Écrire Un défenseur des droits humains voit sa peine confirmée

Abdulhakim al Fadhli, défenseur des droits humains et membre de la communauté apatride des bidun, a vu sa peine (un an d’emprisonnement puis expulsion) confirmée par la Cour de cassation le 16 mai. Il observe une grève de la faim depuis son arrestation, le 18 avril.

Le 16 mai, la Cour de cassation du Koweït a confirmé la peine d’un an d’emprisonnement infligée au défenseur bidun des droits humains Abdulhakim al Fadhli, à l’issue de laquelle il sera expulsé. Le 29 janvier 2015, un tribunal de première instance avait déclaré cet homme coupable de troubles à l’ordre public en raison de sa participation à un rassemblement pacifique organisé le 10 décembre 2012 à Taima, à l’ouest de Koweït City. Le rassemblement en question avait été organisé à l’occasion de la Journée des droits de l’homme qui appelait le gouvernement koweïtien à étendre les droits à la nationalité aux bidun apatrides vivant au Koweït. Le tribunal n’a pas tenu compte des allégations d’Abdulhakim al Fadhli, selon lesquelles il aurait été torturé pendant son interrogatoire. Le 20 février 2016, la Cour d’appel a confirmé la peine de cet homme.

Abdulhakim al Fadhli a été arrêté le 18 avril 2016, alors qu’il participait à un rassemblement pacifique privé au domicile de Musallam al Barrak, prisonnier d’opinion et ancien parlementaire. Abdulhakim al Fadhli est détenu au bloc 4 de la prison centrale, un quartier de haute sécurité. Il observe une grève de la faim depuis son arrestation pour protester contre sa détention et sa peine. Il est examiné par un médecin trois fois par jour et la direction de la prison l’autorise à passer régulièrement des appels téléphoniques. Cependant, ses proches ne peuvent pas demander à lui rendre visite car leurs cartes d’identité ont été confisquées par le Système central pour la régularisation des résidents illégaux, un organe gouvernemental.

Abdulhakim al-Fadhli a été arrêté à plusieurs reprises depuis le début de la manifestation des bidun en février 2011. Le 24 Février 2014, il a été arrêté et détenu à la prison centrale du Koweït pendant trois mois. Il a déclaré à Amnesty International que pendant quatre heures, immédiatement après son arrestation, il a été battu et menacé de viol. Il a été interrogé sans avocat présent et avait porté plainte auprès d’un magistrat instructeur parce qu’il avait été torturé par la police pour le forcer à signer des « aveux ».

Abdulhakim al Fadhli a été arrêté le 24 février 2014 et détenu trois mois à la prison centrale du Koweït. Il a indiqué à Amnesty International que, pendant les quatre heures qui ont suivi son arrestation, il avait été battu et menacé de viol. Il a également affirmé avoir été interrogé sans la présence d’un avocat et il a signalé à un procureur en charge de l’enquête qu’il avait été torturé par la police dans le but de le contraindre à signer des « aveux ». Il a déclaré avoir subi d’autres formes de violences physiques et verbales pendant ce laps de temps. On lui aurait notamment enveloppé la tête dans des sacs en plastique.

Plus de 100 000 personnes apatrides de la communauté bidun vivent au Koweït. Beaucoup d’entre elles sont nées dans le pays et font partie de familles qui vivent au Koweït depuis plusieurs générations. Malgré le fait que le gouvernement ait annoncé des réformes en 2015, les apatrides de la communauté bidun sont confrontés à d’importantes restrictions en termes d’accès à l’emploi, aux soins de santé, à l’éducation et à divers autres services publics dont bénéficient les citoyens koweïtiens. Lorsque des bidun ont manifesté pour revendiquer leurs droits, ils se sont souvent heurtés à la violence et la répression. Voir le document de septembre 2013 intitulé The ‘Withouts’ of Kuwait : Nationality for stateless Bidun now, http://amnesty.org/fr/library/info/MDE17/001/2013/en (en anglais).

Jusqu’en 1986, les bidun jouissaient d’un statut similaire à celui des citoyens koweïtiens. Mais depuis lors, des milliers de bidun n’ont pas pu accéder à certains services gouvernementaux car ceux-ci nécessitent d’être en possession d’une carte nationale d’identité. Or, de nombreux bidun n’ont que des papiers temporaires dont le renouvellement est laissé à l’appréciation de l’État. Des milliers d’autres bidun n’ont pas de papiers du tout et leur survie dépend souvent d’œuvres de bienfaisance.

Le processus de naturalisation, qui est administré par un organe gouvernemental (le Système central pour régularisation des résidents illégaux), est opaque et se fonde sur des critères changeants. Ce Système central évalue les dossiers et émet des recommandations au Haut Comité de la nationalité, autre organe gouvernemental, qui décide d’accorder ou non la nationalité.

En raison des discriminations dont ils font l’objet, les bidun en mesure de travailler dans le secteur public acceptent des salaires plus bas et des conditions d’emploi plus défavorables que les citoyens koweïtiens. Les bidun payent souvent des frais plus élevés pour les soins médicaux essentiels car ils ne peuvent pas les obtenir auprès des structures publiques. Certains parents bidun doivent envoyer leurs enfants dans des écoles payantes car ces enfants sont généralement exclus du système scolaire public et gratuit. Il existe bien un fonds financé par l’État pour l’éducation et auquel les familles bidun peuvent accéder, mais il est insuffisant. En avril 2011, l’État a promis d’améliorer les droits des bidun, notamment en leur délivrant des actes de naissance, de mariage et de décès et en leur permettant d’avoir accès à des soins médicaux gratuits et à de meilleurs débouchés professionnels, mais n’a pas encore joint l’acte à la parole. Par conséquent, des dizaines de milliers de bidun sont toujours privés de leur droit à une nationalité tel qu’il est reconnu par le droit international relatif aux droits humains.

Inspirée par les manifestations ayant éclaté en 2011 au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la population bidun s’est engagée dans un mouvement de protestation pacifique en février de la même année pour que ses membres soient reconnus comme citoyens koweïtiens. Les autorités ont recouru à la force pour disperser ces actions et arrêter des manifestants, dont certains ont été poursuivis en justice pour avoir pris part à ce mouvement.

Le Premier ministre koweïtien a déclaré à Amnesty International le 18 octobre 2012 que le gouvernement accorderait la nationalité koweïtienne à 34 000 bidun et trouverait une solution pour les autres au cours des cinq années suivantes.

En novembre 2014, le Koweït a annoncé que des dizaines de milliers de bidun pourraient obtenir la « citoyenneté économique » de l’Union des Comores, un archipel situé au large des côtes d’Afrique de l’Est. Les bidun seraient ainsi autorisés à rester au Koweït en tant qu’étrangers (voir également www.amnesty.org/en/latest/news/2014/11/kuwait-playing-games-lives-more-bidun-residents/). Le 16 mai 2016, les autorités comoriennes se sont déclarées prêtes à accueillir des milliers de bidun en provenance du Koweït si la question était soulevée officiellement.

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