Khaled al Omair et Mohammed al Otaibi, qui est lui aussi un défenseur des droits humains et un prisonnier d’opinion, ont été arrêtés le 1er janvier 2009 après avoir participé à l’organisation d’une manifestation contre la campagne militaire israélienne « Opération Plomb durci » contre la bande de Gaza. Les deux hommes ont été arrêtés avant le début de la manifestation dans la rue al Naheda, à Riyadh, d’où elle devait partir.
Les autorités saoudiennes n’ont jamais toléré aucune manifestation et les personnes qui essayent d’en organiser ou d’y participer sont souvent arrêtées et détenues au secret sans inculpation et n’ont pas la possibilité de contester la légalité de leur détention devant un tribunal. À la suite d’une manifestation contre l’offensive militaire israélienne lancée le 27 décembre 2008 dans la bande de Gaza, un porte-parole du ministère saoudien de l’Intérieur aurait annoncé de manière explicite le 30 décembre de la même année que les manifestations étaient interdites en Arabie saoudite.
En réponse aux manifestations en faveur de réformes qui devaient avoir lieu début 2011, le ministère de l’Intérieur a réaffirmé l’interdiction totale des manifestations publiques dans une annonce le 5 mars 2011. Les personnes enfreignant cette interdiction sont inculpées pour avoir « appelé à des manifestations ou y avoir participé » et pour avoir « désobéi au souverain » et risquent l’emprisonnement. Dans certains cas, les autorités ont condamné des manifestants pacifiques à des peines plus lourdes en les accusant en plus d’« incitation à la violence », d’« incitation du peuple à agir contre les autorités » et même de « recours à la violence », alors que rien ne permet de vérifier la véracité de ces accusations.
Début 2011, un groupe anonyme de militants saoudiens a créé une page Facebook appelée « Les personnes qui veulent renverser le régime ». Ce groupe demandait que les membres du Conseil consultatif soient élus et réclamait un pouvoir judiciaire indépendant, la libération de tous les prisonniers politiques, la possibilité d’exercer le droit à la liberté d’expression et de réunion et l’abolition de toutes les taxes.
Le 4 mars 2011 à Riyadh, après la prière du vendredi, un rassemblement a eu lieu en guise de répétition avant une manifestation de grande ampleur, la « Journée de colère », prévue le 11 mars. Khaled al Johani, enseignant et unique manifestant à avoir atteint le lieu de la manifestation de la « Journée de colère » prévue à Riyadh le 11 mars, a été arrêté quelques minutes après avoir donné une interview à BBC Arabic, dans laquelle il parlait du manque de libertés en Arabie saoudite. Il a été jugé devant le Tribunal pénal spécial de Riyadh en février 2012, après un an de détention, et a été inculpé de plusieurs infractions.
Selon des sources sur place, ces infractions comprenaient le fait d’avoir « soutenu des manifestations », d’avoir « été présent sur le lieu d’une manifestation » et d’avoir « communiqué avec des médias étrangers d’une manière préjudiciable à la réputation du royaume d’Arabie saoudite ». Khaled al Johani est sorti de prison le 8 août 2012. Amnesty International ne connait pas les conditions de sa libération ni son statut juridique exact.
Depuis 2012, les autorités saoudiennes prennent systématiquement pour cible les militants de la société civile et les défenseurs des droits humains et utilisent aussi bien les tribunaux que d’autres mesures administratives telles que des interdictions de voyager afin de les harceler, de les intimider et d’entraver leur travail de défense des droits humains. Début 2014, la plupart des défenseurs des droits humains influents et indépendants d’Arabie saoudite étaient en prison ou réduits au silence, ou avaient fui le pays. La majorité d’entre eux avaient déjà fait l’objet d’interdictions de voyager arbitraires, ainsi que d’actes d’intimidation et de harcèlement de la part des forces de sécurité – notamment la Direction générale des enquêtes (également appelée al Mabahith), qui dépend du ministère de l’Intérieur – avant d’être jugés et condamnés à de lourdes peines.
La répression systématique des défenseurs des droits humains et des militants s’inscrit dans le cadre d’une vaste campagne menée par le gouvernement pour réduire au silence ses détracteurs afin de les empêcher de révéler, directement ou indirectement, les violations des droits humains commises par ses représentants. Cette répression cible notamment des militants qui luttent pour les droits des femmes, des proches de victimes d’atteintes aux droits humains, des chiites saoudiens dissidents qui dénoncent la discrimination dont ils font l’objet et toutes les personnes qui communiquent avec des organisations internationales de défense des droits humains telles qu’Amnesty International.