Écrire Craintes pour la santé d’un prisonnier d’opinion

En 2016, Trần Anh Kim a été déclaré coupable d’« activités visant à renverser le gouvernement populaire » et condamné à 13 ans de réclusion. Il est aujourd’hui âgé de 69 ans et sa santé se détériore ; selon son épouse, il « risque de ne pas survivre à sa longue incarcération », les autorités lui refusant des soins médicaux adéquats. Trần Anh Kim est un prisonnier d’opinion ; en tant que tel, il doit être libéré immédiatement et sans condition.

Trần Anh Kim a commencé à militer en faveur de la démocratie au Viêt-Nam au début des années 2000, rejoignant alors un parti politique non enregistré et un autre groupe politique. En décembre 2009, les autorités l’ont arrêté, jugé, déclaré coupable et condamné à cinq ans d’emprisonnement en raison de ses activités politiques pourtant pacifiques. Il a été libéré en janvier 2015.
En septembre 2015, les autorités ont à nouveau arrêté Trần Anh Kim, neuf mois à peine après le terme de sa précédente incarcération. Pendant sa détention provisoire, il a été maintenu à l’isolement et au secret durant 14 mois.

En décembre 2016, le tribunal populaire de la province de Thai Binh, dans le nord-est du Viêt-Nam, l’a déclaré coupable d’« activités visant à renverser le gouvernement populaire » au titre de l’article 79 du Code pénal et condamné à 13 ans de réclusion, suivis de quatre ans d’assignation à résidence.

Après avoir vu son mari le 1er mai 2018, Nguyễn Thị Thơm a indiqué à Amnesty International que Trần Anh Kim avait de graves problèmes de santé, et qu’il souffrait notamment d’hypertension artérielle et d’une infection de la prostate, pour laquelle il avait subi en 2017 une intervention chirurgicale qui n’avait pas apporté d’amélioration. Sa femme a également signalé que les maux de tête dont il souffre en permanence s’étaient aggravés depuis son incarcération, qu’il était devenu presque aveugle d’un œil, et qu’il avait du mal à s’alimenter car il avait perdu la plupart de ses dents. Les autorités pénitentiaires ne l’autorisent pas à se rendre à l’hôpital pour se faire poser des prothèses dentaires, et le privent d’un traitement médical adéquat malgré les nombreuses demandes formulées par Trần Anh Kim et sa famille.

Trần Anh Kim est un ancien soldat. Il est allé à la guerre en 1979 et a été blessé ; il a servi dans l’armée populaire vietnamienne pendant une trentaine d’années. En 1991, alors qu’il était lieutenant-colonel, il a été arrêté pour « abus de confiance à travers l’appropriation de biens socialistes », accusation qu’il a démentie. Déclaré coupable par un tribunal militaire et condamné à 24 mois d’emprisonnement, il a été libéré au début du mois de septembre 1995.

Trần Anh Kim a été arrêté une deuxième fois en 2009 pour avoir rejoint un parti politique non enregistré, le Parti démocratique vietnamien, ainsi qu’un autre groupe politique, le Bloc 8406, qui avaient pour but déclaré de promouvoir la démocratie au Viêt-Nam. Le tribunal populaire de la province de Thai Binh l’a condamné à cinq ans et six mois d’emprisonnement, suivis de trois ans d’assignation à résidence. Amnesty International le considérait comme un prisonnier d’opinion.

En janvier 2015, Trần Anh Kim a fini de purger sa peine d’emprisonnement et a été libéré. Il a continué à militer en formant le groupe « Quân nhân Dựng cờ Dân chủ » (littéralement, « Soldats levant le drapeau démocratique »), dont les membres sont d’anciens soldats du Viêt-Nam du Nord et du Sud qui s’emploient à promouvoir la démocratie et à lutter contre la corruption. En raison de cette activité, les autorités ont arrêté Trần Anh Kim en septembre 2015. Il a été jugé, déclaré coupable d’« activités visant à renverser le gouvernement populaire » au titre de l’article 79 du Code pénal, et condamné à 13 ans de réclusion suivis de quatre ans d’assignation à résidence en décembre 2016.

Nguyễn Thị Thơm, l’épouse de Trần Anh Kim, a indiqué à Amnesty International qu’il lui était beaucoup plus difficile de rendre visite à son mari depuis que le ministère de la Sécurité publique l’avait transféré dans la prison numéro 5, à plus de 200 kilomètres de leur domicile. Selon Nguyễn Thị Thơm, lors de ses visites, les gardiens les surveillent constamment, elle et son mari : « il y a environ 5 à 6 agents dans la pièce, qui suivent la conversation », a-t-elle confié. Nguyễn Thị Thơm a indiqué que son mari était détenu dans le « quartier des prisonniers politiques », qu’il avait accès à la lumière naturelle et qu’il pouvait quitter sa cellule quelques heures par jour, mais que les gardiens surveillaient toujours ses moindres faits et gestes et qu’il lui était interdit de communiquer avec les prisonniers d’autres quartiers. « Les rations de nourriture sont insuffisantes et il ne peut pas s’alimenter [correctement] car il n’a presque plus de dents », a ajouté Nguyễn Thị Thơm.

Trần Anh Kim fait partie des 97 prisonniers d’opinion recensés au Viêt-Nam qui figurent sur la liste publiée par Amnesty International en avril 2018. Le Viêt-Nam est l’un des pays qui incarcèrent le plus de militants pacifiques en Asie du Sud-Est, où les conditions de détention sont particulièrement éprouvantes pour les prisonniers politiques. La torture et les autres mauvais traitements, y compris la détention au secret prolongée, l’isolement cellulaire prolongé, les passages à tabac et la privation délibérée de soins médicaux, sont strictement interdits par le droit international, mais restent une pratique courante des autorités vietnamiennes.

Le Viêt-Nam est partie à la Convention des Nations unies contre la torture et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). Les conditions de détention dans le pays sont très dures ; les obligations minimales prévues par l’Ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus (règles Nelson Mandela) et par d’autres normes internationales ne sont pas respectées, notamment en ce qui concerne la nourriture et les soins médicaux.

Les prisonniers d’opinion sont souvent placés à l’isolement à titre punitif pendant de longues périodes, en violation flagrante de ces règles
 d’anciens prisonniers ont dit que c’était comme « une prison dans la prison ». Certains sont fréquemment transférés d’un établissement carcéral à un autre, bien souvent sans que leurs familles en soient informées.

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