Des militants, des avocats et des journalistes à Bastar, dans l’État du Chhattisgarh, sont la cible d’agressions, de mesures de harcèlement et de menaces croissantes. Il semble que l’objectif soit de les dissuader de mener à bien leur travail ; certains, craignant pour leur sécurité, ont même quitté la région.
Le 7 février, plus de 20 personnes se sont rassemblées devant la maison de Malini Subramaniam, une journaliste qui a écrit de nombreux articles sur les violations des droits humains commises dans l’État du Chhattisgarh. Elles ont incité ses voisins à jeter des pierres sur sa maison et scandé des slogans l’accusant d’être un agent des groupes armés maoïstes. Le lendemain matin, des pierres ont été lancées sur sa maison, et le pare-brise arrière de sa voiture a volé en éclats. Le 17 février, la police a convoqué son propriétaire, qui lui a dit plus tard dans la journée qu’elle devait déménager dès que possible. Le 18 février, Malini Subramaniam et sa famille ont quitté Bastar, craignant pour leur sécurité.
Isha Khandelwal et Shalini Gera sont membres de l’association Jagdalpur Legal Aid Group (JagLAG), qui fournit gratuitement une assistance juridique aux prisonniers dans cinq districts du Chhattisgarh. Beaucoup sont des adivasis (aborigènes) accusés d’appartenir à des groupes armés maoïstes. Dans la nuit du 17 février, des policiers se sont présentés au domicile du propriétaire des avocates, et l’ont emmené au poste de police local. Le lendemain matin, il a informé les avocates qu’il n’avait « pas d’autre choix » que de leur demander d’évacuer leur logement et leur bureau. Le 19 février, l’inspecteur général de la police de Bastar a annoncé lors d’une conférence de presse qu’il avait eu connaissance d’une menace d’agression visant les avocates de JagLAG. Shalini Gera et Isha Khandelwal ont quitté Bastar la nuit suivante.
Le 20 février, trois hommes non identifiés ont lancé une substance noire au visage de Soni Sori, militante adivasi et ancienne prisonnière d’opinion, alors qu’elle rentrait de Jagdalpur chez elle, à Geedam. Ils lui ont ordonné de cesser ses activités militantes. Elle a été conduite à l’hôpital à Jagdalpur, puis transférée dans un hôpital de New Delhi, la capitale indienne, où son état est stable. Soni Sori a déclaré qu’elle avait reçu un appel téléphonique le 20 février, la mettant en garde contre une possible agression.
Les autorités policières du Chhattisgarh ne protègent pas dûment les défenseurs des droits humains, malgré des demandes de sécurité formulées à plusieurs reprises. En outre, de hauts responsables des services de police ont fait récemment des déclarations aux médias, remettant en cause la véracité de l’agression contre Soni Sori, ce qui soulève des doutes quant à l’équité et l’impartialité de l’enquête sur cette affaire.