Écrire Craintes grandissantes pour des militants en détention

Sept défenseurs chinois des droits du travail risquent jusqu’à 15 ans de prison uniquement en raison de leurs activités militantes. Ils n’ont eu aucun contact avec leurs avocats, ce qui les expose davantage au risque de subir des actes de torture et d’autres mauvais traitements. Leur maintien en détention s’inscrit dans le cadre d’une répression visant le mouvement des travailleurs dans la province du Guangdong, sur fond de tensions industrielles croissantes dans la région.

Le 4 décembre 2015, Zeng Feiyang, directeur du Centre des travailleurs de Panyu et l’un des dirigeants syndicalistes les plus influents de la région, et la militante Zhu Xiaomei ont été conduits au centre de détention n° 1 de Ganzhou car ils étaient soupçonnés d’avoir « rassemblé une foule en vue de troubler l’ordre public ». He Xiaobo a été emmené le même jour au centre de détention du district de Nanhai, à Foshan, pour détournement présumé. Deng Xiaoming, Peng Jiayong et Meng Han se trouvent eux aussi au centre de détention n° 1 de Ganzhou, bien qu’on ignore pour l’instant quelles sont les charges retenues contre eux. Tang Jian est également en détention, mais on ignore où et pourquoi.

Les autorités empêchent les avocats de s’entretenir avec ces militants, affirmant qu’ils sont soupçonnés de « mettre en danger la sécurité nationale », ce qui constitue une grave infraction passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 15 ans. Tous les détenus doivent avoir accès à un avocat, quelles que soient les charges retenues contre eux, et les autorités ont 37 jours maximum à compter de la date du placement en détention pour les arrêter officiellement, en indiquant les motifs.

Zhu Xiaomei a déposé une demande de libération sous caution qui a été rejetée le 13 décembre. Cette femme allaitait sa fille âgée d’un an avant d’être arrêtée. Quelque 33 autres militants, dont He Minghui, ont été interrogés dans le cadre de cette répression, puis relâchés.

La province industrielle du Guangdong, dans le sud-est de la Chine, est surnommée « l’usine du monde » en raison des très nombreuses usines qui y sont implantées et qui approvisionnent les principales industries mondiales comme le textile, l’électronique, les biens de consommation et les jouets.

Au cours de ces dernières années, la Chine a promulgué des lois et des réglementations visant à protéger les droits des travailleurs, mais elles ne sont guère appliquées. Les syndicats indépendants sont interdits et la Fédération nationale des syndicats chinois est la seule organisation autorisée à représenter les travailleurs en Chine. Les syndicats qui y sont affiliés au niveau de l’entreprise sont souvent contrôlés par les dirigeants des usines, limitant ainsi leur capacité à protéger les intérêts des travailleurs.

Depuis plus de 10 ans, bon nombre d’ONG visant à défendre les droits des travailleurs ont vu le jour, notamment celle fondée par Zeng Feiyang en 1998. Si ces organismes font parfois l’objet de harcèlement de la part des autorités et se heurtent à la résistance des usines locales, ils sont bien souvent tolérés, voire soutenus, par les autorités locales et provinciales, qui reconnaissent leur capacité à renforcer la stabilité sociale en proposant des formations de droit aux travailleurs, en leur offrant une assistance dans le cadre d’actions en justice ou en cas d’accident du travail, et en leur fournissant d’autres services sociaux.

Cependant, depuis au moins un an, les défenseurs du droit du travail sont victimes d’un harcèlement croissant, et même de menaces et d’agressions physiques, tandis que la croissance économique chinoise ralentit et que de nombreuses usines quittent la province du Guangdong en raison des coûts plus élevés. China Labour Bulletin, groupe de défenseurs basé à Hong Kong, a enregistré le nombre record de 301 grèves en Chine en novembre dernier, dont 56 ont eu lieu dans la province du Guangdong, soit plus du double par rapport aux autres provinces.

La répression qui vise les ONG défendant les droits des travailleurs fait suite à une opération sans précédent similaire menée cet été contre les avocats et les militants, qui a entraîné l’arrestation de 248 personnes, dont 25 sont maintenues en détention par la police.

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