Écrire Un défenseur des droits humains victime d’une disparition forcée

Les autorités saoudiennes privent le défenseur des droits humains Mohammed al Qahtani de tout contact avec sa famille, qui ignore où il se trouve depuis le 24 octobre.

Mohammed al Qahtani est cofondateur de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA), désormais dissoute, qui était l’une des rares organisations indépendantes de défense des droits humains en Arabie saoudite. Il purge une peine de 10 ans d’emprisonnement pour ses activités pacifiques en faveur des droits humains. Sa famille soupçonne les autorités de l’empêcher de les contacter parce qu’il s’est plaint d’avoir été agressé par un autre prisonnier dans sa cellule, en octobre 2022.

Les autorités doivent révéler où se trouve Mohammed al Qahtani, lui permettre de communiquer avec sa famille et le libérer immédiatement et sans condition.

En mars 2012, Mohammed al Qahtani et Abdullah al Hamid, fondateurs de l’ACPRA, créée en 2009, ont été arrêtés en raison de leur travail et de leurs activités militantes pacifiques. En mars 2013, ils ont été condamnés à 10 et 11 ans de prison respectivement. Abdullah al Hamid a eu une crise cardiaque le 9 avril 2020 et a été maintenu en détention, alors qu’il se trouvait dans le coma dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital al Shumaisi, à Riyadh. Il est décédé le 24 avril 2021.

Mohammed al Bajadi, l’un des 11 membres fondateurs de l’ACPRA, a été arrêté en mars 2011 et jugé devant le tristement célèbre Tribunal pénal spécial pour avoir participé à une manifestation pacifique devant le ministère de l’Intérieur à Riyadh. En avril 2012, il a été condamné à quatre ans de prison assortis d’une interdiction de voyager de cinq ans, sur la base de plusieurs inculpations liées à son travail pacifique en faveur des droits humains. Libéré puis arrêté à de multiples reprises, Mohammed al Bajadi a de nouveau été interpellé en mai 2018 et demeure maintenu en détention sans inculpation ni jugement.

Les membres de l’ACPRA (Association saoudienne des droits civils et politiques), aujourd’hui dissoute, sont dans le collimateur des autorités saoudiennes depuis 10 ans. L’ACPRA signalait des atteintes aux droits humains et aidait les familles de personnes détenues sans inculpation à se retourner contre le ministère de l’Intérieur devant le Tribunal des plaintes, une juridiction administrative chargée d’examiner les plaintes déposées contre l’État et ses services publics.

En novembre 2022, Amnesty International a recensé en Arabie saoudite les cas de 55 personnes poursuivies pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion, dont des défenseur·e·s des droits humains, des militant·e·s politiques pacifiques, des journalistes, des poètes et des dignitaires religieux.

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