Joaquín Elo Ayeto, également connu sous le nom de Paysa, est membre de Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), un parti d’opposition, et de l’organe de coordination de Somos+, une plateforme de la société civile composée d’une quinzaine de jeunes femmes et de jeunes hommes qui s’emploient à dénoncer les injustices touchant les jeunes. Cette plateforme a été créée en 2015 afin de permettre aux jeunes de réagir aux arrestations arbitraires de certains de leurs pairs pendant la Coupe d’Afrique des nations.
Les activités de défenseur des droits humains et de militant politique de Joaquín Elo Ayeto lui ont valu d’être appréhendé et incarcéré à plusieurs reprises. Il a été arrêté pour la troisième fois le 25 février 2019, à six heures du matin. Il se trouvait à son domicile, à Malabo, dans sa chambre au premier étage, lorsqu’il a entendu des bruits provenant du rez-de-chaussée, où se trouvaient ses locataires. Il est descendu et a vu sept policiers. L’un d’eux lui a demandé s’il était Joaquín Elo Ayeto et, quand il a confirmé son identité, les policiers lui ont demandé d’attendre dehors pendant qu’ils montaient dans sa chambre. Ils ont saisi son appareil photo, son ordinateur portable, son téléphone portable, une clé USB et des magazines de son parti politique.
Joaquín Elo Ayeto a été arrêté et emmené au poste de police central de Malabo (surnommé Guantánamo). Il a été déféré à un juge le 1er mars 2019. Devant le magistrat, Joaquín Elo Ayeto a insisté pour montrer les blessures occasionnées par les actes de torture qu’il avait subis en garde à vue. Le juge a refusé d’entendre son témoignage, se contentant de lui dire qu’il recevrait des soins en prison pour ces blessures. Le magistrat a ordonné son placement en détention provisoire à la prison de Black Beach.
À plusieurs reprises pendant la détention provisoire de Joaquín Elo Ayeto, ses avocats se sont rendus à la prison pour le voir et se sont vu refuser l’accès à l’établissement. Ses proches n’ont pas non plus pu lui rendre visite régulièrement. En août 2019, la santé de Joaquín Elo Ayeto a suscité de vives inquiétudes, car il avait de violentes crises de diarrhée et beaucoup de fièvre.
Le 21 novembre, Joaquín Elo Ayeto a été jugé par le tribunal d’instruction n° 2 de Malabo. Les avocats de la défense ont qualifié la séance de spectacle embarrassant, le ministère public n’ayant pu présenter aucun élément tendant à prouver que Joaquín Elo Ayeto était coupable des faits qui lui étaient reprochés.
Depuis que le procès a eu lieu, les avocats se sont rendus au tribunal presque quotidiennement pour savoir quand le jugement serait rendu. La seule réponse qu’ils ont obtenue est que les autorités judiciaires étaient actuellement en congé et qu’aucune décision n’était attendue avant la reprise de l’année judiciaire. Il est prévu que les activités judiciaires reprennent en janvier 2020, mais aucune date n’a encore été confirmée. Malgré les vacances judiciaires, les tribunaux de garde continuent à fonctionner.
De plus amples informations sur la situation des défenseur.es des droits humains et des militant.es en Guinée équatoriale sont disponibles ici.