Le défenseur des droits humains Serikjan Bilach est en résidence surveillée depuis le 10 mars. Il dirige l’organisation de défense des droits humains Atajurt, qui dénonce les violations des droits humains visant des Kazakhs en Chine. Serikjan Bilach a été inculpé en vertu de l’article 174 du Code pénal ; il semble que les autorités tentent ainsi de l’intimider et de le harceler simplement parce qu’il défend les droits humains. Il encourt une peine de sept ans d’emprisonnement au maximum. Cet homme est un prisonnier d’opinion et doit par conséquent être libéré immédiatement et sans condition.
Écrire Un défenseur des droits humains en résidence surveillée
Serikjan Bilach, un Kazakh, a déménagé du Kazakhstan en Chine au début des années 2000 ; il a la nationalité kazakhe. Il a fondé l’organisation non gouvernementale (ONG) Atajurt Eriktileri (Atajurt) en 2017 afin d’aider les familles de Kazakhs détenus dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Son organisation a fait l’objet de pressions de la part des autorités kazakhes. En février, il été condamné à une amende de 700 dollars des États-Unis pour avoir agi au nom d’une organisation non enregistrée, alors qu’il avait tenté d’enregistrer son organisation sans succès. Plus récemment, il a signalé être sous surveillance et, peu avant son arrestation en mars, il s’est installé dans un hôtel pour protéger sa famille.
Serikjan Bilach travaille en étroite collaboration avec les chercheurs d’Amnesty International pour dénoncer les violations des droits humains dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Il a contribué à un rapport d’Amnesty International publié en septembre 2018 (https://www.amnesty.org/en/documents/asa17/9113/2018/en/). Ce rapport fait état d’une surveillance intrusive, de détention arbitraire et d’endoctrinement forcé visant les Ouïghours, les Kazakhs et d’autres minorités ethniques principalement musulmanes de la région autonome ouïghoure du Xinjiang.
L’État kazakh, qui est fortement dépendant de l’aide financière et des prêts accordés par la Chine, rechigne à soulever la question des violations des droits humains contre les Kazakhs vivant dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Pourtant, c’est un problème de plus en plus saillant. En avril 2018, Sayragoul Aoutybaï a fui la Chine et demandé l’asile au Kazakhstan. Elle avait travaillé comme instructrice dans des camps de rééducation chinois et témoigné de la situation dans ces camps. Elle a été arrêtée pour avoir franchi illégalement la frontière et a passé plusieurs mois dans la crainte d’être expulsée vers la Chine, avant d’être libérée sous caution en août. Sa demande d’asile a été rejetée en octobre et son appel est en cours d’examen. En mars 2019, la Chine a remercié officiellement le Kazakhstan d’avoir soutenu le « programme de déradicalisation » dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang.
Amnesty International a signalé des violations des droits aux libertés d’expression, de réunion pacifique et d’association au Kazakhstan. L’article 274 du Code pénal, formulé de manière floue, est utilisé pour étouffer toute forme de dissidence. En 2018, après que le mouvement d’opposition Choix démocratique du Kazakhstan a été déclaré « extrémiste », des dizaines de personnes ont été interrogées et beaucoup ont été poursuivies en raison de leur soutien présumé à ce groupe sur les réseaux sociaux.
En novembre 2016, Maks Bokaïev et Talgat Ayan ont été condamnés à cinq ans d’emprisonnement en vertu, notamment, de l’article 174 du nouveau Code pénal pour leur participation à l’organisation de manifestations pacifiques et leurs messages contre les changements qu’il était proposé d’apporter au Code foncier sur les réseaux sociaux. Talgat Ayan a vu sa peine commuée le 12 avril 2018 et a obtenu une libération conditionnelle. En revanche, Maks Bokaïev, qui est un prisonnier d’opinion, est toujours derrière les barreaux alors que son état de santé s’aggrave.
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