Écrire Craintes pour la sécurité d’une fillette albinos portée disparue

Une fillette albinos de deux ans a été enlevée dans la ville de Chiziya alors qu’elle dormait aux côtés de sa mère. Au Malawi, des milliers de personnes albinos vivent dans la peur d’être enlevées ou tuées car les parties de leur corps font l’objet d’un trafic lié à la sorcellerie.

Des inconnus ont fait irruption dans la maison du village de Chiziya (district de Kasungu) où Whitney Chilumpha, une fillette de deux ans, dormait avec sa mère et l’ont enlevée. Le 3 avril, Whitney et sa mère s’étaient couchées à 20 heures. En se réveillant le lendemain matin à 4 heures, la mère de la fillette s’est rendu compte qu’elle n’était plus là. Elle a alerté immédiatement les voisins, qui se sont lancés à la recherche de Whitney, en vain. Bien que la disparition ait été signalée à la police, aucune arrestation n’a eu lieu et Whitney est toujours portée disparue.

En revanche, trois personnes soupçonnées d’avoir enlevé et tué Harry Mokoshini, un garçon albinos de neuf ans, ont été arrêtées dans le district de Machinga. Il s’agit notamment de l’oncle de l’enfant et d’un homme déclaré coupable en 2015 d’être en possession d’os appartenant à une personne albinos et condamné à une amende de 20 000 kwachas malawiens (environ 26 euros).

Au Malawi, des milliers de personnes albinos vivent dans la peur d’être enlevées ou tuées car les parties de leur corps font l’objet d’un trafic lié à la sorcellerie. À la connaissance d’Amnesty International, au moins 11 ont été assassinées dans ce pays et cinq enlevées depuis décembre 2014. On ignore toujours où se trouvent ces dernières. Rien qu’en 2015, 45 autres actes de violence visant des personnes albinos ont été signalés, notamment des enlèvements et des profanations de tombe.

L’albinisme est une maladie héréditaire congénitale, rare et non contagieuse. Les deux parents sont nécessairement porteurs du gène défaillant, même s’ils ne sont pas albinos. Il s’agit d’une pathologie qui touche aussi bien les hommes que les femmes de tous les continents, quelle que soit leur origine. Elle se caractérise par une absence de pigmentation (mélanine) au niveau des cheveux, de la peau et des yeux, qui entraîne une sensibilité au soleil et à la lumière vive. Par conséquent, presque toutes les personnes albinos souffrent de déficience visuelle et sont prédisposées aux cancers de la peau. Il n’existe aucun traitement.

Au Malawi, la majorité des albinos vivent à la campagne dans une extrême pauvreté. Des croyances erronées et des superstitions mettent en danger la vie et la sécurité de ces personnes, qui risquent d’être victimes de meurtre, d’enlèvement et de mutilations notamment. Les homicides rituels de personnes albinos reposent sur l’idée que leurs os et les parties de leur corps apporteraient la prospérité. C’est également la principale raison des enlèvements, tentatives d’enlèvement et autres actes de violence visant des personnes albinos au Malawi. Les rares auteurs présumés arrêtés par le passé ont été acquittés ou condamnés à des peines légères. L’attitude de la société à l’égard de l’albinisme n’évolue pas et les personnes albinos risquent encore d’être agressées ; parfois, des enfants sont même enlevés et vendus par des membres de leur famille.

Dans une déclaration publiée le 19 mars 2015, le président du Malawi Peter Mutharika a condamné les agressions contre les albinos et a appelé les services de police à arrêter les auteurs présumés de ces actes et à protéger les personnes exposées. Même si la police a procédé à quelques arrestations, des préoccupations demeurent quant aux défaillances des enquêtes et quant aux sentences prononcées, qui ne correspondaient pas toujours à la gravité du crime.

Harry Mokoshini, un garçon albinos de neuf ans du village de Moto (district de Machinga), a été enlevé le 26 février au soir par des inconnus qui ont fait irruption au domicile familial. Ces hommes ont menacé et blessé sa mère en emmenant l’enfant. Le 3 mars, une tête a été retrouvée dans un village voisin. Les autorités ont confirmé qu’il s’agissait de celle de Harry Mokoshini. Aucun suspect n’a été arrêté à la suite de ce crime.

Eunice Phiri, une femme albinos de 53 ans, a été piégée le 23 janvier par trois hommes, dont son propre frère, qui l’ont convaincue de les accompagner en Zambie. Son corps a été découvert par un gardien de troupeau le 28 janvier dans le parc national de Kasungu ; on lui avait coupé les bras.

Face à la multiplication des actes de violence visant des personnes albinos, certaines familles ont retiré leurs enfants de l’école. D’autres ont déménagé en ville pour limiter les risques. Le droit des personnes albinos de circuler librement est fortement restreint étant donné que beaucoup d’entre elles doivent être accompagnées par des membres de leur famille pour des raisons de sécurité.

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