Le 18 novembre, le défenseur ouzbek des droits humains Ouktam Pardaïev a été inculpé d’escroquerie et de corruption. Il encourt 10 ans d’emprisonnement. Il est visé en raison de ses activités légitimes en faveur des droits humains.
Ouktam Pardaïev, président de l’Association des droits humains d’Ouzbékistan (OPCHU) pour la province de Djizak, dans le nord-est du pays, a été arrêté le 16 novembre au petit matin à son domicile de Djizak. Onze policiers ont perquisitionné et saisi un appareil photo, un ordinateur, une clé USB et des CD. Ils ont ensuite emmené Ouktam Pardaïev dans un centre de détention temporaire au poste de police du district de Doustlik (province de Djizak), où il se trouve toujours.
Le 18 novembre, Ouktam Pardaïev a été inculpé d’escroquerie et de corruption en vertu des articles 168 et 211 du Code pénal, respectivement. S’il est déclaré coupable, il risque jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Selon des défenseurs ouzbeks des droits humains, neuf personnes ont témoigné contre lui. Elles ont déclaré qu’il leur avait soutiré de l’argent en leur promettant notamment de leur trouver un emploi et de leur acheter un terrain. L’avocat d’Ouktam Pardaïev n’a pu voir son client que le 20 novembre, soit quatre jours après son arrestation. De plus, l’inculpation avait déjà été prononcée.
Amnesty International estime que l’arrestation d’Ouktam Pardaïev relève d’une pratique établie de longue date par les autorités ouzbèkes, qui consiste à harceler les militants de la société civile et les défenseurs des droits humains. L’organisation considère que la détention de cet homme est motivée par des considérations politiques et vise à faire obstacle à ses activités légitimes en faveur des droits humains. Ouktam Pardaïev fait partie des rares défenseurs des droits humains qui restent en Ouzbékistan et continuent d’y travailler. Il mène des investigations et écrit des articles pour des médias internationaux qui traitent de questions relatives aux droits humains et il a activement travaillé avec d’autres défenseurs des droits humains en Ouzbékistan et à l’étranger. Il a dénoncé les conditions de travail dans les champs de coton. En janvier 2015, il a demandé un visa de sortie, que les autorités ne lui ont pas accordé. Par ailleurs, en début d’année, il a signalé que ses amis et des membres de son organisation, ainsi que des personnes qui avaient simplement sollicité son aide, avaient été convoqués pour interrogatoire par les services de la sécurité nationale et la police. Selon lui, certains ont été battus.