Maurice Fangnon, un défenseur des droits humains, a été détenu au département du renseignement et des enquêtes criminelle des forces de police nigérianes à Abuja, car il était accusé d’avoir fourni de fausses informations à la police au sujet d’un membre d’une puissante famille royale qui serait responsable d’incendies volontaires, de meurtres et d’expulsions forcées dans le village d’Otodo Gbame. Il a été libéré quatre jours plus tard, mais on lui a demandé de revenir le mercredi 2 août. Amnesty International craint qu’il ne s’agisse d’une manœuvre d’intimidation.
Maurice Fangnon, un défenseur des droits humains de 60 ans, a été libéré sous caution le 24 juillet, mais on lui a demandé de revenir au département du renseignement et des enquêtes criminelles des forces de police nigérianes à Abuja, Nigeria, le 2 août. Il avait été arrêté par des membres du département du renseignement et des enquêtes criminelles des forces de police nigérianes et placé en détention à Lagos le 19 juillet. Il a ensuite été transféré à Abuja le jour même.
Maurice Fangnon a soumis au moins trois demandes à la police (entre septembre 2014 et décembre 2016), demandant que des enquêtes soient menées sur des allégations d’implication d’un membre d’une puissante famille royale dans des incendies volontaires, des pillages et des meurtres lors de tentatives d’expulsion forcée d’habitants du village d’Otodo Gbame. D’après son avocat, la police a arrêté Maurice Fangnon car elle avait enquêté sur les allégations dont parlaient ses demandes et avait jugé qu’elles étaient fausses. Son avocat a également déclaré que la police n’avait aucun élément de preuve solide contre lui et que son arrestation avait pour but de mettre fin à son plaidoyer dans cette affaire.
Entre novembre 2016 et avril 2017, des habitants d’Otodo Gbame ont été attaqués par des personnes armées qu’ils ont identifiées comme ayant été envoyées par un membre d’une puissante famille royale, qui les accompagnait parfois durant les attaques. Les autorités et la police de l’État de Lagos ont également expulsé de force des habitants d’Otodo Gbame à trois reprises. Environ 30 000 personnes ont ainsi été expulsées de force, tandis qu’au moins cinq personnes sont mortes et que 15 autres ont souffert de blessures dues à des coups de machette ou à des armes à feu. Lors des expulsions forcées qui ont eu lieu le 9 avril, tous les bâtiments appartenant aux habitants d’Otodo Gbame ont été brûlés ou détruits par des bulldozers appartenant à l’État.
Amnesty International craint que Maurice Fangnon ne soit en butte au harcèlement et à l’intimidation en raison de son travail en faveur des droits humains et que cela soit une tentative de le réduire au silence. Si la police continue de le harceler, il risquera d’être exposé à d’autres violations des droits humains.
Écrire Un défenseur des droits humains en butte à l’intimidation.
Maurice Fangnon est un défenseur des droits humains et le secrétaire général du Centre pour la défense des droits humains et de la démocratie en Afrique basé à Lagos, Nigeria. Il est persécuté pour son travail en faveur des droits humains et a déjà reçu plusieurs menaces de mort par courriel ou par coups de téléphone anonymes. Il a rapporté ces menaces de mort au directeur adjoint de la police de l’État de Lagos, où il vit.
En novembre 2016, Maurice Fangnon, Initiatives pour la justice et l’autonomisation (JEI, une organisation de défense des droits humains travaillant en étroite collaboration avec le village d’Otodo Gbame) et les habitants du village ont adressé des demandes séparées à l’inspecteur général de la police (IGP), demandant que des enquêtes soient menées sur l’expulsion forcée du village d’Otodo Gbame par le feu, par des gangs criminels qui proviendraient des villages alentours et par la police, suite à laquelle des personnes ont perdu la vie et leurs biens. Ils ont également demandé l’ouverture d’une enquête sur deux meurtres et plusieurs attaques violentes contre les habitants d’Otodo Gbame depuis 2014. Ces demandes ont été adressées à l’IGP en raison de craintes que les services de police de l’État de Lagos ne soient pas impartiaux lors de leurs enquêtes, et parce que d’anciennes demandes et plaintes au niveau de l’État avaient eu pour résultat l’arrestation et la détention prolongée d’habitants du village d’Otodo Gbame, alors que les personnes soupçonnées de les avoir attaquées n’ont pas été arrêtées. De plus, parce qu’ils ont peur d’être de nouveau attaqués, ils ont également demandé que le village soit protégé par la police pendant l’enquête.
L’IGP a envoyé ces demandes à la brigade fédérale spécialisée dans la répression des vols (Federal SARS) pour enquête. La Federal SARS a débuté son enquête à Lagos le 28 décembre 2016, et a arrêté deux suspects, mais les a libérés peu de temps après avoir pris leur déposition. Maurice Fangnon et un représentant de JEI ont protesté contre leur libération, mais l’équipe de la SARS leur a dit que ces hommes avaient été libérés sous caution et que toutes les parties à l’affaire étaient invitées au quartier général des forces de police à Abuja pour continuer les enquêtes. Le rendez-vous était prévu pour le 7 décembre 2016 au quartier général de la Federal SARS à Abuja. Après ce rendez-vous, Maurice Fangnon et six autres habitants qui y avaient participé ont été arrêtés puis libérés par un inspecteur général adjoint de la police (DIG) après l’intervention d’un avocat de JEI.
Les habitants du village d’Otodo Gbame affirment que les terres qu’ils occupaient leur appartiennent, et ils ont déclaré à Amnesty International qu’ils les occupaient depuis au moins un siècle. Amnesty International a interrogé des personnes de plus de 70 ans, qui ont dit être nées et avoir grandi sur ces terres. Tous les habitants ont été expulsés de force, et les terres semblent avoir été saisies par la famille royale. Un panneau annonçant des travaux aperçu sur ces terres en juin 2017 indique que la famille royale en a à présent le contrôle. Maurice Fangnon, JEI, les habitants du village et Amnesty International n’ont cessé de demander aux autorités de l’État et à la police de mener des enquêtes sur les attaques et l’expulsion forcée des habitants du village d’Otodo Gbame et de traduire les responsables présumés en justice.
Le système pénal nigérian est compromis par l’influence que peuvent avoir des personnes possédant de l’argent et du pouvoir sur la police, d’autres forces de sécurité et les agences gouvernementales. À cause de cela, les vies de défenseurs des droits humains comme Maurice Fangnon sont menacées.
Nom : Maurice Fangnon
Homme
Action terminée