été relâché le lendemain.

Depuis la création du site Internet, Huang Qi et d’autres personnes travaillant avec 64 Tianwang ont été arrêtés ou harcelés par les autorités chinoises à plusieurs reprises. Huang Qi a été emprisonné deux fois. Il a d’abord été placé en détention en juin 2000, à l’occasion du 11e anniversaire de la répression de Tiananmen, avant d’être condamné à cinq ans d’emprisonnement en mai 2003 pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État ». Il a été de nouveau détenu puis emprisonné pendant trois ans après avoir dénoncé le scandale de la construction des bâtiments ne respectant pas les normes, à la suite du séisme qui a secoué le district de Wenchuan, au Sichuan, en 2008.

D’après 64 Tianwang, leurs journalistes, pour la plupart des « pétitionnaires » devenus journalistes citoyens, ont été interrogés ou placés brièvement en détention plus de 100 fois depuis que le président Xi Jinping a pris ses fonctions en 2012, et au moins 30 personnes ont été officiellement placées en détention. Huit des journalistes de 64 Tianwang sont actuellement derrière les barreaux : Wang Jing, Zhang Jixin, Li Min, Sun Enwei, Li Chunhua, Wei Wenyuan, Xiao Jianfang et Yang Dongying.
La disparition de Huang Qi a coïncidé avec celle de l’avocat spécialisé dans la défense des droits humains Jiang Tianyong, basé à Pékin. Il a été vu pour la dernière fois le 21 novembre, avant qu’il ne monte soi-disant à bord d’un train qui le ramenait de Changsha, dans la province du Hunan, à Pékin, après qu’il eut rendu visite à la famille de Xie Yang, avocat du Hunan emprisonné. Sa disparition a également coïncidé avec la détention de Liu Feiyue, fondateur du site Internet Civil Rights and Livelihood Watch, basé dans la province du Hubei. Il a été placé en détention le 18 novembre car il était soupçonné de « subversion de l’État ».

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