Écrire Craintes pour un militant détenu au secret

Arrêté le 2 septembre 2017, le défenseur des droits humains Zhen Jianghua n’a pas encore été autorisé à consulter son avocat. Il est « en résidence surveillée dans un lieu désigné » pour « incitation à la subversion de l’État » depuis le 29 septembre mais on ignore où il se trouve actuellement, ce qui ne fait que renforcer la profonde crainte qu’il subisse des actes de torture et d’autres mauvais traitements.

Le 1er février 2018, le Bureau de la sécurité publique de la ville de Zhuhai a informé par écrit l’avocat de Zhen Jianghua que celui-ci n’était pas autorisé à s’entretenir avec son conseil parce que les faits qui lui étaient reprochés concernaient la sécurité nationale et qu’une rencontre pourrait faire obstruction à l’enquête ou entraîner la divulgation de secrets d’État. Par ailleurs, les autorités ont rejeté la demande de libération sous caution et confirmé que Zhen Jianghua avait été placé en résidence surveillée dans un lieu désigné depuis le 29 septembre, sans toutefois préciser où il était détenu actuellement.
Zhen Jianghua a été arrêté pour « incitation à la subversion de l’État » le 2 septembre 2017 et, selon le document reçu par sa famille cinq jours plus tard, il était incarcéré au centre de détention n°1 de Zhuhai. Le 13 décembre, l’agent de la sécurité nationale responsable de l’affaire a informé l’avocat de Zhen Jianghua que celui-ci avait été placé en résidence surveillée dans un lieu désigné et n’était pas autorisé à rencontrer son conseil.

Zhen Jianghua est un défenseur des droits humains qui travaille depuis plus de 10 ans en faveur de communautés marginalisées en Chine, et qui a été arrêté à plusieurs reprises en raison de ses activités de militant. Comme il est détenu au secret et privé de tout contact avec sa famille et un avocat, on craint qu’il ne soit soumis à la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements.

Zhen Jianghua, également connu sous le nom de plume qu’il utilise sur Internet, « Guests Zhen », est directeur exécutif de Human Rights Campaign Chine, une organisation virtuelle qui œuvre en faveur des défenseurs des droits humains en danger et aide les détenteurs de droits à rassembler des éléments sur les violations des droits humains dont ils ont été victimes et à les médiatiser. Il est également directeur et fondateur d’ATGFW.ORG, un site web qui mène des actions de plaidoyer contre la censure sur Internet et apprend aux gens à accéder à des informations censurées en contournant la Grande Muraille pare-feu de Chine. Il a aussi mené un projet éducatif de prévention du VIH/sida à Zhuhai, avec l’aide de la Hong Kong AIDS Foundation.

Le 3 septembre 2016, Zhen Jianghua s’est rendu dans le village de Wukan (province du Guangdong) pour soutenir un mouvement de protestation contre l’accaparement illégal de terres par les autorités locales. Alors qu’il était sur le point de quitter Wukan, il a été arrêté par la police et interrogé pendant plus de 24 heures parce qu’il était soupçonné d’avoir incité à organiser une manifestation dans le village. Quand il a été remis en liberté, le 7 septembre, il a publié en ligne une déclaration au sujet de son arrestation et, la nuit suivante, il a de nouveau été placé en détention jusqu’au lendemain et interrogé parce qu’il était soupçonné d’avoir « incité à participer à des rassemblements, défilés et manifestations illégaux ».

Année après année, la Chine continue de prendre des mesures renforçant son système déjà très répressif de censure d’Internet. Des milliers de sites Internet et de services de réseaux sociaux sont contraints de censurer leur contenu, et certaines plateformes telles que Facebook, Instagram et Twitter sont bloquées. Le ministre chinois de l’Industrie et des Technologies de l’information a annoncé en janvier 2017 que le gouvernement avait lancé une campagne de 14 mois de répression des plateformes Internet « non autorisées ». L’autorisation préalable du gouvernement est nécessaire pour fournir des services VPN, qui sont utilisés pour contourner la censure chinoise sur Internet, et selon des médias locaux, plusieurs personnes ont été poursuivies en justice en 2017 pour avoir fourni et vendu des produits et services VPN.
De plus, un certain nombre de journalistes citoyens et de directeurs de médias locaux publiant des articles et des informations sur des atteintes aux droits humains commises en Chine ont été arrêtés et emprisonnés. Six journalistes du site web basé au Sichuan « 64 Tianwang » (64tianwang.org) ont été arrêtés pour avoir couvert des manifestations liées au Sommet du G20 à Hangzhou en septembre 2016, et son fondateur, Huang Qi, qui est en détention depuis novembre 2016, a été officiellement arrêté en décembre 2016 pour avoir « divulgué des secrets d’État ». Liu Feiyue, fondateur et administrateur de Civil Rights and Livelihood Watch, un site Internet consacré aux droits humains et basé dans la province du Hubei, a été officiellement arrêté en décembre 2016 pour « incitation à la subversion de l’État ».

Lu Yuyu et sa compagne Li Tingyu, qui administraient un blog (wickedonna.blogspot.com) et un compte Twitter (@wickedonnaa) rassemblant et publiant des informations sur les grèves, les manifestations et les troubles dans les régions rurales de Chine, ont été arrêtés tous les deux le 15 juin 2016 parce qu’ils étaient soupçonnés d’avoir « suscité des polémiques et provoqué des troubles ». Li Tingyu a été libérée sous caution à la suite d’un procès le 10 avril 2017, et Lu Yuyu a été condamné à quatre ans d’emprisonnement pour avoir « suscité des polémiques et provoqué des troubles ».

Les militants et défenseurs des droits humains continuent d’être systématiquement soumis à une surveillance, à des manœuvres de harcèlement et d’intimidation, à des arrestations et à des incarcérations. De plus en plus de défenseurs des droits humains sont retenus par la police dans des lieux de détention non officiels, parfois sans pouvoir consulter un avocat pendant de longues périodes, ce qui les expose au risque de subir des actes de torture et d’autres mauvais traitements.

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